Flashback de 1995 : un DG et un entraîneur-chef sans expérience

Les Canadiens de Montréal ont choqué le monde du hockey, non pas lorsqu’ils ont finalement décidé de laisser partir Dominique Ducharme, mais plutôt lorsqu’ils ont nommé son remplaçant intérimaire. Martin St-Louis, dont la seule expérience d’entraîneur est d’avoir entraîné ses enfants dans le hockey mineur, a été choisi par les Canadiens. Peu de gens, voire personne, ne l’avaient vu venir.



Il y a quelques semaines, le vice-président des opérations hockey, Jeff Gorton, est sorti légèrement des sentiers battus en engageant Kent Hughes, un agent de joueurs, comme nouveau directeur général de l’équipe. Le point commun entre ces deux recrutements est qu’aucun des deux n’a d’expérience à son poste. Appelons les choses par leur nom… Pour deux hommes occupant des postes clés comme celui-là, commencer leur carrière dans un marché comme Montréal à quelques semaines d’intervalle est loin d’être idéal. La dernière fois que l’organisation des Canadiens a fait cela, c’était en 1995, lorsque le président de l’époque, Ronald Corey, avait congédié le directeur général Serge Savard et l’entraîneur-chef Jacques Demers pour les remplacer respectivement par Réjean Houle et Mario Tremblay.

Qui pourrait reprocher aux fans et aux médias qui se souviennent très bien de cette période sombre de la riche histoire de l’équipe d’être un peu nerveux aujourd’hui ? C’est une réaction naturelle. Toutefois, ne tirons pas de conclusions trop hâtives. Houle et Tremblay n’avaient pas un Gorton au-dessus d’eux pour les soutenir. De plus, St-Louis a reçu l’étiquette « intérimaire », ce qui signifie qu’ils ne sont pas liés à lui si ça ne fonctionne pas.

Les plans futurs

Ceci étant dit, pourquoi St-Louis signerait-il comme intérimaire pour finir la saison sans garantie d’autre chose après ? Cette partie n’a guère de sens. Ce qui me fait penser que si ça ne marche pas, on lui a promis un autre poste dans l’organisation après cette saison. Dépistage ? Assistant au directeur général ? Entraîneur adjoint ? Qui sait ? Mais il doit y avoir quelque chose.

Par ailleurs, la rumeur voulait que Vincent Lecavalier se joigne (enfin) aux Canadiens dans un rôle administratif. Une annonce qui devait survenir hier, mais qui n’est cependant jamais survenue. On ne peut que supposer que le projet est tombé à l’eau si on tient compte du principal intéressé qui a nié le tout.



Un malaise dans l’air

Même Renaud Lavoie qui, lorsqu’il était à RDS, était toujours si proche de Lecavalier à l’époque où, en tant que joueur, il se servait des Canadiens pour obtenir un meilleur contrat à Tampa Bay, ne laisse filtrer aucune information sur le fait que Lecavalier se serait joint à l’équipe de direction de Kent Hughes.

En y réfléchissant, c’est peut-être ce qui me dérange le plus dans tout ça. Ils ont interviewé Daniel Brière pour le poste de DG. Il n’a jamais voulu rien faire avec Montréal jusqu’à ce que peu d’autres équipes le veuillent à la fin de sa carrière.

Ils engagent St-Louis qui, encore une fois, n’a jamais voulu signer avec les Canadiens en tant que joueur. Maintenant, la rumeur veut que Lecavalier vienne travailler pour les Canadiens. Honnêtement, pour ceux qui sont assez vieux pour se souvenir de ces événements et des négociations de contrat, c’est plutôt nul.

Les gens parlaient de Marc Bergevin et de son boy’s club. Les fans commencent à réaliser que la LNH est un boy’s club, et cela n’a rien à voir avec Bergevin. Gorton voulait son homme, Hughes, comme DG. J’ai soutenu ce choix avant même qu’il ne soit annoncé. Mais maintenant, le boys’ club s’agrandit avec l’ajout de St-Louis et potentiellement de Lecavalier. La différence est que Bergevin s’entourait de personnes ayant de l’expérience dans le hockey. Ce n’est pas le cas aujourd’hui.



Les croyances

Il est clair que les fans regardent trop souvent un ancien joueur lorsqu’il jouait et transposent ce succès sur l’impact qu’il aura sur l’équipe qu’il dirigera. Cependant, l’histoire a prouvé que les entraîneurs ou les directeurs généraux les plus performants (en tant qu’anciens joueurs) n’étaient pas nécessairement les plus talentueux lorsqu’ils jouaient.

J’ai ma propre théorie à ce sujet. Les joueurs de haut niveau s’appuyaient sur leurs compétences pour avoir du succès. Les « grinders », c’est-à-dire les joueurs moins talentueux, devaient travailler encore plus dur pour atteindre la LNH et suivre le rythme des joueurs talentueux. Ils ont dû décomposer le jeu, devenir des étudiants du jeu, des stratégies et tout le reste, pour se donner un avantage. Ce sont ceux-là qui font souvent les meilleurs candidats à la direction et à l’entraînement.

En lisant les récents tweets et commentaires de Patrick Roy, les fans croient que le caractère fougueux de Roy est ce dont les Canadiens ont besoin en tant que directeur général ou du moins, derrière le banc. Pourtant, les meilleurs entraîneurs comme Barry Trotz et John Cooper ne sont pas comme ça. Les meilleurs directeurs généraux ne le sont certainement pas non plus, des gars comme Steve Yzerman, Joe Sakic ou Julien BriseBois.

Aujourd’hui, ils pourraient penser que Martin St-Louis sera bon parce qu’il était un grand joueur. Il n’y a aucune garantie de cela, loin de là. Surtout pas en se basant sur le fait qu’il n’a aucune expérience d’entraîneur et qu’il fait ses débuts sur le marché montréalais, où chaque fan pense qu’il est un meilleur entraîneur que les professionnels engagés pour faire ce travail. Mais au moins, tout au long de sa carrière, il a dû faire face à l’adversité.



Un peu d’indulgence

Si vous le permettez, je voudrais revenir sur mon commentaire précédent concernant la comparaison entre le DG et l’entraîneur-chef qui débutent dans la LNH et 1995. En aucun cas je ne compare le duo Houle/Tremblay au duo Hughes/St-Louis d’aujourd’hui. Je soulève simplement la question parce que la dernière fois que l’organisation a opté pour une équipe sans expérience, cela a été désastreux. Cela pourrait être différent cette fois-ci. Le temps nous le dira.



En parlant de cela, les fans doivent maintenant se rallier à la nouvelle équipe de direction et d’entraîneurs des Canadiens. C’est ça ou nous continuons à nous plaindre de tout et de tous. Nous n’avons pas fait ces choix, mais ils sont là pour une raison. Si vous êtes un fan de l’équipe, vous devez avoir un peu de foi dans ce qui va arriver. Malgré ses défauts, Bergevin et son équipe de direction ont fait beaucoup de bien depuis 2018, avec de nombreux prospects de qualité dans le giron de l’équipe. Mais pensez à ceci… si Cole Caufield est intelligent, il devrait bénéficier, en tant qu’ailier sous-dimensionné et talentueux, de l’expérience de St-Louis.

Alors donnez un peu de corde à Gorton, Hughes et St-Louis et voyez ce qu’ils en font. Essayez d’être un peu plus solidaires et positifs, au moins jusqu’à la saison prochaine, pour voir ce qu’ils feront de cette équipe. Avec cette corde, ils pourraient nous surprendre… ou ils se pendront avec. Il n’y a aucun moyen de le savoir. On ne peut pas changer le passé. On peut seulement contrôler ce qu’on fait ou dit à partir de maintenant. Soyons des fans. Asseyons-nous sur les montagnes russes, levons les bras en l’air et profitons du voyage. Qui sait ? Cela pourrait valoir le prix de l’admission.

D’ailleurs, lors du match d’hier soir, on a déjà vu un meilleur effort. C’est positif, non ?

– Par Cheering the logo

Pour vous abonner au Herald, suivez ces liens : Facebook , Instagram et Twitter. Si vous avez aimé cet article, n’hésitez pas à le partager !




En Prolongation

Nick Suzuki : une expérience inestimable


Crédit image entête, cheeringthelogo.ca



Invité Spécial
 

%d blogueurs aiment cette page :