Il était une fois | Mes souvenirs du Championnat mondial junior

À l’image du test psychologique des taches d’encre où tout un chacun y voit quelque chose de différent, lorsque je vous parle des fêtes (les vraies, là, pas la journée nationale des hot-dogs à la saucisse au tofu!), chacun y voit quelque chose de différent. Tout le monde porte en lui ou en elle une liste d’items à respecter sans lesquels ce ne sont pas réellement les fêtes. Personnellement, je dois écouter « Le sapin a des boules » et…

Le championnat mondial junior de hockey!

D’autant plus, cette année, où c’est le seul hockey que les amateurs ont à se mettre sous la dent… Pour accompagner leur hot-dog à la saucisse de tofu… Mais d’aussi loin que je me souvienne, il y a quelque chose de magique dans cette compétition qui se veut comme une fenêtre sur les virtuoses de demain. Vous souvenez-vous de l’édition de 2014 où on n’annonçait pas un duel entre les Canadiens et les Américains, mais entre McDavid et Eichel? C’est énorme, comme en-tête… Et comme pression!



Plus encore, juste en guise de preuve à l’appui, en 1978, Wayne Gretzky n’avait que 16 ans et participait déjà à la compétition, au milieu des joueurs d’âge junior… Eh bien, cette année-là, la Merveille a amassé pas moins de 17 points… en seulement six matchs … À 16 ans. Toutefois, bien malin était celui qui aurait pu prévoir que « The Great one » allait finalement totaliser 894 buts et 1963 mentions d’aide, pour un total affolant de 2857 points en 1487 matchs. Je ne sais pas pour vous, mais, quand je vois des statistiques de Gretzky, dans peu importe quel aspect du jeu, j’ai toujours l’impression que ses chiffres à lui, bien nichés tout en haut du palmarès, n’ont aucune commune mesure avec les autres, un peu comme dans les palmarès de meilleurs joueurs à un jeu vidéo spécifique. En haut du même tableau d’honneur, il y en a toujours un qui a 100 fois plus de points que les autres… Utilise-t-il un game shark? Utilise-t-il des « cheats »? Pas Gretzky, c’est juste un talent infini que la raison ne parvient pas à expliquer. Ça me rappelle une anecdote où on a interrogé Jagr sur ses impressions d’être deuxième derrière Wayne Gretzky dans une statistique quelconque et le flamboyant Tchèque avait répondu : « Oui, je suis deuxième, mais dans ma tête, Gretzky n’est pas humain. Alors, pour moi, je suis premier. »

Malheureusement, je n’étais pas encore pensé, lorsque le seul joueur de l’histoire à voir son numéro retiré par toutes les équipes de la LNH a commencé à faire écarquiller des yeux. Pour ma part, lorsque je pense à Gretzky et à Hockey Canada, le seul épisode qui me vient est lorsque, aux jeux olympiques de Nagano, en 1998, l’entraîneur canadien, Marc Crawford a oublié d’envoyer le meilleur joueur de tous les temps dans le cadre des tirs de barrage à la suite du match contre les Tchèques. Non, l’entraîneur, fraîchement vainqueur de la Coupe en 1996, avait préféré envoyer Raymond Bourque qui n’était pas parvenu à déjouer Dominik Hasek. C’est cette décision dont on parle encore qui avait sonné le glas pour le Canada. D’une certaine façon, cette fois à titre de directeur général, l’illustre athlète Canadien avait obtenu sa revanche lorsqu’il avait mené le Canada à la médaille d’or, en 2002, à Salt Lake City, soit les Jeux olympiques suivants.

En ce qui a trait spécifiquement au mondial junior, soit le sujet que j’ai choisi pour ma chronique, il y a, comme tout le monde, des éditions qui m’ont plus marqué que d’autres. Personnellement, ma course vers la médaille préférée est celle de 2007. À l’image du « Miracle sur glace » qui est survenu le 22 février 1980, lorsque les Américains ont vaincu les puissants Soviétiques, l’élément le plus intéressant de la course ne s’est pas déroulé en finale, mais en demi-finale.



Je n’oublierai jamais les tirs de barrage mettant aux prises les joueurs canadiens et leurs opposants américains, alors qu’à la suite des trois lancers habituels de chaque côté, c’était encore l’impasse. Cela donna lieu à des tirs de barrage à élimination instantanée. L’entraîneur du Canada, Craig Hartsburg, pouvait alors choisir le joueur de son choix. Dans sa tête, c’était clair : son homme de confiance était l’actuel capitaine des Blackhawks de Chicago, Jonathan Toews. L’attaquant canadien a été envoyé au front à trois reprises… Et il a marqué à chaque occasion. De l’autre côté de la glace, un nom qu’on connait bien, Carey Price, a réussi à repousser l’attaquant américain Peter Mueller, ce qui a eu pour incidence de propulser l’équipe affublé de l’unifolié en grande finale.

Je me revois encore très bien, dans la chambre de ma blonde de l’époque. Debout et en faisant les cent pas, les poings crispés sous l’angoisse, car au final, le moindre échec en tirs de barrage aurait suffi à causer la perte de l’équipe. Je me revois le coeur qui bat à tout rompre, la respiration qui prend une pause la seconde juste avant que le lancer soit décoché ou que la feinte soit tentée. Vous savez, quand je vous parle d’à quel point le hockey occupe une grande place dans ma vie: cette partie qui, mathématiquement, en est une parmi tant d’autres, a tout bouleversé mon corps jusqu’en son épicentre. À l’image de quelqu’un accro à ce que vous voudrez, je ne pouvais clairement pas juste dire « je vais écouter « Deux filles le matin » à la place. » Ce n’était même pas une question de savoir si j’allais écouter ce match historique jusqu’à la fin. Oui, peut-être que j’allais parler de ce match comme je parle de celui de 2011, 10 ans plus tard, mais l’excitation et l’euphorie hypothétiques du moment en valaient largement la peine. Après tout, le bonheur ressenti à la suite d’une victoire (autant que la douleur vive ressentie suite à la défaite) est exponentiellement proportionnelle à l’enjeu qui y est disputé. Plus l’enjeu et les risques sont grands, plus intense sera l’ivresse de la victoire… Ou celle où on noie l’amertume de la défaite.

Je l’ignore d’où prennent naissance les rivalités, mais peu importe la ligue où nous portons notre regard, il y a de ces rivalités qui sont tellement naturelles qu’on ne sait même pas d’où elles émergent. C’est comme ça. Je le répète souvent : on ne peut pas aimer passionnément les Canadiens ET les Bruins. Il y a de ces moments dans la vie où il faut faire un choix. Par exemple: « toasté » ou « steamé »? Tu ne peux pas répondre : les deux à la fois s’il-vous-plaît!



De mon côté, je ne sais pas d’où vient cette acrimonie, mais il me semble qu’une défaite aux mains des Russes (ou des Soviétiques, à l’époque) fait encore plus mal qu’une aux mains des Tchèques ou des Finlandais. Quand on repense à la Série du Siècle de 1972, il y a (presque) une cinquantaine d’années, il existait déjà une rivalité, car c’était le but de toute l’opération d’enfin pouvoir déterminer quelle était la nation supérieure au hockey. Au fil des années, on ne sait pas trop d’où vient cette hargne, mais on se dit « c’est comme ça! ». En même temps, tout le monde aspire à la même chose et c’est la première place sur le podium. Je ne crois pas que tu auras beaucoup de compétition si tu vises le dernier échelon. Le Canada étant un habitué de cette marche au-dessus des autres, c’est certain que toutes les autres nations auront la feuille d’érable dans leur mire. Qu’ils essaient; c’est le but de la compétition.

Un autre fait important du mondial junior, à mon avis, est à quel point il est symptomatique du Canada en soi. Quand l’alignement final de la formation est dévoilé, juste avant le début de la compétition, quelle est la première question qui est posée? Il y aura combien de Québécois? Cette rivalité éternelle entre les anglophones et les francophones est immuable au Canada. Cette éternelle déchirure aux deux solitudes suit le drapeau bicolore jusque sur la glace aux quatre coins du monde. Néanmoins, peu importe la proportion de Québécois, au final, les joueurs finissent toujours par faire front commun et, bien souvent, ramener le précieux trophée. À l’image des Canadiens, soit les habitants du Canada, pas seulement les habitants du Centre Bell, quand il se produit une catastrophe ou un enjeu de premier ordre, les citoyens, peu importe la langue parlée à la maison, finissent par se rallier, règlent le problème… Et recommencent à se chamailler tranquille, car les Canadiens sont ainsi fait et c’est bien correct comme ça.

Je ne me pose en exemple ou en Messie, mais il y a une philosophie que j’entretiens et véhicule depuis longtemps. Cette pensée veut que : on n’a rien à dire quand l’équipe remporte l’or. Si l’équipe rafle le titre, c’est bien mal vu de chercher à critiquer. Si le Canada échoue, on peut bien trouver des solutions qui auraient pu changer la donne dans une réalité alternative, mais est-ce que la réalité qui s’est déroulée dans cet univers parallèle change quoi que ce soit dans la vraie vie? Non… mais l’amateur québécois, autant que celui de partout ailleurs, affectionne particulièrement débattre et échanger à propos du sport (tout comme tous les autres sujets possibles et imaginables… Et inimaginables) , l’exposé de la thèse suivant un bon « salut, mon Ron » bien senti. S’il lit, lui aussi, le Hockey Herald, je tiens à le saluer et à lui offrir mes meilleurs vœux à l’occasion de la nouvelle année.

En tant qu’amateur estrien de hockey, je suis bien peiné par la coupure de Joshua Roy, le prodige du Phoenix, le joueur appartenant au Canadien de Montréal ou comme l’appelle l’animateur Marc Bryson, le « sniper beauceron », mais, à présent, force est d’admettre que l’attaque canadienne se débrouille à merveille… Et le Phoenix s’en verra assurément avantagé dans cette infortune de l’attaquant québécois.

En somme, le mondial junior de hockey est, pour moi, associé à une pléthore de moments doux. Cette compétition est, pour moi, aussi importante, au cours de la période des fêtes, que le mythique film mettant en vedette les péripéties de la famille Grisworld. Oui, il arrive que ce championnat mettant aux prises les vedettes de demain donne lieu à des vives déceptions, mais le bonheur sincère que je ressens à suivre chacune des éditions en vaut pleinement la chandelle.

Go Canada Go!

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Tirage

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Crédit image entête, NHL.com



Sources:

https://www.rds.ca/hockey/mondial-junior/trente-neuf-ans-plus-tard-ca-va-se-gagner-a-montreal-1.3717432

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Wayne_Gretzky

https://ici.radio-canada.ca/sports/special/podium-hockey-olympiques-nagano-canada-republique-tcheque-gretzky-hasek-barrage/

https://speakola.com/sports/wayne-gretzky-olympics-press-coference-2002

https://www.hockeycanada.ca/fr-ca/news/2007-nr-004-en

https://www.hockeycanada.ca/fr-ca/news/2007-gn-063-fr

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Miracle_sur_glace

ÉPHÉMÉRIDE : Le Canada remporte la Série du siècle

https://www.lapresse.ca/sports/hockey/2021-12-13/retranche-d-equipe-canada-junior/joshua-roy-decu-mais-gonfle-a-bloc.php

David Leboeuf
 

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