O.K. Boomers… Je vous lève mon verre !

Il me semble que c’était la semaine dernière, à l’émission « L’heure du lunch » sur les ondes de Rouge FM, que l’animatrice Marie-Lyne Joncas traitait des GIF. Les très courtes séquences vidéos généralement assorties d’un court message, voire un seul mot, pour exprimer une réponse ou une émotion quelle qu’elle soit, insérés soit dans un message privé ou sur une quelconque plateforme, qui étaient maintenant, semblerait-il, l’apanage des boomers, donc de facto, rendu vieux jeu. Dès cet instant, comme ça m’arrive trop souvent, j’ai arrêté de suivre la discussion entre elle et son co-animateur, Benoît Gagnon, pour me demander : pourquoi tant de mépris envers ceux qu’on qualifie péjorativement de boomers ?



Oui oui, comme le soulevait justement l’humoriste André Sauvé en parlant de son cerveau : « Mon cerveau est comme un réchaud à assiettes, au buffet chinois; quand j’en sors une… « Cashlouk », une autre prend la place et ainsi de suite jusqu’à l’infini. »

Juste pour que nous parlions du même phénomène, ou comme on dit dans le jargon « appelons un chat un chat », qu’est-ce qu’un baby boomer ? On parle d’un baby boom, lorsqu’une augmentation exponentielle des naissances est augmentée. Depuis 1921, la plus forte hausse des naissances (15%) est observée en 1945-1946, suite à la deuxième guerre mondiale. Cette période correspond au début du baby boom. Bien que le nombre de naissances diminue graduellement jusqu’en 1961, la plus forte baisse relative (-8%) s’est produite en 1964-1965. Cette année correspond à la fin du baby boom. Tous les enfants nés au cours de cette période sont donc qualifiés de baby boomers.



Je ne sais pas d’où vient le côté négatif, voire mesquin supputé à cette étiquette, mais le terme est rarement employé avec une connotation positive. C’est un peu comme le terme « mononc ». Qui diable était cet oncle qui a donné une infâme réputation à ce titre duquel je suis si fier ? À quel moment, quand on a commencé à entendre « joke de mononc », on a su que ce serait de goût douteux ?

Toujours est-il que, pendant que je travaillais, présent de corps par défaut, j’en suis venu à la conclusion que ce n’est qu’une autre conséquence d’un mal symptomatique d’un Québec malade, pas mort, mais qui a connu des jours meilleurs. Cette étiquette, une parmi tant d’autres, un peu comme dans une allée « su Sears », ne fait que démontrer à quel point nous sommes enclins à nous chanter des bêtises, à nous haïr, souvent sans raisons l’espace d’une minute, soit le temps requis pour insulter quelqu’un. Là, j’ai l’air de jouer au professeur de pastorale ou au gourou moralisateur, mais au risque de me répéter, je ne fais que me prévaloir de mon immense chance que j’ai d’écrire à propos de n’importe quoi….tant que ça touche au hockey.

Honnêtement, ça me chagrine de voir autant de haine gratuite. Je veux bien croire que le reste coûte cher, mais quand même. Tel que relevé par votre journal hockey préféré… Le Hockey Herald… Des internautes ont recommencé à insulter Jonathan Drouin suite à l’annonce de sa dernière blessure. Non, mais sérieusement… Ce gars-là a eu l’audace, que dis-je, le front de boeuf tout le tour de la tête d’exprimer une nouvelle en sachant bien que ça pourrait lui coûter sa carrière et peut-être plus….et il a conservé sa position, même lorsque son équipe, contre toute attente, s’est rendue en finale de la Coupe Stanley. Malgré tout, tout de suite après son retour, les gens n’ont rien compris et ont recommencé (dans la mesure où ils avaient arrêté…) à l’insulter. Ces gens doivent être les mêmes qui commencent une phrase par « moi, je ne suis pas raciste, mais… » Oui. Si tu dois commencer une phrase ainsi… Oui, même si tu commences ta phrase en invoquant le contraire. Il en va de même pour ceux qui s’exemptent de tout tort avant de clamer les pires calomnies. Que ce soit Jonathan Drouin, comme les boomers, personne n’échappe à la méchanceté qui est aussi répandue que les Dodge Caravan noires. Avez-vous essayé de trouver la vôtre un dimanche après-midi dans la cour de l’épicerie ? Voilà !



C’est donc sans aucune prétention; je sais trop bien que je ne changerai pas le monde aujourd’hui, que je tiens à lever mon verre à une génération sans laquelle bien de nous, moi le premier, ne serions pas ici en ce moment. Peut-être que certains d’entre vous êtes nés entre 1945 et 1965, si tel est le cas, je vous salue. J’ose espérer que mon lectorat est aussi varié que la série de masques que Carey Price a utilisés. C’est alors ainsi, mesdames et messieurs, jeunes et…un peu moins jeunes, que s’amorce mon hommage à un groupe d’âge qui en a mangé de la garnotte de bien des façons, mais souvent à travers un écran. Je ne saurais expliquer ce phénomène. À ce propos, je ne peux m’empêcher de penser à… Il me semble que c’était l’humoriste Guillaume Wagner… Que nous entendons beaucoup moins depuis quelques années, mais il avait écrit, il y a une dizaine d’années, quelque chose que je trouvais à la fois drôle et criant de vérité : « Des menaces de mort et des insultes en personne, j’en ai reçu deux ou trois, mais par Internet, je ne les compte même plus. Il faut croire que l’ordinateur est quelque chose qui hydrate et fait grossir les couilles qui se dessèchent et rapetissent dès qu’on s’en éloigne… » Force est d’admettre que la situation ne s’est guère améliorée depuis.

Il y a quelques mois, je vous parlais d’un phénomène qui me fascinait, soit celui des collectionneurs. Ce qui est ironique de cet article est que, lors de l’écriture de celui-ci, j’ignorais que j’en deviendrais un peu de temps après. Toujours est-il que, encore grâce à mon ami Philippe, le même grâce à qui j’ai tenté ma chance ici et grâce à qui je vous écris ces mots, j’ai commencé à m’intéresser sérieusement à ce phénomène. J’ai alors acheté une pièce de collection… Puis une autre… Et vous pouvez deviner la suite de la dispendieuse histoire. Étant un être passionné, je recherchais des pièces des joueurs, du matin au soir, même la nuit. À force de lire, de chercher, de creuser, je me suis découvert une véritable passion pour le hockey des années 1970… Soit celui joué par des jeunes hommes nés au début des années 1950.

Les collectionneurs de magie

Quand on pense au hockey des années 1970, on pense à quoi ? Peut-être est-ce en raison de mon parti pris favorisant le Tricolore, mais je ne peux m’empêcher de penser aux Canadiens de cette décennie. Ça peut être ardu à concevoir, surtout alors que la Sainte-flanelle croupit présentement au 32e échelon au classement, mais au cours d’une seule décennie, la troupe montréalaise remporta six Coupes, dont quatre consécutives entre 1976 et 1979… Avant que les Islanders ne remportent les quatre suivantes entre 1980 et 1983. Pouvez-vous imaginer deux concessions qui se partagent huit championnats consécutifs ? Comme le soulèvera l’entraîneur du CH, au cours de cette glorieuse période, le légendaire Scotty Bowman : « Nous avions huit ou neuf joueurs qui sont devenus membres du Temple de la renommée. Devant les buts et à la défense (…) Nous avions aussi le meilleur gardien (Ken Dryden). »

Lorsque je pense aux années 1970, je ne peux évidemment passer sous le silence deux des plus grandes compétitions de l’histoire du hockey, soit la Série du Siècle de 1972 et la Coupe Canada de 1976. De ces confrontations, outre le triomphe du Canada dans les deux éditions, je ne peux passer sous le silence également l’emblématique uniforme bicolore. J’en parle et je revois les attaquants qui semblant voler, les cheveux au vent, débordant la défensive. C’est d’ailleurs de cette façon que Darryl Sittler marqua le but décisif en prolongation en 1976. Je revois un hockey où s’entremêlent et s’entrechoquent: finesse, robustesse, vitesse, acrobaties des gardiens, jeux stratégiques et montées à l’emporte-pièce ainsi que quelques coups vicieux. Dans ce département, je ne peux m’empêcher de passer sous le silence celui de Bobby Clarke, en 1972, alors que le Canada est acculé au pied du mur et que, contre toute attente, pourrait devoir concéder la victoire à l’U.R.S.S. qui était « venue pour apprendre ». Fracture la cheville de Valery Kharlamov, le prodigieux attaquant soviétique, suite à un violent coup de bâton. Sinon, je ne peux m’empêcher de penser à quand l’arbitre, au cours de la rencontre ultime, a décerné une pénalité à Phil Esposito, et ce dernier pourchassait l’arbitre pour s’en prendre à lui ou qui, une fois au cachot, faisait signe à un adversaire qu’il allait se battre avec lui en mimant de donner des coups de poing. Il est même allé jusqu’à faire le mouvement de couper la tête en le pointant du doigt.



Sur une note plus positive, dans la mesure où je peux juger ce qui l’est puisque depuis déjà quelques années les matchs annulés ou du moins reportés sont monnaie courante, j’ai décidé d’acheter les coffrets DVD de ces séries. Pendant que je me disais qu’on était bien loin du 4K, j’ai découvert un joueur que je connaissais relativement peu, Gilbert Perreault. Lors de mon écoute de ces matchs mythiques, j’y ai découvert un joueur électrisant qui semblait voler sur la glace et, contre qui, les défenseurs ressemblaient souvent à des cônes oranges. Malheureusement un peu à l’image des autres Québécois qui se sont illustrés ailleurs qu’à Montréal, le commun des mortels ne les connait pas à leur juste valeur. À Perreault, je pourrais facilement rajouter : ses coéquipiers de la French Connection, René Robert et Richard Martin, trio entièrement francophone qui, pour les Sabres de Buffalo, terrorisait les adversaires, au cours des années 1970. Je pourrais nommer Jean Ratelle et Rodrigue Gilbert qui ont évolué à New-York. Je pourrais inclure à cette liste Pierre Pilote, ancien capitaine des Blackhawks de Chicago. Je m’en voudrais de ne pas nommer Denis Potvin, ancienne gloire des Islanders de New-York. Comment oublier Bernard Parent, le célèbre cerbère des Flyers de Philadelphie ? Je pourrais en nommer toute la nuit, des joueurs de chez nous, mais qui sont beaucoup moins connus ici parce qu’ils ont évolué à l’extérieur du Québec.

En même temps, je tiens à spécifier que je ne dis pas que seul le hockey des années 1970 était bon, mais, à l’inverse, je refuse de rejeter du revers de la main tout ce qui a trait à ceux qui se verront qualifier très souvent négativement de baby boomers.

À l’image d’un Mentos qu’on jette dans une bouteille de Coca Cola, je crois que, si ces rendez-vous ont marqué l’imaginaire, c’est oui en raison des alignements légendaires qui s’y sont affrontés, on dira même par la suite que l’équipe canadienne de 1976 est la meilleure équipe jamais assemblée, mais aussi parce qu’ils sont survenus au cœur d’une période d’ébullition, d’effervescence et de profonds changements qui se sont manifestés absolument partout. À cette époque, une grande proportion de la population était jeune et révolutionnaire. Une grande part des Québécois était en quête d’émancipation, d’affirmation et d’émotions. En somme, ces rendez-vous avec l’histoire devinrent l’étincelle qui alluma le Québec et le Canada. Plus près de chez nous, au Québec, les années 60 principalement ainsi que les années 70 qui n’étaient pas beaucoup plus calmes furent celles de la Révolution Tranquille. La Révolution Tranquille est celle associée à une réforme importante et une modernisation de l’État. Elle marque notamment le rattrapage du Québec par rapport à d’autres économies modernes suite à la « grande noirceur », le nom peu flatteur attribué au règne du Premier ministre de l’époque, Maurice Duplessis. Pour plusieurs, elle commença le soir de l’émeute du forum, suite à la suspension de Maurice Richard. Cette période concorde aussi avec la montée du mouvement souverainiste du Québec. En somme, c’est une période historique extrêmement importante au cours de laquelle le Québec a explosé, et ce, dans tous les domaines possibles et imaginables.



Lorsque je parle de nationalisme et de hockey, n’allez pas croire que les deux thèmes évoluaient séparément sans ne jamais se heurter. En 1976, au Maple Leaf Garden de Toronto, Claude Mouton présenta les joueurs francophones en français… À l’époque, il y en avait beaucoup. L’annonceur fut hué copieusement par les spectateurs réunis. Les francophones qui eurent vent de cette polémique se révoltèrent, et cette prise de position nationaliste en faveur de la langue française et de l’identité québécoise fit boule de neige et devint une réelle crise nationale. Comme le soulignera le journaliste Réjean Tremblay : « Cette Coupe fut particulièrement bilingue. C’était le début d’un temps nouveau, chantait Renée Claude… »

Encore une fois, et je tiens à être très clair à ce sujet: non, il n’y a pas que cette décennie qui a vu du hockey de qualité. J’ai grandi devant celui des années 1990 et j’en parlerai toujours avec un trémolo dans la voix… Et sur le clavier lorsque j’écris. Néanmoins, je lance ce vœu dans l’univers, à l’image de quand on lance un sou dans une fontaine ou quand on écrit « Amen » sous une photo illustrant une montagne de billets de banque, je me risque, car ça ne coûte rien d’essayer. Gang, si on arrêtait de se chercher des poux, à l’image des chimpanzés au zoo de Granby ? Les GIF sont associés aux boomers ? Je vais vous en publier, moi. Si vous pensez comme moi, à vos claviers et laissez votre GIF préféré sous cette publication… Ou écrivez « Amen » et la chance vous sourira….si vous commentez dans les 30 prochaines minutes…

Allez, prenez soin de vous, et prenons soin de nous.

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En Prolongation

Quand les « si » mangent les rêves…





Crédit image entête, NHL.com




Sources:

https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2011/as-sa/98-311-x/98-311-x2011003_2-fra.cfm

https://www.journaldemontreal.com/2020/05/24/la-dynastie-des-annees-1970-du-canadien-vue-par-son-artisan

http://notrehistoire.canadiens.com/coach/Scotty-Bowman

ÉPHÉMÉRIDE : Le Canada remporte la Série du siècle

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9rie_du_si%C3%A8cle_1972

https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/revolution-tranquille

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_tranquille

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Grande_Noirceur

http://notrehistoire.canadiens.com/greatest-moment/The-Richard-Riot

http://www.pantheondessports.ca/Introniser_voir.asp?CodeN=1377

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Gilbert_Perreault

The French Connection

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Robert_(hockey_sur_glace)

https://www.rds.ca/hockey/lnh/richard-martin-meurt-a-l-age-de-59-ans-1.404145

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Pierre_Pilote

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Rodrigue_Gilbert

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Jean_Ratelle

http://pantheondessports.ca/Introniser_voir.asp?CodeN=1466

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Denis_Potvin

David Leboeuf
 

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