La renaissance du hockey féminin professionnel à Montréal

Ceux qui ont lu mon dernier texte s’en souviennent probablement, mais dans le cadre de mon dernier article, j’ai écrit une lettre à ma grande, car je suis sincèrement inquiet de ce qui pourrait lui arriver de regrettable en ce monde où des hommes d’affaires prévoient un budget à même les fonds publics dans le but de régler des éventuelles poursuites judiciaires pour agression sexuelle. Non seulement le problème est connu, mais à même les fonds recueillis, à même les taxes et les impôts, les sommes des contribuables servent à ce que ces histoires ne fassent pas de bruit.

Lettre à ma petite fille…



Juste de répéter une fois de plus cette ignominie crée un vif malaise en moi. Bref. Toujours est-il que, dans les dernières semaines et les derniers mois, une merveilleuse nouvelle a été annoncée pour les filles qui aiment le hockey, mais les filles en général, car ça se veut un pas (trop peu trop tard, j’en conviens) vers un semblant d’égalité homme-femme. Cette bonne nouvelle est, oui, la création de la Premier Hockey Federation, jusqu’à l’an dernier la National Women’s Hockey League. Cette ligue professionnelle de hockey féminin a été créée en 2015 et constitue aujourd’hui le seul circuit de hockey professionnel féminin depuis la fermeture de la Ligue Canadienne de Hockey Féminin en 2019. À la fondation de la NWHL, quatre clubs étaient membres: le Pride de Boston, les Beauts de Buffalo, le Whale du Connecticut et les Riveters de New-York. En 2018, les Whitecaps du Minnesota se sont jointes à la fête. En 2020, à l’image du baseball majeur et du basketball professionnel où la seule équipe canadienne du Circuit est à Toronto, en 2020, ce fut autour des Six de Toronto de se rajouter à l’équation. Cette année, en 2022, le monde du hockey a eu le bonheur d’apprendre que ce sera au tour de Montréal d’avoir son équipe. Toronto et Montréal, voilà qui n’est pas sans rappeler la rivalité entre les Blue Jays de Toronto et feu les Expos de Montréal.

Ce qu’il y a de prodigieux avec cette ligue est que ce circuit est le premier à payer ses joueuses, car non, les joueuses ne récoltent pas les mêmes salaires que leurs homologues masculins. Ça me rappelle l’époque de Maurice Richard, il y a environ 80 ans, où au cours de la même journée, Richard, alors pourtant un des meilleurs joueurs de la Ligue nationale, travaillait dans une usine ou, au cours de l’été, il livrait de la bière. C’est malheureusement la réalité de beaucoup de femmes… 80 ans plus tard: le soir, elles brillent au sein de la plus prestigieuse ligue de hockey féminin, mais au cours de la journée, elles ont besoin d’avoir un autre métier pour arriver… À arriver. Comme je l’ai dit d’entrée de jeu, je n’oserai jamais parler d’égalité homme-femme, mais c’est certainement un pas dans la bonne direction. Un petit pas avec près d’un siècle de retard est assurément préférable à aucun pas du tout.



Il reste encore beaucoup à apprendre à propos de la formation d’expansion, la septième à se greffer au circuit, si ce n’est que l’équipe défendra ses couleurs et son honneur sur la glace de l’auditorium de Verdun. À ce sujet, je sais que, fidèle à mon habitude, je déroge du sujet initial, mais c’est aussi à ce même auditorium que l’Alliance de Montréal, la nouvelle équipe professionnelle de basketball évoluant au sein de la Ligue Élite Canadienne de Basketball, a élu domicile. C’est donc une très belle période sur le plan sportif pour la population de Verdun. Et je le répète souvent : on ne sait jamais ce qui donnera à un enfant ou une enfant l’idée d’évoluer un sport professionnellement. J’aime aussi le fait que, au cours des dernières années, le Canada, notamment grâce à bien des athlètes québécois et québécoises, s’est illustré dans bien d’autres sports que le hockey. Les enfants de chez nous ont alors la chance d’admirer les prouesses d’athlètes de toutes les disciplines sportives possibles. Une fois que la jeunesse d’ici a accès à un spectacle de haut niveau dans le cadre de compétitions diversifiées, qui sait ce qui peut arriver ?

Au niveau de la structure organisationnelle de la formation montréalaise de qui l’identité et les couleurs restent toujours à dévoiler, nous savons uniquement que Kevin Raphaël, qu’on connait surtout comme animateur de télévision et de radio, celui-là même qui a annoncé cette semaine avoir rejoint les Fantastiques de l’émission de radio « Véronique et les Fantastiques », agira à titre de président et directeur général, à tout de moins pour la première année. Ce dernier sera assisté de son ami et éternel complice, Emmanuel Anderson, qui agira à titre de vice-président.



Honnêtement, je ne m’en suis jamais caché : je voue un énorme respect pour Kevin Raphaël. Malheureusement, beaucoup de personnes le stigmatisent en raison de son exubérance et de sa flamboyance. Ça peut ressembler à un raccourci intellectuel grossier, mais il n’est pas sans me rappeler un certain P.K. Subban. Le « Subbanator » aussi était en soi un personnage qui ne passait pas inaperçu, mais quand il laissait tomber son masque… Et ses costumes à paillettes… Par exemple dans le cadre d’une entrevue sérieuse et intimiste, on constatait qu’il avait une tête sur les épaules, mais qu’il avait pris le pari de donner un spectacle qui ne finissait jamais. Il en va de même pour le président de la formation professionnelle de hockey féminin. À travers les lignes du texte duquel j’ai placé le lien dans ma médiagraphie, j’y ai découvert un homme d’affaires raisonné, articulé, professionnel et ambitieux. En guise d’exemple, j’ai beaucoup apprécié quand il affirmait que son équipe ne serait pas celle de Montréal, mais de celle de tout le Québec. Dans cette optique, il aimerait que ses joueuses évoluent en Abitibi où il ne s’est jamais tenu un match professionnel de hockey féminin ou en Beauce où le hockey féminin est de très haut niveau et est très populaire. Il m’a aussi impressionné lorsqu’il a abordé l’épineux sujet de la discorde entre la P.H.F., la Ligue à laquelle son équipe est affiliée, et l’association des joueuses professionnelles de hockey, la Professional Women’s Hockey Players Association. À l’image des nombreux conflits de travail ayant fait tressaillir le monde du hockey, ces gageures opposant la direction de la Ligue et le syndicat des joueurs, le torchon a brûlé lorsque la P.W.H.P.A. Et la direction de la ligue, dont la commissaire, Reagan Carey, ne sont pas parvenues à s’entendre à propos de la création d’un circuit unique de hockey professionnel féminin. Cette négociation avait été demandée par Gary Bettman, le commissaire de la LNH, lui aussi un habitué des conflits et de la négociation, mais un terrain d’entente n’a jamais été trouvé. Le principal enjeu de cette mésentente est que l’association représente une grande proportion des meilleures joueuses de hockey d’ici. Une ligue professionnelle sans les meilleures joueuses, c’est un peu comme lorsque le Canada ne pouvait pas participer aux Jeux olympiques dans la discipline du hockey. Comment alors affirmer que cette compétition met en valeur les meilleurs athlètes de ce sport ? Quoi qu’il en soit, Raphaël a affirmé que ce différend entre la ligue et l’association des joueuses ne le regardait pas; il est prêt à écouter et à travailler de concert avec les deux instances. Il se dit même favorable à l’idée que l’association des joueuses instaure sa propre ligue, même si cette dernière désire implanter une équipe, elle aussi, à Montréal.

Sinon, une autre affirmation de laquelle je me suis délecté est lorsque l’homme d’affaires à l’énergie inépuisable a la ferme intention de dépenser absolument chaque dollar disponible sous le plafond salarial fixé à 750 000$. À titre d’exemple, Connor McDavid gagne à lui seul 12 500 000$. Vous voyez, cette inégalité de laquelle je parlais? À travers la Ligue nationale, le plafond salarial va s’élever à 82 500 000$… Sauf pour le Lightning qui a visiblement à 10 000 000$ au-dessus du plafond….

Hahaha, je m’excuse, elle était trop facile hahahaha!



Raphaël nourrit donc de grands rêves pour son équipe, mais comme je le répète souvent : peut-on lui en vouloir ? Ce dernier aborde même un potentiel partenariat avec les Canadiens de Montréal, car il affirme que le Tricolore a accueilli de façon favorable la création de cette nouvelle équipe féminine dans le paysage du hockey montréalais. Et le fait que Marie-Philip Poulin ait intégré la direction de l’équipe ne pourra que faciliter ce partenariat.

C’est donc un jour historique pour le hockey féminin, et pas seulement pour le hockey féminin québécois, mais pour l’ensemble de ce sport. Il ne reste qu’à souhaiter que des télédiffuseurs vont emboîter le pas et diffuser ces matchs, à l’image de l’Alliance de Montréal qui a disputé quelques rencontres devant les caméras de TVA Sports. Si ces matchs sont télédiffusés, ce sont des filles de partout dans le monde qui pourront y assister, et dès cet instant, bien malin est celui qui pourrait prédire le dénouement de l’histoire. Si le temps suit son cours de façon inéluctable et inébranlable, il y a parfois des gens de changement, comme c’est ici le cas de Kevin Raphaël, pour provoquer le progrès, pour permettre que cette évolution se produise ou, comme le chantait Daniel Boucher « des empêcheurs de tourner en rond ».

Je resterai donc à l’affût des prochaines nouvelles. J’ai sincèrement hâte d’assister à un match mettant en vedette les meilleures joueuses de hockey au monde. Je crois que le monde est prêt à cette nouveauté. J’espère que le monde est prêt, bien qu’en même temps, s’il fallait toujours attendre que la totalité de la population soit prête et réceptive au changement, ce dernier ne s’opérerait juste jamais. Donc, pour ceux comme moi qui sont prêts… C’est le début d’un temps nouveau !

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En Prolongation

Les choix tardifs, les pierres angulaires d’une équipe gagnante


Crédit image entête, Team Canada & Kevin Raphaël via Instagram




Sources:
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Premier_Hockey_Federation
https://www.journaldemontreal.com/2022/07/12/hockey-feminin-une-equipe-de-la-phf-a-montreal-1
https://www.rds.ca/basketball/tout-ce-que-vous-devez-savoir-sur-l-alliance-de-montreal-1.15896065
https://www.rds.ca/hockey/canadiens/lnh-le-plafond-salarial-du-ch-ampute-de-1-132-500-1.15778251
https://www.tvasports.ca/2022/06/07/le-ch-engage-marie-philip-poulin

David Leboeuf
 

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