Entrevue exclusive avec Frédéric St-Denis !

Vous n’avez pas été repêché par une équipe de la LNH. Pouvez-vous nous expliquer comment avez-vous finalement obtenu un contrat avec les Bulldogs d’Hamilton ? Quel a été le cheminement ?
J’ai eu un essai avec le Wild du Minnesota suite à ma saison universitaire avec les Patriotes de l’Université de Trois-Rivières. Il s’agissait d’un mini-tournoi avec plusieurs équipes de la Ligue nationale qui se déroulait à Traverse City. Plusieurs dépisteurs s’y rendent pour voir de jeunes joueurs. Suite à ce tournoi, j’ai eu une offre du Canadien de Montréal. Il me connaissait déjà, étant donné que j’étais déjà allé au camp du Canadien l’année auparavant. À l’époque, mon agent m’avait fortement suggéré de prendre cette offre et voir où cela allait aboutir. J’ai mis de côté mes études et j’ai fait le saut.

Quand est-ce que vous avez cru que vous auriez des chances d’enfin parvenir à la LNH ?
J’y ai toujours cru, surtout après ma troisième saison chez les professionnels. Pendant cette troisième saison dans la LAH, je sentais que j’avais un grand rôle dans l’équipe. Je jouais beaucoup de minutes et je jouais avec ce sentiment de confiance et de constance tant recherché chez un athlète. Les entraîneurs avaient confiance en moi. Mon partenaire à l’époque était Mathieu Carle. Nous avions une très bonne chimie. L’année d’après, il y a eu plusieurs changements à la ligne bleue du Canadien. Je sentais que j’allais être un des premiers défenseurs rappelés cette année-là. J’y ai cru dès le début de la saison, et c’est ce qui est arrivé.

Vous avez réussi à vous rendre dans la LNH et vous y avez même joué 21 matchs dont 17 à Montréal. Quel est votre meilleur souvenir de ce passage dans la meilleure ligue de hockey au monde ?
Assurément, mon premier match au Centre Bell contre les Hurricanes de la Caroline. Jouer devant ma famille et mes amis. Avoir le sentiment d’avoir accompli quelque chose que peu ont eu la chance d’accomplir.

Durant ce passage dans la LNH, est-ce qu’il y a un ou des joueurs qui ont retenu votre attention ? Un ou des joueurs qui vous ont vraiment impressionné ?
Les frères Sedin des Canucks de Vancouver. Ils étaient toujours en mouvement. En zone défensive, ils bougeaient rapidement la rondelle. Ils savaient ou l’autre allait se placer pour être en bonne position afin d’avoir accès à une bonne chance de marquer. C’était étourdissant.

Vous avez joué plusieurs saisons dans la LAH dont plusieurs avec les Bulldogs d’Hamilton. Est-ce qu’il y a un ou plusieurs joueurs en particulier qui vous ont marqué durant toutes ces années-là ? Un joueur qui s’est démarqué des autres.
PK Subban est assurément le joueur le plus impressionnant avec qui j’ai eu la chance de jouer. Il en était à sa première année chez les pros. Il a joué toute l’année dans la LAH. Nous l’avons perdu pendant les séries éliminatoires et je crois sincèrement que nous aurions gagné les séries s’il avait été avec nous pour les rondes 3 et 4. Son agilité avec la rondelle, sa vitesse, sa puissance. Il avait une confiance en lui impressionnante pour son âge. (21 ans)

Vous avez joué votre hockey junior à Drummondville avec les Voltigeurs. Pouvez-vous nous parler de votre expérience à Drummondville ? Comment étaient les partisans ? Comment était l’esprit d’équipe…
J’ai bien aimé mon passage à Drummondville. Je m’y suis établi avec ma copine et mon garçon de 6 ans. Je suis content d’avoir pu participer au changement de culture de cette organisation. À mes débuts, il n’y avait pas beaucoup d’intérêt pour les Voltigeurs de Drummondville. Nous avions des assistances très faibles. Les journalistes disaient que l’équipe allait déménager à Fredericton, au Nouveau-Brunswick. À mon année 18 ans, il y a eu de gros changements dans l’organisation : nouveau C.A, nouveau DG et un nouvel entraîneur. On ajoutait des joueurs d’impacts comme Derick Brassard et Guillaume Latendresse. Les partisans ont commencé à venir à l’aréna et l’ambiance était très bonne lors des matchs. Depuis ce temps, les Voltigeurs sont une organisation respectée à travers la ligue.

Durant ces années juniors, est-ce qu’il y a un ou des joueurs, avec qui vous avez joué, dont vous vous êtes dit : « Ce gars-là va jouer dans la LNH un jour. » ?
Dans l’équipe, les deux noms étaient Derick Brassard et Guillaume Latendresse. Aucun doute pour moi que ces deux-là allaient avoir de belles années dans la LNH. Ailleurs dans la ligue, j’ai joué contre un certain Sidney Crosby. On se doutait bien que ce joueur allait faire sa marque dans la LNH.

Vous avez eu la chance d’évoluer pour le Red Bull de Munich et même gagné le championnat de la Deutsche Eishockey Liga (DEL). Il y avait même un autre joueur québécois avec vous. Comment a été l’expérience en sol européen ?
J’ai adoré mon passage dans la ligue allemande. J’ai adoré la ville de Munich, une des plus belles villes au monde. C’était le bon « timing » pour partir en Europe avec la famille. À tous les matchs, les partisans chantent et encouragent l’équipe, comme au football européen. C’est un vrai party. Aussi, nous jouions moins de parties que dans la LAH ou la LNH. Cela me permettait d’être plus présent pour la famille.

Vous avez joué quelques matchs, ici et là, dans la LNAH. Pouvez-vous nous parler de votre expérience dans cette ligue semi-pro ?
J’ai aimé mon passage dans la LNAH. J’ai été très bien traité. La ligue est très relevée. Elle allie vitesse et robustesse. C’est ce qui fait que c’est une ligue très exigeante au niveau physique. Je ne ferme pas la porte à un retour un jour, mais présentement je consacre mes énergies à terminer mes études.

Vous nous avez parlé d’études. En quoi étudiez-vous et quels sont vos futurs plans avec ce diplôme en poche ?
Enseignement de l’éducation physique à l’Université de Trois-Rivières. Il me reste 6 cours et mon stage au secondaire, donc une année complète. Je veux m’impliquer auprès des jeunes hockeyeurs à Drummondville (Hockey mineur, école de hockey, etc.) Je vais être assistant-entraîneur au niveau collégial féminin dès l’an prochain.

Que pensez-vous de la possibilité d’avoir une équipe à St-Jean-Sur-Richelieu ?
Je crois que ce serait une belle option pour la ville. Comme j’ai dit auparavant, la ligue est très relevée. La plupart des joueurs ont joué dans la LHJMQ et ils ont joué quelques années chez les professionnels. Les équipes semblent très bien dirigées. Les partisans semblent acheter de plus en plus le nouveau produit offert. Je crois sincèrement que cela serait positif.

Si vous pouviez refaire votre parcours, est-ce que vous choisiriez les études avant le hockey ?
Non, je ne regrette pas du tout mon choix. Je ne crois pas que j’aurais eu le même parcours si j’avais décidé de rester avec les Patriotes de l’UQTR. Ce que je réalise, par contre, c’est que c’est difficile de retourner aux études après avoir vécu des émotions intenses au niveau professionnel. Quand tu arrêtes, tu te retrouves soudainement dans la vraie vie sans diplôme. Tu ne fais plus un salaire décent, tu dois te trouver une nouvelle identité. Pas toujours évident !


Dans toute votre carrière, quel joueur a été le plus dur à contrer à un contre un ?
Un joueur qui a eu une grande carrière dans la Ligue américaine et qui a joué une centaine de rencontres dans la LNH, Keith Aucoin. Ce n’était pas le plus gros physiquement et le plus rapide sur patin. Il semblait toujours savoir à quel moment il devait changer de direction pour me battre à 1 vs 1. Il était très intelligent. J’ai eu la chance de jouer avec lui avec le Red Bull de Munich.

Quel entraîneur ou quels entraîneurs ont été bons pour vous ?
Au niveau junior, j’ai eu Dominic Ricard. Il savait comment s’y prendre avec moi. Il n’y avait pas de zone grise. C’était noir ou blanc avec lui. Ce n’est pas tous les joueurs qui aiment nécessairement cette façon de « coacher », mais moi cela m’aidait beaucoup. Aussi, il était un très bon pédagogue. Aussi, j’ai eu Guy Boucher au niveau junior et dans la ligue américaine. Il était très passionné. Il savait comment soutirer le maximum d’un joueur.

À quelle saison, en tant que professionnel, as-tu remarqué une plus grosse progression dans ton jeu ?
Ma troisième saison chez les professionnels, je dirais. Je sentais que j’avais la confiance de mes entraîneurs (Randy Conneyworth et Randy Ladouceur). Je sentais que je pouvais jouer un grand rôle dans l’équipe et suivre le calibre relevé de la LAH. J’étais confiant, tant offensivement que défensivement. J’avais amélioré mon coup de patin et mes prises de décision avec la rondelle étaient plus rapides.

Une question de Dany Roy: Vous avez eu un seul combat en carrière à votre dernière saison à Drummondville. Contre quel joueur et pourquoi ?
Je ne me souviens plus c’était contre qui, pour être honnête. Je me souviens que les 10 joueurs sur la glace se battaient. Alors, je n’ai pas eu le choix ! Si je me souviens bien, je crois que j’ai perdu ce combat.

Vous avez été un joueur de baseball quand vous étiez jeune. À partir de quand, vous êtes-vous concentré sur le hockey ?
J’ai arrêté à l’âge de 16 ans. C’était lors de mon premier camp d’entraînement dans la LHJMQ. Les séries éliminatoires de baseball au niveau Midget AAA se déroulaient pendant le camp d’entraînement des Voltigeurs de Drummondville. Je me souviens d’être allé voir mon entraîneur, Francis Breault à l’époque, pour lui demander si je pouvais manquer 2-3 jours de camp d’entraînement pour pouvoir jouer les séries au baseball. Sa réponse a été assez directe. À partir de ce moment, j’ai su que le baseball était terminé pour moi.

Merci beaucoup monsieur St-Denis ! Bon succès dans tout ce que vous entreprendrez.


En Prolongation 
Si vous l’avez manqué, voici une autre très intéressante entrevue menée par Marc-André Breault :

Entrevue exclusive avec Éric Gélinas




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Crédit image entête, courtoisie (Fred St-Denis)


Marc-André Breault
 

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