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Habstérix | Rebuild, reset & retool

Les équipes de la LNH et leurs termes. Nous traversons une reconstruction complète. Non, attendez… Je pense qu’il s’agit d’un reset. Non, non, nous effectuons un retool. Pendant ce temps, les partisans débattent entre eux et par le biais des médias, argumentant sur ce que leur équipe favorite est en train de faire. Le pire, c’est que nous décrivons tous à peu près la même chose. C’est tout simplement que nous n’avons pas la même définition de ces trois expressions plus ou moins souvent utilisées. Bien qu’un rebuilt (reconstruction) soit un terme assez explicite, la ligne entre les deux autres, un reset (réinitialisation) et un retool (réoutillage) peut être assez floue et, dépendant de qui est votre interlocuteur, ils l’appelleront différemment.



Alors pourquoi ne pas essayer de démêler tout ceci ensemble un peu? À tout le moins, en lisant ceci, nous pourrons mieux comprendre la nuance entre les trois termes et, avec un peu de chance, nous serons en mesure de parler la même langue. Non, pas Anglais, Français, Russe ou en Finnois. Dans la langue universelle du… Hockey. Mais d’abord, jetons un regard sur la définition de ces trois mots, selon le dictionnaire Merriam-Webster:

DÉFINITION
REBUILD reconstruire quelque chose d’endommagé ou de détruit
RESET redémarrer, rétablir
RETOOL effectuer des changements (à quelque chose) dans l’optique de l’améliorer

Maintenant, en termes hockey… Nonobstant les blessures, la profondeur et les autres facteurs du genre, les trois signifient ultimement la même chose: faire des changements. C’est le degré ou les types de ces changements qu’on retrouve qui différencie ces trois termes. Vous constaterez que la plus grosse différence se situe dans les objectifs, les buts derrière ces changements, et où se situe l’équipe par rapport à son noyau.  En se basant sur ces points, ils choisiront des options différentes.

DÉCISION OBJECTIF ACTIONS CONSÉQUENCES
REBUILD – Repêcher pratiquement un nouveau noyau au complet – Échanger tous, ou peu s’en faut, les vétérans pour des choix/prospects – Accepter de terminer dans les bas-fonds pour 4-5 ans, voire plus
– Peu ou pas de profondeur pour des années
RESET – Demeurer compétitif
– Rajeunir
– Développement
– Conserver certains membres du noyau
– Échanger certains vétérans contre plus jeunes vétérans
– Conserver les choix et les développer
– Tenter de demeurer compétitif en signant des agents libres
– Le but est de faire les séries. Échouer signifie de meilleurs choix
– Faible profondeur, les blessures aux joueurs clés causent donc plus de dommages
RETOOL – Poursuivre l’objectif du ‘gagner maintenant’ en effectuant des changements au noyau – Échanger des vétérans contre d’autres vétérans, et des mauvais contrats contre des mauvais contrats
– Continuer d’essayer d’ajouter des joueurs autonomes
– Continuer d’échanger de l’avenir contre des vétérans, incluant à la date limite
– L’objectif n’est pas seulement de participer aux séries, mais de remporter la coupe
– Sacrifier l’avenir pour gagner maintenant
– Dispose habituellement d’un bon bassin de profondeur de joueurs NHL-ready

Les Red Wings de Détroit et les Sénateurs d’Ottawa sont actuellement en train de reconstruire, comme l’ont déjà fait les Blackhawks de Chicago et les Penguins de Pittsburgh avant qu’ils remportent leurs coupes Stanley. Il faut accepter des années de misères, sachant pleinement, avant même que la saison commence, que votre équipe ne participera non seulement pas encore une fois aux séries, mais qu’elle se battra également pour avoir le plus de chances de remporter la loterie, priant pour le premier choix au total. À la date limite, ils se positionnent invariablement comme des vendeurs. Ils sont même prêts à accepter des mauvais contrats pour atteindre le plancher salarial.

Les Canadiens de Montréal et les Rangers de New York Rangers sont, selon moi, tous deux en plein reset. Ils monnayent certains de leurs plus vieux vétérans, conservant une certaine dose de leadership et de performance et surtout, ils gardent leurs choix et les développent, tandis qu’ils signent des joueurs autonomes assez jeunes pour avoir encore quelques bonnes années devant eux. Leur but est de faire les séries, mais ils savent que ça ne sera pas sans rencontrer beaucoup de difficultés, plus particulièrement alors que leurs jeunes ne sont pas encore prêts à prendre la relève. Ils alignent souvent quelques joueurs qui sont sur le point de rebondir ou même d’offrir leur meilleure saison en carrière. À la date limite, ils peuvent autant se positionner en tant que vendeurs ou comme acheteurs, parfois même les deux, dépendant de comment la saison s’est déroulée.

Phillip Danault est devenu partie prenante du jeune groupe de leaders des Canadiens

Les Predators de Nashville se sont réoutillés, tout comme l’ont fait les Flames de Calgary, les Stars de Dallas et même les Blues de St. Louis Blues. Devant composer avec une mince marge salariale, ils échangent des choix et des jeunes contre des joueurs établis dans la LNH, essayant habituellement d’en profiter pour se débarrasser des mauvais contrats pour libérer de l’espace sous le plafond, ou parfois en retour d’autres mauvais contrats, comme Milan Lucic pour James Neal. Ils veulent gagner maintenant, quitte à sacrifier leur avenir. À la date limite, ils sont acheteurs.

Le reset de Marc Bergevin

Pour commencer, laissez-moi vous dire que, à mon avis, l’emploi de Bergevin n’est pas en danger, au moins pour une autre année, si ce n’est pas plus. Ceux qui prétendent que ses huit ans à la tête de l’équipe sont un constat d’échec ont clairement une dent contre lui ou ne connaissent tout simplement pas assez le hockey pour reconnaître ce que les équipes font ou essaient de faire. La plupart du temps, ils vous entraîneront dans des discussions creuses où ils tourneront en rond sans jamais offrir de réponse spécifique, ou ils ignoreront ce que vous essaierez d’expliquer, préférant plutôt se concentrer sur ce qu’ils vont vous répondre. Nous avons tous déjà vu ça.

Quand il est arrivé à Montréal, le DG des Canadiens n’avaient pour ainsi dire aucun espoir digne de mention. Il a hérité d’un noyau de joueurs qui regroupait Carey PriceP.K. Subban et Max Pacioretty. Quelques temps plus tard, après avoir constaté qu’il y avait quelque chose d’irréparable entre Pacioretty et Subban, Bergevin a fait son choix et mis la main sur l’un des meilleurs leaders de la LNH en Shea Weber.


Marc Bergevin et Geoff Molson sont sur la même page.

Plus tard, il a réalisé qu’il n’allait pas gagner avec ce noyau et c’est alors, durant l’été 2018, qu’il s’est assis avec le Président et propriétaire de l’équipe, Geoff Molson, pour lui expliquer son nouveau plan: faire un Reset; se rajeunir tout en tentant de demeurer compétitif. Après cette discussion, Molson a pris la décision d’endosser le plan de son DG, sachant pleinement que ça prendrait du temps et que les fans allaient inévitablement s’impatienter. C’est alors que les compteurs ont été remis à zéro. À ce jour, il s’est écoulé moins de deux ans depuis le Reset de Bergevin, donc, les amis, je crois que son poste n’est pas en danger. Huit ans d’échecs, disent-ils? Ils ne comprennent tout simplement pas, ou ils tentent de rendre les choses pires qu’elles ne le sont. Des vieux routiers comme Lou LamorielloDavid Poile ou Ken Holland ont passé au travers plusieurs plans différents, dépendant de la position et du calendrier de leurs différentes équipes.

Alors maintenant, Pacioretty est parti et il a fait place aux jeunes vétérans que sont Phillip DanaultMax DomiJonathan DrouinJoel Armia, tous acquis par voie de transaction. Suzuki, Kotkaniemi, Poehling, Caufield, Fleury, Brook, Norlinder, Ylönen, Romanov… ne sont que quelques-uns des noms qu’on retrouvent parmi les espoirs avec un haut potentiel dans l’organisation, desquels seul Suzuki commence déjà à exercer un impact dans la LNH.

Alors même qu’il rajeunissait son équipe, Bergevin a tenté de signer John Tavares, alors joueur autonome, qui ne voulait rien savoir de venir jouer à Montréal. Il a également essayé de signer Matt Duchene et Jake Gardiner l’été dernier, mais les deux ont choisi une autre destination après avoir considéré l’offre des Canadiens. Bergevin a alors mis Sebastian Aho sous contrat, grâce une offre hostile qui, comme nous le savons, a été égalisée par les Hurricanes une semaine plus tard. Donc, il est clair qu’il tente activement de garder son équipe compétitive, mais il fait face à la réalité; celle où ce n’est pas tout le monde qui veut venir jouer à Montréal, où la pression est énorme.



Notez également que Bergevin n’a pas gaspillé ses choix ou ses bons espoirs pour patcher des trous, tel qu’il a toujours déclaré qu’il ne le ferait pas. Que nous adhérions à sa stratégie ou pas, c’est volontaire de sa part. Il demeure fidèle à son plan, même alors que ce serait si facile d’en dévier afin d’apaiser les masses de fans mécontents. Mais quand ton poste est en sécurité, quand tu as une ligne ouverte avec ton Président, tu peux te permettre de respecter ton plan. Et c’est mon espoir et mes attentes, qu’avant longtemps, les Canadiens passeront au niveau suivant et commenceront à ajouter des joueurs dans l’optique de devenir un sérieux prétendant à la Coupe Stanley pour les années à venir. Go Habs Go!

Par Habsterix, The Instigator

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Crédit image entête, Habsterix.com

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