Qu’est-ce qu’un premier centre ?

J’aime beaucoup les interventions de JD Lagrande du journal Habsterix.com. Pour ceux qui comprennent bien l’anglais, bien qu’il intervienne régulièrement en français sur Twitter, je vous recommande de vous y abonner. Chez Habsterix, tout comme au Herald, la qualité prime sur la quantité… Je devais bien lui faire une passe, puisque c’est lui qui m’a inspiré le sujet de ce soir. Qu’est-ce qu’un premier centre ?

À Montréal, cette question est peut-être plus sensible que partout ailleurs dans la LNH. Après des années de vaches maigres à cette position, on peine encore à réaliser que ce problème est en voie de devenir chose du passé. Du moins, si tout se déroule bien, si Kotkaniemi, Poehling et cie se développent bien, on ne devrait plus trop avoir à s’en soucier pendant un bon bout de temps…

D’ici-là, en attendant, on se retrouve de toute façon déjà dans une bien meilleure position que par le passé. En plus des efforts acharnés de Phillip Danault, Marc Bergevin a frappé un coup de circuit – je sais, c’est plutôt con de frapper un circuit au hockey – en arrachant le convoité Max Domi aux Coyotes.

Inscrivant son nom un peu partout dans le livre d’histoire du Tricolore, le fils de l’autre a terminé sa première campagne dans l’uniforme Bleu, blanc, rouge avec une superbe récolte de 28 buts et 72 points tout en cumulant un excellent différentiel de +20.

Au-delà du fait qu’on a tous pu en profiter pour se payer la traite de Luc Lavoie, on a pu profiter d’un spectacle que nous n’avons pas forcément l’habitude de voir fréquemment. C’est que, en plus d’être bien plus talentueux que ce que certains intervenants avançaient au moment de son acquisition, la hargne de Domi a un effet bénéfique sur le reste de l’équipe. Un peu comme l’effet Gallagher, quoi ! Après tout, les Yotes n’ont pas jeté leur dévolu sur lui avec le 12e choix au total de l’encan 2013 pour rien… Disons simplement qu’il semble voué à un bien meilleur avenir qu’un certain Valeri Nichushkin, sélectionné 2 échelons plus tôt par les Stars. Mais bon, la question n’est pas là. Revenons à nos moutons pucks. 

Ainsi, à 23 ans (24 depuis le 2 mars), Domi s’est acquitté de son rôle de centre avec brio. Partageant un temps de jeu semblable à celui de Danault, avec une moyenne de 17:23 minutes par match, il passe pourtant tout juste pour une vulgaire solution de secours. Certes, probablement comme la majorité d’entre vous, je m’attends à le voir patrouiller éventuellement l’aile de Kotkaniemi. Mais, entre-temps, Domi accomplit bien plus qu’un boulot de remplaçant. Avec beaucoup plus de succès que Jonathan Drouin avant lui, l’ancien des Coyotes brille parmi les meilleurs à cette position.

Bien qu’on rechigne à le qualifier de centre numéro 1, jusqu’à preuve du contraire, c’est pourtant ce qu’il est :

Sans pouvoir prétendre que Domi aura une carrière aussi productive que la majorité des noms ci-haut, il n’en demeure pas moins qu’il n’a rien eu à leur envier au cours de la dernière saison. Bien sûr, on n’oserait jamais comparer la situation de Petterson avec celle de Domi. À sa saison recrue, en ratant 11 matchs, la jeune sensation des Canucks a trouvé le moyen de clôturer la dernière campagne avec une jolie récolte de 66 points… Pour ce qui est de Malkin, avec 14 matchs en moins, le gros centre a tout de même été en mesure de fournir 72 points. Qui plus est, on parle d’un joueur d’exception…

Non, j’ai inséré la liste en question, uniquement à des fins de barème pour bien comprendre l’impact de la production offensive de Domi. En plus d’être le premier joueur de centre à fournir 70 points avec le Canadien, ses 72 points lui ont valu la 26e position au total chez ses pairs à travers la ligue !

C’est également 2 points de plus que la production d’un certain Matt Duchene. Quant à Ryan Johansen, qu’on a souvent réclamé à Montréal – comme à peu près tous les joueurs de la ligue -, bien que très bon, il a terminé la saison avec 14 buts et 64 points en 80 matchs. Ce qui devrait, à mon avis, être sa production moyenne pour les prochaines années. Ceci, à un salaire annuel moyen de 8M par saison. Duchene devrait commander assez facilement un revenu semblable. Mais bon, encore une fois, ce n’est pas le sujet. Peu importe le salaire du joueur, il s’agissait d’établir que, pour l’instant, Max Domi mérite amplement d’être considéré comme un centre numéro 1.

Le fait qu’il ait profité de légèrement moins de temps de glace que Phillip Danault n’a pas vraiment d’impact sur la chose. Après tout, Malkin joue derrière Crosby, et Draisaitl derrière McDavid, et pourtant ils feraient tous deux office de numéro 1 à peu près partout à travers la ligue. Bon, dans le cas de Leon Draisaitl, on sait qu’il joue en fait à côté de McDavid, mais c’est purement dû à un grave manque de profondeur. Définitivement, Holland a du pain sur la planche.

Et puis, de toute façon, quand viendra le temps de placer Domi à l’aile – pour autant que ça se produise -, ça ne pourra signifier qu’une seule chose; l’équipe se sera beaucoup améliorée. D’ici-là, je m’attends à le voir continuer de glisser son nom parmi les meilleurs centre de la ligue. Exactement comme tout bon centre numéro 1 ferait. Si tout va bien, il pourrait même grimper de quelques rangs. Après tout, il ne peut que s’améliorer. Il est tout à fait raisonnable de s’attendre à le voir produire 75+ points la saison prochaine. Évidemment, il y a toujours plusieurs impondérables qui peuvent venir influencer la saison d’un joueur, mais c’est tout à fait à sa portée. En tout cas, il dispose de très bonnes chances d’apparaître à nouveau parmi les 31 meilleurs de sa profession.

Alors, est-ce que Max Domi mérite d’être considéré comme un premier centre ? Pour l’instant, oui.


Crédit image entête, Martin Chevalier/JdeM via TVASports.ca

Tom L.D. MacAingeal
 

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