Ovechkin, un spécimen exceptionnel

Je me souviens encore de quand Ovechkin et Crosby ont fait leur entrée par la grande porte dans la plus prestigieuse ligue de hockey au monde, la LNH. On parlait d’une rivalité entre deux prodiges à l’image de celle qui a opposé Alexandre Daigle et Alexei Yashin ou bien celle qui a opposé Christobal Huet et David Aebischer

En parlant de ces deux cerbères européens : savez-vous pourquoi Christobal Huet magasine ses complets sur Blackmarket ? Parce qu’il n’aime pas les habits chers… Les Aebischer

D’accord, faisons comme l’avocat et poursuivons : celle qui oppose deux autres prodiges de leur encan respectif, McDavid et Eichel.

Ouin, finalement, il y a des dilemmes plus faciles que d’autres dans cette liste…



Peut-être est-ce parce que, au moment de leur avènement sous le feu des projecteurs, j’étais trop occupé à m’intéresser à ma personne et aux demoiselles, mais je n’ai pas souvenir d’avoir entendu parler à outrance de l’émergence du « Gr8« . Pour ceux qui s’expriment aussi bien que moi en anglais, ça se prononce « Great« , pas comme une grue inuite… Une gruite

(Bruits de criquets ne parvenant pas à dissimuler le malaise)

Du côté de Crosby, fort probablement parce qu’il a joué son hockey junior au Québec, je me souviens que tout ses faits et gestes, jusqu’à la publicité de Tim Hortons où il lançait dans un français approximatif : » Encore une coup’ de minutes !« 

Ou de son apparition dans une publicité de Sports Experts où une cliente lui demandait s’il était bon, Sidney Crosby, et ce dernier répondait :« Pas pire ».

 Juste en guise de parenthèse, je tiens à clarifier que c’est tout sauf un reproche. « Sid » a toujours démontré beaucoup de classe envers les amateurs québécois et francophones de surcroît.

Toujours est-il que, peu importe ce qui retenait mon attention, au début des années 2000…

Ou peut-être était-ce le début de la série « Rapides et Dangereux » où je me disais :« Oh, qu’il y a du matériel à faire 12 films avec ça !« 



C’est en 2004, pour le « Tsar » et en 2005 pour « The Kid » (Non, pas Gary Carter) qu’eut lieu le repêchage de la Ligue nationale qui leur permit d’entrer dans nos télévisions et dans nos souvenirs par la grande porte. Je ne sais pas pourquoi, mais probablement parce que, comme je l’ai mentionné plus tôt, j’étais plus au fait de l’ascension de la future vedette canadienne, j’étais beaucoup plus dans le camp « Crosby », dans la mesure où, comme à « La Fureur », on se doit de choisir un camp. En même temps, entre ces deux futurs membres du Temple de la renommée, il n’y a pas vraiment de mauvais choix. Ce n’est pas comme si je vous demandais de choisir entre Gretzky et Mike Keane. Keane est un très gentilhomme, mais il ne serait pas mon premier choix en tirs de barrage.

Donc, à l’image de, dans la saga Harry Potter, quand un chapeau magique décide d’à quelle équipe vous appartenez, tout simplement, j’avais choisi de faire partie du fan-club du jeune capitaine des Penguins. En même temps, ce n’est pas parce qu’on « choisit » l’un des deux camps qu’on ne voit pas ce qui se passe de l’autre côté de la clôture, plus encore : ça veut encore moins dire qu’on refuse de reconnaître quelconque valeur à l’autre joueur de l’équation. Absolument pas. C’est juste que si on m’avait dit : » Choisis entre Ovechkin et Crosby, sinon tu ne pourras entendre qu' »All I want for Christmas is you » jusqu’à la fin de tes jours! » J’aurais naturellement choisi celui qui a décidé de venir jouer au hockey au Québec.

Étant un amateur des émissions sportives, de « 110 % » à « Sports 30 » en passant par « l’Antichambre » et « Dave Morissette en direct », je suis vite devenu un habitué des prouesses des deux gladiateurs de la glace.

En guise d’exemple, je n’oublierai jamais de quand Ovi a marqué un but, en tombant et, pendant ce temps, il est parvenu à passer la rondelle derrière son dos. Encore aujourd’hui, j’ai du mal à l’expliquer. Sinon, on ne peut parler de Crosby sans parler de son but à la « Michigan Style », c’est-à-dire tout en restant derrière le but, en allant porter la rondelle dans le haut du filet. Et que dire du but qui donna la médaille d’or au Canada, aux Jeux olympiques de 2010… Au Canada ?

Avec du recul, s’il y a une chose pour laquelle je dois rendre hommage au joueur russe, hormis pour son talent légendaire et pour ses statistiques affolantes, c’est cette façon qu’il a d’être absolument et uniquement lui, juste lui, que ça vous plaise ou pas. Lui, ses émotions, il les vit toutes sans la moindre pudeur, sans la moindre retenue. Honnêtement, ça me fait du bien de voir ça.

Chaque jour, voire plusieurs fois par jour, nous sommes bombardés ad nauseam d’entrevues, d’échos de vestiaires, de conférences de presse, de micros braqués sur des sportifs et des entraîneurs. Au final, si on écoutait toutes les séquences vidéos de ce genre, qu’est-ce qui en ressortirait ? « Ah, on a très bien joué, mais on n’a pas gagné », « Ah, il y a beaucoup de positif à retenir de cette défaite », « tout va bien, dans notre équipe, et il n’y a absolument aucune tension…« 

On cherche le mensonge et on vote !



Farces à part, hormis Kucherov qui s’est présenté torse-nu visiblement éméché pour se moquer des partisans montréalais, c’est relativement très politiquement correct. On ne veut pas entacher aucune image, ni de susciter aucune controverse ou ne déplaire à aucun commanditaire. La personnalité des joueurs est donc en quelque sorte cachée sous un masque politiquement correct.

Ovi, lui, il a pris le pari de rester lui-même, et il arrive à le faire sans ne dénigrer personnes. Il n’a pas fait comme Brandon Prust qui a traité l’ancien entraîneur des Sénateurs d’Ottawa, Paul MacLean de phoque aux yeux globuleux. Vous ne comprenez pas mon point de vue ? Laissez-moi vous l’illustrer à l’aide d’exemples…

Vous souvenez-vous, en 2009, quand, dans le cadre du centenaire des Canadiens de Montréal, le match des étoiles avait lieu à Montréal ? Vous rappelez-vous de la compétition des tirs de barrage où Ovechkin, avant de s’exécuter, avait été revêtir lunettes de soleil, chapeau loufoque et deux mini-bâtons pour effectuer son lancer ? Honnêtement, la ligue a besoin, j’ai personnellement besoin, de joueurs qui nous rappellent à quel point le hockey peut être amusant et divertissant. Oui, c’est leur emploi. Oui, c’est leur gagne-pain, mais, à la base, c’est un jeu.

Même si, dans le feu de l’action, il est très intimidant, un peu comme si on relâchait un fauve affamé de sa cage, un prédateur qui n’a qu’un seul but en tête : marquer un but. J’aime le voir, quand il est heureux, quand il est fier. Pour le plaisir, regardez les photos de quand il regarde, avec son coéquipier, Tom Wilson, le « A » duquel son maillot vient de se voir affubler. Allez rechercher la photo du retour au jeu de T.J. Oshie. Dans les deux cas, il semble tellement fier et sincèrement heureux. Ces moments sont parmi les rares, dans leur vie, dans ma vie, qui dépasse largement le spectre du hockey. Sur ces photos, j’y vois des hommes, des amis, des frères d’armes.



Si on s’attarde maintenant à des émotions plus négatives, ou qu’on ne verra pas dans une publicité de tampons hygiéniques, vous souvenez-vous de quand Ilya Samsonov avait accordé un mauvais but en prolongation et son capitaine l’avait allègrement enguirlandé en russe. Si le capitaine célèbre chaque but comme si c’était son premier, il est tout aussi intense lorsqu’il se met en rogne. C’est ça, Ovechkin. Avec lui, c’est « toute ou pantoute »… Mais il y a fort à parier sur la première option…

Sinon, dans le même créneau, vous souvenez-vous de quand la Ligue a défendu à ses joueurs de participer aux Jeux olympiques ? Le « Tsar », fidèle à lui-même, avait ouvertement annoncé qu’il participerait aux Jeux olympiques de 2018, en Corée du Sud, quitte à s’exiler du circuit Bettman, avant de faire volte-face non sans exprimer son amertume face à la situation, en disant :« C’est toujours mon rêve de remporter une médaille d’or olympique pour mon pays. J’espère que les choses changeront, et que nous pourrons y participer, en 2022.« 

Dans un autre spectre d’émotion, vous souvenez-vous, en 2018, lorsqu’il a remporté (enfin !) SA Coupe Stanley, celle qui lui manquait cruellement, car hormis Marcel Dionne, avec ses 1771 points en 1349 matchs sans ne jamais gagner la Coupe, la conquête du saint-graal du hockey est probablement le plus grand dénominateur commun des légendes de ce sport. Au fond, c’est le but ultime, dans cette ligue. Ça peut paraître anodin, mais au cours de la période où il a enfin pu inscrire son nom sur le précieux trophée, je me souviens d’avoir lu une publication qui disait « Le but, c’est de trouver quelqu’un qui vous aime autant qu’Alexander Ovechkin aime la Coupe Stanley. » C’est tellement ça. Vous rappelez-vous des photos qui ont suivi sa conquête ? Cette Coupe venait de changer sa vie, et il le savait.

Pour la première fois, depuis la retraite de Wayne Gretzky, en 1999, je crois, plusieurs personnes croient, que c’est possible que quelqu’un fracasse le record pour le nombre de buts marqués (894) par un seul joueur. C’est évidemment « La Merveille » qui détient ce record qui, jusqu’à tout récemment, paraissait tout bonnement inaccessible. C’était avant de connaître Ovechkin, le grand numéro huit, celui qui plus il avance en âge, meilleur il devient. Imaginez : le record semble accessible, et le joueur russe a dû traverser : le lock-out qui a mené à l’annulation complète de la saison 2004-2005 (ce qui a permis qu’il commence sa carrière en même temps que Crosby), le lock-out de 2012 qui a réduit la saison à 48 rencontres, en 2020, la saison a été écourtée en raison de la crise sanitaire, l’année suivante, la saison comportait 53 matchs… Malgré tout, il continue de marquer à un rythme endiablé.



Malgré tout ce qu’il a accompli… Et ce qu’il lui reste à accomplir, il a eu la classe de souhaiter la bienvenue au Québécois, Hendrix Lapierre, lorsque ce dernier a été repêché par Washington. Il n’était pas obligé de le faire. Il aurait très bien pu profiter de son été. Non. Il a à cœur ses coéquipiers et les hommes qui se cachent derrière leur plastron.

Peut-être est-ce le père fleur bleue en moi qui n’est pas normal, mais l’avez-vous vu jouer avec son fils, tous deux séparés par une baie vitrée ? Encore ici, malgré tout ce qu’il représente, dans le monde du hockey, en Russie et en Amérique, là, rien de ça ne tenait. C’était le papa qu’on voyait, personne d’autre. Alors qu’une concession entière repose sur tes épaules robustes, il doit être salutaire de penser, pendant quelques secondes, à autre chose.

En somme, Ovechkin me fait du bien, car il refuse d’entrer dans quelconque moule. Il n’est rien d’autre que lui, sur la glace et à l’extérieur de cette dernière. Savez-vous quoi ? Il excelle quand même. Pourquoi ? Peut-être est-ce à cause de son talent ? À cause de son physique impressionnant ? Parce qu’il travaille comme un cheval, à l’année ? Parce qu’un jour, quelqu’un lui a dit qu’il n’y arriverait pas ?

En tout cas, si, depuis 2005, des tonnes de défenseurs ont eu l’air de véritables cônes oranges, comme le résume Luc Gélinas, avec le titre de son roman…

C’est la faute à Ovechkin

Pour vous abonner au Herald, suivez ces liens : Facebook , Instagram et Twitter. Si vous avez aimé cet article, n’hésitez pas à le partager !




En Prolongation

Le CH, un club qui tourne en rond?




Tirage !
Pour avoir une chance de remporter un superbe chandail autographié de Ryan Poehling, consultez le lien ci-dessous :


Crédit image entête, Bruce Bennett/Getty Images (Via CNN)



Sources:

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Aleksandr_Ovetchkine

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Marcel_Dionne

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Sidney_Crosby

https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/wayne-gretzky

https://www.prostockhockey.com/hockey-resources/miscellaneous/nhl-strike-and-lockout-history/

https://www.lapresse.ca/sports/hockey/201709/15/01-5133651-alexander-ovechkin-renonce-a-contrecoeur-aux-jeux-olympiques.php

https://www.facebook.com/oviegreat8

https://editionshurtubise.com/livre/c-est-la-faute-a-tome-1/





David Leboeuf
 

%d blogueurs aiment cette page :