Les deux font la paire

Depuis le temps où je vous écris de façon plus ou moins régulière, il va de soi que je m’impose de moins en moins de barrières, mais il reste néanmoins des tabous que je ne suis pas encore totalement prêt à aborder de front, du style : quel est le meilleur attaquant de l’histoire ? Qui est le meilleur défenseur de l’histoire ? Qui est le meilleur gardien de but de l’histoire ? Pourquoi la bière, au Centre Bell, est-elle aussi chère ?

Pourquoi je m’y refuse encore ? Parce que ces sujets sont extrêmement polarisants. Ces sujets, pour les amateurs invétérés, ils viennent les chercher au plus profond de leur être, dans leur âme….et, lorsque le consensus s’avère impossible, car nous avons tous d’excellents arguments tout aussi valables les uns que les autres, c’est souvent là qu’arrivent les insultes et le pire de la nature humaine, car au même titre qu’un partisan peut déifier un joueur, il peut notamment détester vigoureusement un autre joueur.



Je m’essaie néanmoins avec un débat du même genre, car je vois souvent passer la question : quel est le meilleur duo de joueurs de l’histoire de la ligue ? Généralement, quand on aborde le sujet, de qui parle-t-on : Sakic et Forsberg, Kariya et Selanne, Bure et Mogilny, Lemieux et Jagr, Yzerman et Shanahan, Gretzky et Kurri (ou Messier?) ou Bossy (mes sympathies encore aux personnes endeuillées) et Trottier.

Là, je veux déjà m’excuser bien humblement, car c’est clair que j’oublie des dizaines de duos qui ont connu du succès. Des duos productifs, il y en a eu plusieurs, mais si on se limite aux légendaires… Il en reste forcément moins.

D’un point de vue plus actuel, Matthews et Marner ? Et qu’en est-il de McDavid et Draisaitl ? En même temps, ils n’ont pas fini de produire et je suis le premier à affirmer que c’est un sacrilège de comparer des joueurs actifs à des légendes de l’histoire du circuit. Je n’oublierai jamais quand le jeune Carey Price commençait sa carrière et qu’on traçait déjà un parallèle avec le début de carrière du jeune Patrick Roy. Comment déjà affubler un jeune homme en qui on fonde de grands espoirs d’une tonne supplémentaire de pression ?

Personnellement, d’entrée de jeu, j’avoue avoir un faible pour le duo mythique formé de Joe Sakic et Peter Forsberg. Je ne peux l’expliquer autrement que par une question de feeling. Lorsqu’on parle d’un sujet aussi émotif, on ne peut pas s’en tenir uniquement aux chiffres, aux statistiques, car ces chiffres sont souvent altérés par des facteurs collatéraux. J’en parlais, dans le cadre de mon dernier article, mais plusieurs observateurs attribuent la place de Gerry Cheevers au Temple de la renommée à la présence d’un certain Bobby Orr devant lui. Dans la même ligne de pensée, on ne peut pas uniquement se fier aux conquêtes de la Coupe Stanley… Qui est souvent le fruit du travail de toute une équipe. À ce sujet, je m’en voudrais de passer sous le silence les trois trophées Conn Smythe remportés par Patrick Roy. C’est sûr qu’un duo mythique aide grandement, mais avoir une bonne équipe derrière aide notamment.



En même temps, quand je disais que c’est impossible d’arriver à une réponse unanime, un des facteurs non négligeables est que, dans le cas de Sakic et Forsberg, ils ont joué 10 ans côte à côte. Dans le cas de Yzerman et Shanahan, ils ont formé une paire redoutable pendant neuf ans… Mais ils ont remporté la Coupe Stanley à trois reprises, soit une fois de plus que la paire évoluant pour l’Avalanche. Toutefois, quand on parle des Red Wings des années 90, car les Wings ont remporté deux Coupes consécutives, en 1997 et 1998, ce serait péché de ne pas mentionner le grand Scotty Bowman, qui les dirigeait à l’époque, et que dire de la délégation russe qui y jouait à l’époque, dont un certain Fedorov qui, encore aujourd’hui, marque l’imaginaire. D’ailleurs, à ce sujet, un documentaire a été créé à propos des cinq joueurs russes qui ont été envoyés en même temps sur la glace. Ces joueurs ont, à l’époque, eu une grande incidence sur les succès des Wings, car ces derniers jouaient « à la méthode soviétique » en contrôlant le jeu et la rondelle plutôt qu’en lançant la rondelle dans le fond de la zone adverse pour ensuite aller la chercher. Comme l’avoue bien humblement Bowman : « Aujourd’hui, ce style de jeu ne fonctionnerait plus, car le hockey a beaucoup évolué, mais à l’époque, ça avait grandement aidé. » En guise de rappel, les cinq joueurs étaient : Fedorov, Kozlov, Larionov, Konstantinov et Fetisov.

Si on ne peut se fier sur le nombre de conquêtes, et si tous les duos n’ont pas bénéficié du même aide du reste de l’équipe, car même si on en parle moins, Bossy et Trottier avaient un joueur, certes moins talentueux, mais qui comportait son importance, car il protégeait les vedettes dans une époque où le hockey était beaucoup plus pernicieux et dangereux qu’aujourd’hui, si je me fie aux récits des joueurs qui l’ont vécu de l’intérieur, notamment au temps des Broad Street Bullies. Ici, je fais évidemment allusion à Clark Gillies qui a, lui aussi, perdu la vie cette année, d’où le pourquoi les Islanders ont le chiffre 22, celui de Bossy, et le chiffre 9, de Gillies, sur leur maillot. Quant à Gretzky, il pouvait compter, à Edmonton, sur le robuste Dave Semenko et le non moins délicat Marty McSorley. Par ailleurs, quand La Merveille a été échangée aux Kings de Los Angeles, c’est lui qui a fait la demande que McSorley le suive en Californie, de façon à ce qu’il puisse continuer à le protéger.



Cependant, je m’en voudrais de ne pas raconter une anecdote tirée de l’autobiographie de Wayne Gretzky. La légende du hockey racontait qu’au cours d’un entre-saison, à Edmonton, Glen Sather, l’entraîneur à l’époque, avait envoyé tous ses joueurs à la maison avec un rigoureux plan d’entraînement physique à suivre à la lettre. À son retour à Edmonton, Semenko a admis avoir suivi le plan, mais toute cette course à pied imposée lui a causé des soucis. Slather lui a alors demandé « oh, non… Encore ce genou qui te cause des douleurs? » Ce à quoi l’homme fort a répondu : »Non, c’est beaucoup trop venteux. Quand je cours, ma cigarette s’éteint toujours! » « Autres temps, autres mœurs », qu’ils disaient!

Malheureusement, ce que je retiens de McSorley, à Los Angeles, c’est cette histoire abracadabrante où l’entraîneur du Canadien, Jacques Demers, en pleine finale de la Coupe Stanley, a fait mesurer le bâton de McSorley, et ce dernier était non-réglementaire. Le joueur fautif a alors écopé d’une pénalité. C’est alors que les Canadiens ont marqué, pour changer l’allure du match. En effet, Éric Desjardins en profita pour marquer à 1:13 de la fin du match. Ce but créa l’égalité. Le reste du match appartient à l’histoire, car c’est au cours de cette conquête de 1993 que les Canadiens ont remporté 10 de leurs 16 victoires en prolongation. C’est, encore à ce jour, un record qui tient toujours.

Si on ne peut se fier sur aucun chiffre, car ils portent tous en eux une explication, un doute raisonnable, ou presque, car quand on parle des plus grands d’un sport, c’est qu’ils sont tous détenteurs de records et de statistiques affolantes. Si ces duos n’ont pas bénéficié de la même période, car la paire formée par Bure et Mogilny n’aura joué moins de cinq ans ensemble, mais leur talent affolant et leur symbiose a certes marqué l’imaginaire. Un peu plus tôt, je vous parlais des Red Wings des années 1990; imaginez McDavid et Draisaitl au cœur d’une telle formation ? Il est clair que leurs statistiques exploseraient, mais cette hypothèse ne sera jamais vérifiable. Si on ne peut se fier sur aucun chiffre indiscutable…

Vous, quel duo vous a marqué ? Quel duo vous a fait rêver ? Vous… Quel est *votre* duo préféré dans l’histoire de la LNH ?

Toujours dans le respect et en gardant la classe que je vous connais, j’ai hâte de vous entendre.

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En Prolongation

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Crédit image entête, Sportsnet.ca



Sources:

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Joseph_Sakic

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Peter_Forsberg

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Stephen_Yzerman

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Red_Wings_de_D%C3%A9troit

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Brendan_Shanahan

https://www.lapresse.ca/sports/hockey/2019-06-11/scotty-bowman-et-les-cinq-russes

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Clark_Gillies

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Dave_Semenko

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Marty_McSorley

http://notrehistoire.canadiens.com/greatest-moment/McSorleys-Illegal-Stick

http://notrehistoire.canadiens.com/season/1992-1993

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Pavel_Boure

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Aleksandr_Moguilny

David Leboeuf
 

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