Je m’excuse… Avez-vous vos cartes?

Nous en avons tous déjà vu. Nous en avons (presque) tous déjà eu, que ce soit dans le but de les échanger ou juste pour que nos roues de vélo fassent « frrrrrrrr ». Vous l’avez deviné, je parles des cartes de hockey.

Je me revois encore regarder chaque soir, même plusieurs fois par jour, ces mêmes cartes, tantôt pêle-mêle dans une boîte de chaussures (toutes mes excuses aux plus puristes) ou, à d’autres moments, soigneusement placées dans un cartable. Je les regardais comme un regarde une oeuvre d’art.



À l’époque, je me fichais éperdument de leur valeur. Jusqu’à un certain point, je me moquais même de leur état général. Si vous saviez les réjeanhoulismes (n.m. dit d’un échange catastrophique) que j’ai effectués, vous diriez que je me moquais même du joueur en vedette. Moi, tout ce que je voulais, c’était une belle photo. Critère discutable, j’en conviens, mais c’était le mien. D’ailleurs, c’était le seul… Et les autres collectionneurs en herbe le savaient dans la cour d’école: « Hey, veux-tu m’échanger ton Patrick Roy contre mon André Racicot? Regarde, son surnom « Red Light » brille! »

… Marché conclu!

J’aimais regarder les photos pour ce que ces images cartonnées me rappelaient, pour ce qu’elles évoquaient. Chaque carte portait un elle un fragment de ma passion, de la magie inhérente au hockey. Peut-être que j’extrapole, mais ça me fait penser à quand on est en amour…

Oui, oui, quand le cœur devient moins louuuuuuuurd, quand on est en amouuuuuuur!

Mais ça me rappelle quand on garde précieusement un objet appartenant à la personne chérie, car de façon quelque peu ésotérique, c’est un peu comme si on gardait avec nous une parcelle de l’être aimé. Avec ces cartes de joueurs qui ont pour la plupart passé à la vitesse des tirs de Al Iafrate dans le ciel du hockey professionnel. Bonsoir, ils sont partis.

Bon, je ne remets nullement en question la valeur sentimentale voire historique d’une carte de hockey, mais platement parlant ce n’est qu’un rectangle de carton sur lequel on a imprimé une photo d’un côté et une description ou une légende de l’autre côté. Bon, oui, on me souffle à l’oreille que certaines comportent des bouts qui brillent. Comment se fait-il alors qu’une carte, soit celle de l’année recrue de Wayne Gretzky, se soit vendue à la somme record de 3 750 000$?! Qu’est-ce qui fait qu’une carte se voit attribuer une valeur mirobolante, et que les miennes valent moins que du carton sans imprimé dessus?



Que ce soit bien clair entre nous, je suis le plus sérieux du monde dans mes questions et mes réflexions. C’est honnêtement une question que je me pose. Dans la même foulée, je tiens à clarifier que je ne porte nullement un jugement à l’endroit des collectionneurs. Moi-même, je suis un mordu-passionné-fou des cadres autographiés par des légendes du hockey. Je sais pertinemment bien que, pour le commun des mortels, chacune des pièces de ma collection a été payée beaucoup trop cher. Je m’en fiche. Je ne les ai pas achetées pour le commun des mortels, mais pour moi… Pour pouvoir posséder un « bout de mon hockey chéri ».

Pour commencer mes recherches, sans préliminaires et sans préambule, j’ai demandé à un de mes amis qui pense tout connaître… Un certain Google : qu’est-ce qui détermine la valeur d’une carte de hockey? Fling, flang, pas de zigonage. Droit au but. La lumière s’est allumée.

Je suis tombé sur un article de la page « Petit petit Gamin ». Cet article ne fut pas sans me rappeler mes cours d’éducation économique où on découvre la règle fondamentale qui dicte le cours de l’économie, soit celle de l’offre et de la demande. Absolument tout tourne autour de ce credo, comme les goélands autour d’une frite oubliée chez McDo. C’est d’ailleurs pour cette raison que les cartes imprimées autour des années 70-80 valent beaucoup plus cher que celles parues dans les années 90… parce qu’il s’en est imprimé beaucoup plus au cours des années 90. Chaque carte vaut donc bien moins. Dans la même ligne de pensée, l’auteur relate que les cartes « O’Pee-Chee » valent plus cher que leurs homologues américaines « Topps », car ces dernières sont imprimées en tirage bien plus volumineux. Grosso modo, si une carte est imprimée à des milliers, voire des millions d’exemplaires, sa valeur s’en voit grandement affectée comme celle de Andrei Kovalenko. Plus encore, l’auteur de l’article étaye d’autres critères, dont : l’état des coins, si c’est une carte de l’année recrue du joueur, si la photo est égratignée, le nombre d’exemplaires imprimés, est-ce que la coupe des bordures est belle et est-ce qu’elle est bien centrée. Ce n’est donc pas une mince affaire de déterminer la valeur d’une carte de hockey. Parfois, nous pouvons être surpris… Mais ça peut aller dans les deux sens du spectre. Eh non, ce n’est pas comme une rue de la métropole; ça va dans les deux sens!

Si, par le plus grand des hasards, il vous vient l’envie de découvrir la valeur d’une ou de plusieurs de vos cartes de hockey, il existe moult joueurs dans le domaine, mais comme dans le monde des cartes, ils n’ont pas tous la même valeur. Si, dans l’article auquel j’ai antérieurement fait allusion, l’auteur cite PSA ( Professional Sport Authenticator) et Beckett (BGS), deux compagnies américaines existant « depuis toujours », il y a un nom qui semble faire l’unanimité, tant au Québec qu’au Canada, c’est celui de ACA Certification, la compagnie de Daniel Rock. En effet, sur le site web de la compagnie établie à Candiac, ils mentionnent que chaque carte soumise à leur expertise sera analysée: à la loupe, au microscope et à la lumière UV. Ces outils permettant une analyse approfondie se rajoutent entre autre aux autres critères susmentionnés. À la lumière de cette analyse, une note pouvant aller jusqu’à 10 sera attribuée. Cette note comportera une incidence cruciale sur la valeur de ladite carte. Il est de plus mentionné qu’il faut compter en moyenne huit mois pour obtenir les résultats de l’expertise.

Comme le soulève un client de chez ACA questionné dans le cadre d’un article réalisé par le Journal de Montréal à propos de la frénésie autour des cartes de hockey, depuis le début de la pandémie, alors que tout le Québec a dû se trouver de nouveaux passe-temps, il n’existe pas d’autorité suprême ou d’école reconnue en matière de gradation. Il faut alors s’en remettre à l’expérience et à la compétence de l’évaluateur. Dans le cas de monsieur Rock, ces deux qualités lui ont permis de se bâtir une réputation extrêmement enviable. C’est grâce à cette réputation qui n’est certainement pas le fruit du hasard ou de la chance que ACA arrive à tirer son épingle du jeu, même face aux géants américains. Si, pour ces derniers, leur réputation n’est plus à faire, ils voient certainement dans leur rétroviseur une compagnie québécoise qui ne cesse de grandir. Comme il est écrit sur ce même rétroviseur « les objets dans le miroir sont plus près qu’ils ne le paraissent. »



D’un point de vue historique, les premières cartes de hockey ont été imprimées en 1879-1880. Sur ces cartes, même le nom du sport n’était pas encore fixé. Alors que sur certains exemplaires, on retrouve le nom « Eishockey », d’autres écriront « Ice polo »…

Oui, oui, le frère de Marco…

À la fin des années 1800, plusieurs autres compagnies sont apparues. Les photos mettant en vedette des collèges du Québec et de la Nouvelle-Angleterre. Peu de temps après, vers les années 1910, des cadres furent insérées dans les paquets de cigarettes. Autres temps, autres mœurs!

….nous sommes loin de l’ère des paquets de couleur neutre cachés derrière des panneaux et où le trois-quarts de l’espace est dédié à une mise-en-garde misant sur une photo horrifiante imprimée en 4K!

Néanmoins, à l’époque, les photographies illustraient les principales vedettes de l’époque. À l’époque, les formations protagonistes venaient de : Québec, Montréal, Ottawa et… Renfrew, une équipe de Vancouver. L’impression de cartes connut, par la suite, un important ralentissement au cours de la première guerre mondiale. Au cours des années 1914 à 1918, les seules cartes produites concernaient des équipes de collèges américains. Après la guerre, la Côte Ouest fut la première à relancer la production avec des cartes illustrant des équipes de la Colombie-Britannique. D’autres cartes illustrant des clubs de l’ouest et des États-Unis apparurent au cours des années 1920. Déjà, dès cette période, la compagnie O’Pee-Chee dominait le marché avec ses cartes d’une grande qualité. Malheureusement, comme l’histoire est une roue qui tourne, c’est encore une guette mondiale qui relégua la production de cartes de hockey au second plan. Si la deuxième guerre mondiale prit fin en 1945, la production de cartes ne reprit qu’en 1951 par le biais de la compagnie Parkhurst. Par la suite, O’Pee-Chee s’allia avec la compagnie Topps, compagnie à laquelle j’ai également fait allusion plus tôt, pour reprendre sa place dans le haut du pavé. Ce fut mission accomplie lorsque, en 1964, Parkhurst mit fin à ses activités. Le consortium des deux alliés raya Parkhurst de la carte… Du hockey!



En raison de la qualité des photos et des couleurs, les deux compagnies se partagèrent les États-Unis et le Canada jusqu’en 1995 où O’Pee-Chee remit tout le contrôle en les mains de Topps. Est-ce ce qu’on appelle « diviser pour mieux régner »?

Au début des années 1990, plusieurs nouveaux joueurs embarquèrent sur la glace. Du nombre, on recense : Upper Deck, Score et Pro Set. L’accroissement du nombre de joueurs dans le monde de l’impression eut pour effet d’inonder le marché de collections de plus en plus volumineuses et de plus en plus coûteuses. Ce point tournant dans l’histoire de la carte de hockey eut pour incidence directe de diminuer la valeur des cartes produites au cours de cette période. Si la rareté dicte le prix, que pouvait-on espérer lorsque les cartes sont tout sauf rares? Si, au fil des années 90, plusieurs compagnies sont apparues dans le décor, Upper Deck est certainement celle qui s’en est le mieux tirée parmi toutes les compagnies recrues, si bien que, depuis le lock-out de 2005, Upper Deck est la seule compagnie approuvée par la LNH. La surenchère caractéristique des années 1990 eut pour effet de diviser les amateurs et les collectionneurs. Devant la surabondance d’exemplaires disponibles, les collectionneurs ont commencé à spécialiser leur collection, soit autour : d’une équipe, d’un joueur, d’une compagnie productrice, d’une période et de tout ce qui peut passionner un amateur. Rendu-là, la raison et la logique n’y peuvent plus rien. C’est au tour de la passion de prendre la parole.

Le monde de la carte de hockey, même s’il existe depuis plus de 130 ans, après avoir connu ses torrents et ses creux de vagues, est en pleine effervescence. Si des compagnies règnent au niveau international en roi et maître, de nouveaux joueurs parviennent à faire leur place, alors que d’autres laissent la leur. Alors que la norme recommande de s’en remettre à l’expertise et la crédibilité de l’évaluateur, de nouvelles compagnies prônent l’apport des scanners afin d’obtenir un point de vue systématique, rapide et impartial. C’est notamment le cas de la compagnie Hybrid Grading Approach. Évidemment, comme chaque fois où une nouvelle technologie fait son apparition, s’entrechoquent les conservateurs et les révolutionnaires et, comme chaque fois depuis la nuit des temps, c’est le temps qui se chargera de déterminer le vainqueur.

Dans tous les cas, l’important est de ne pas perdre la carte… Car elle pourrait valoir cher…

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En Prolongation

Les trios qui étaient juste trop bons !


Crédit image entête, NHL.com



Sources :

https://www.habsetlnh.com/Une-carte-de-recrue-Wayne-Gretzky-bat-le-record-de-la-carte-de-hockey-la-plus-chere-vendue-42806&s=100#:~:text=HABSETLNH-,UNE%20CARTE%20DE%20RECRUE%20WAYNE%20GRETZKY%20BAT%20LE%20RECORD%20DE,HOCKEY%20LA%20PLUS%20CH%C3%88RE%20VENDUE&text=Une%20carte%20de%20recrue%20O,priv%C3%A9e%20n%C3%A9goci%C3%A9e%20par%20Heritage%20Auctions.

Comment faire de l’argent avec ses cartes de hockey

https://acacertification.com/fr/services/gradation-de-cartes/

https://www.canadianhockeycards.com/french.htm

https://www.journaldequebec.com/2021/03/28/la-folie-des-cartes-sportives-une-compagnie-qui-a-le-vent-dans-les-voiles

David Leboeuf
 

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