Habstérix et le déclin de l’empire des Canadiens
Une autre saison, une autre année sans séries éliminatoires pour les Canadiens de Montréal et leurs partisans. Comme la direction clame que l’objectif de chaque saison est de faire les séries, cela signifie alors que l’équipe échoue un peu trop souvent à atteindre ses buts. En se basant sur les résultats, force est d’admettre que les objectifs étaient trop ambitieux, ou bien on ne nous dit pas toute la vérité. Dans tous les cas, il s’agit d’un problème qui devrait être corrigé prochainement. Les partisans et les membres des médias deviennent frustrés et si la récente sortie de Carey Price peut servir d’indication, il semblerait que les joueurs partagent ce sentiment. Après tout, être éliminé en janvier après avoir raté les séries par quatre points un an plus tôt est une situation difficile à avaler pour tous.
Avec l’équipe qui a souffert non pas d’une mais bien deux séries de 8 défaites de suite dans les dernières semaines, Twitter et les lignes ouvertes des radios n’étaient pas des endroits à fréquenter ces derniers jours. Nous savons tous comment les partisans et les médias peuvent être à Montréal, et ils sont tous sortis en force pour leur petite chasse aux sorcières, avec leurs fourches et lanternes en main. Mais comment est-ce qu’une telle chose a pu se produire? Qu’est-ce qui a si mal tourné cette saison? La vérité c’est qu’il ne s’agit pas d’une seule chose, une seule personne ou même un seul groupe, mais bien d’une série d’événements. Jetons un coup d’œil sur tout ceci:
1- BLESSURES
Le 15 novembre dernier, les Canadiens montraient une fiche de 11-5-3, pour un pourcentage de victoires de .658. La veille, ils venaient de dominer les Capitals de Washington par la marque de 5-2, ayant le dessus sur leurs adversaires 40-28 au chapitre des tirs. Les Habs progressaient, confortablement assis à la seconde place de la Division Atlantique, trois points derrière les Bruins de Boston. Ils étaient quatrième dans l’Est, deux points derrière les Islanders de New York, trois points devant les Maple Leafs de Toronto. La vie était belle en ville, et aurait dit que tout se mettait en place.
Dans ce match, les Canadiens ont perdu deux joueurs clés. Jonathan Drouin, qui connaissait son meilleur début de saison en carrière, s’est blessé au poignet, et Paul Byron au genou. On a annoncé que les deux joueurs devraient passer sous le bistouri et qu’ils seraient tenus à l’écart de l’action pour plusieurs semaines. Victor Mete est tombé à son tour, le premier décembre, et il n’est pas revenu au jeu avant le 23 décembre. Le 6 décembre, le joueur de deuxième année Jesperi Kotkaniemi a été diagnostiqué avec une commotion suite à un coup salaud du défenseur de l’Avalanche Nikita Zadorov, et il a été retenu à l’écart du jeu jusqu’au 28 décembre. Joel Armia a été placé sur la liste des blessés le 26 décembre, pour soigner une blessure à la main, et il n’est pas revenu depuis. Brendan Gallagher est entré en collision avec le genou de Ben Chiarot et il a été sur la touche du 1er au 8 janvier. Il a joué une partie et des symptômes de migraine sont apparus après celle-ci et il a dû déclarer forfait à nouveau pour le dernier match contre Ottawa. Ironiquement, Chiarot souffre d’une blessure au bas du corps et il est tenu à l’écart du jeu depuis le 8 janvier.
Two tweets to prove @NHLPlayerSafety and everyone else that Zadorov did slew foot Kotkaniemi and the incompetents on the ice missed the call. 1- the video. Look at Zadorov's right foot come off the ice, knocking KK off balance… #Habs #GoHabsGo #NHL (1/2) pic.twitter.com/vgiy24rlR7
— 📰 J.D. Lagrange 🎙 (@Habsterix) December 6, 2019
Si quelqu’un tente de vous convaincre que ces pertes n’ont eu aucun impact sur les Canadiens, ils mentent effrontément. Depuis ce fameux 15 novembre, l’équipe joue pour .370 avec une fiche de 8-15-4 (N.b. : avant le match contre les Sénateurs). Ils sont aujourd’hui positionnés au 13e rang de leur Association, à neuf points de la dernière Wildcard et avec 5 équipes à surclasser pour pouvoir faire les séries. Et certains de ces blessés ne devraient pas effectuer de retour au jeu avec la pause du Match des Étoiles. Puisque les Canadiens sont en train de traverser un reset, ils ne sont tout simplement pas au stade où ils peuvent compter sur une bonne profondeur interne. Comme on dit: leur chien est mort!
2- LA COMPOSITION DE L’ÉQUIPE
Les Canadiens ont bâti une équipe qui mise sur la vitesse. À l’exception de Mete, leurs défenseurs sont gros et plutôt physiques. Mais leurs attaquants sont trop petits. Bien qu’ils pourraient en encaisser beaucoup, le lourd calendrier d’une saison de la LNH fait des ravages, particulièrement contre les plus grosses équipes. Ils sont, pour la plupart, physiques et robustes, mais si vous vous faites frapper par un tricycle, ça ne fera pas aussi mal que si vous étiez frappé par un bus. Michel Therrien a déjà utilisé une intéressante analogie en parlant de salade de fruits. Je préfère comparer le tout à un gâteau. La plupart des gens aime le sucre, n’est-ce pas? Dans l’optique de préparer un bon gâteau, vous avez besoin de tous les ingrédients. Si vous êtes à court de levure, vous ne pouvez pas le substituer par du sucre. Le gâteau ne lèvera tout simplement pas. L’ingrédient manquant à cette équipe, c’est le gabarit qui vient avec la robustesse et le jeu physique. C’est difficile à dénicher pour le Top-6, mais pas tant que ça pour le Bottom-6. Dans un autre article, j’ai dressé une liste de joueurs qui auraient pu venir combler certains des besoins du Canadien, et la plupart d’entre eux étaient sans doute disponibles à un prix raisonnable. Voici la liste en question:
- Nick Ritchie (ANA)
- Lawson Crouse (ARI)
- Christian Fisher (ARI)
- Sam Bennett (CGY)
- Adam Erne (DET)
- Jujhar Khaira (EDM)
- Kyle Clifford (LAK)
- Marcus Foligno (MIN)
- Sammy Blais (STL)
- Jake Virtanen (VAN)
- William Carrier (VEG)
- Adam Lowry (WIN)
Il n’y a absolument aucune raison pour que les Habs ne puissent pas mettre la main sur quelques gars plus imposants pour compléter leur Bottom-6. Présentement, cette équipe est un gâteau bourré de sucre. Pour que ce gâteau lève, il faut ajouter un peu de levure.
3- LES DÉCISIONS DU PERSONNEL D’ENTRAÎNEURS
Premièrement, mettons une chose au clair: Claude Julien est un bon entraîneur. Mais depuis le mois de février de l’année dernière, il a pris plusieurs décisions vraiment discutables qui ont fini par coûter de précieux points à l’équipe. Qui ne se souvient pas lorsque Julien a jumelé Benn et Petry contre Sidney Crosby en mars 2019? Mais ce n’était pas la seule décision ahurissante prise par Julien, des mauvaises décisions qui ont ultimement contribué à coûter une place en séries.
Depuis plus ou moins le premier mois de la saison en cours, Julien a placé Artturi Lehkonen et Jordan Weal aux ailes du meilleurs pointeurs de l’équipe de l’année dernière, Max Domi. Et ce n’est pas tout. J’ai réuni plusieurs autres exemples en octobre dernier, et encore d’autres en décembre. Si vous ajoutez à tout ceci le nombre de matchs où Jordan Weal et Nick Cousins ont obtenu plus de temps de glace que les attaquants les plus talentueux de l’équipe, le constat est simple. Ces décisions ont largement contribué au déclin de l’équipe.
4- LE DIRECTEUR GÉNÉRAL
Où est ce partenaire idéal pour Weber? Non, en dépit de son bon jeu cette saison, Chiarot n’est pas ce partenaire. Où est ce défenseur gaucher, habile pour bouger la rondelle, qui peut prendre de grosses minutes et produire à la pointe sur le jeu de puissance; c’est-à-dire le digne remplaçant de Markov? Weber est à Montréal depuis trois ans et demi déjà, et on pourrait faire valoir qu’il s’agit de temps perdu car on est en train de brûler les meilleures saisons de Weber. Oui, les Habs sont toujours en train d’expérimenter.
Nous avons abordé le sujet récemment, mais il semblerait que les ajustements en cours de saison soit quelque chose de pratiquement hors de portée de Marc Bergevin. Avec son équipe qui se battait pour une place en séries la saison dernière, il a choisi de ne pas payer le prix au lieu d’ajouter de l’aide à la date limite. Cette saison, il a attendu que les Habs soient, à toutes fins pratiques, éliminés des séries pour bouger pour Marco Scandella et signer Ilya Kovalchuk. Bien que ces deux additions puissent être considérées comme étant positives puisqu’ils pourront rapporter de précieux assets à la prochaine date limite; c’est trop peu, trop tard pour aider l’équipe à se qualifier pour les éliminatoires. Alors, si ton but est de faire les séries, fait le nécessaire pour atteindre cet objectif. Mais si ton but est de reconstruire, c’est ok aussi. Ne vas juste pas prétendre que le but est de participer aux séries si ce n’est pas le cas.
5- CAREY PRICE
Bien qu’il serait terriblement injuste d’imputer tous les maux de l’équipe à Carey Price, il faut savoir reconnaître qu’il n’a pas aidé sa cause, ni celle de l’équipe cette saison. Pour avoir suivi attentivement la carrière de Carey depuis que les Canadiens l’ont repêché en 2005, je peux vous dire que quelque chose cloche.
Not saying that it's okay but I imagine that when you're promised something to help you get to the playoffs and we don't deliver what was promised, the motivation to go the extra mile is low. Most of us experienced that at one point or another in our life. #Habs #GoHabsGo
— 📰 J.D. Lagrange 🎙 (@Habsterix) January 9, 2020
Chez les gardiens partants, Price est 24e avec une moyenne de buts alloués de 3.01 goals, 23e pour le pourcentage d’arrêts. Rien pour l’aider, seuls 12 partants bénéficient d’un meilleur support offensif que Price. On peut pas imputer toute la faute au système, aux défenseurs, aux replis des attaquants ou aux mauvais rebonds. Price n’est tout simplement plus Price… et les Canadiens en souffrent.
Et voilà, les amis. C’est pour toutes ces raisons que les Canadiens se retrouvent dans cette position. Le positif c’est que certains de ces points pourraient être corrigés assez facilement. Les blessures se régleront avec le temps. Il faut seulement prendre garde à ne pas les ramener trop tôt alors que la saison est déjà à l’eau. Retirons Julien de ses fonctions et remplaçons-le par Ducharme. Échangeons quelques choix éloignés pour ajouter un peu de size et de grit. Utilisons quelques autres choix ou des espoirs, peut-être avec un joueur établi (il faut savoir payer le prix) et mettons enfin la main sur ce talentueux défenseur tant recherché, et ce, même si Romanov s’en vient. Il aura besoin d’encore quelques années avant de devenir dominant. Pour ce qui est du problème devant le filet, c’est une autre histoire… Go Habs Go!
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Crédit image entête, Habsterix.com