Entrevue exclusive avec Alain Charbonneau !

Alain Charbonneau est un grand ailier gauche, qui est passé par le programme Midget AAA du collège Charles-Lemoyne, avant de jouer 208 matchs dans la LHJMQ. Je vous présente Alain Charbonneau.



Après votre passage dans le Midget AAA, vous avez été repêché par les Saguenéens de Chicoutimi. Comment ça s’est passé et quelle a été votre réaction ?

C’est certains que par rapport à la liste de la centrale de recrutement, je suis sorti plus haut par rapport au classement dont j’étais supposé sortir. Donc, c’est sûr que la journée du repêchage a été une journée assez spéciale. Selon la centrale de recrutement, j’étais le 15e espoir et que dans ces années-là, il y avait 12 équipes. Je suis sorti finalement 51e. Donc, c’est certain que ce fut une journée assez difficile. Après mes entrevues d’équipe durant l’été, avant le repêchage, j’avais le pressentiment que ce serait Chicoutimi. Arrivé en 4e ronde, j’ai dit à mon père, la seule place que je serais content d’aller c’est à Chicoutimi. Je n’ai aucune idée du pourquoi, c’est un « feeling » que j’avais. Quand c’est arrivé le tour de Chicoutimi, ils ont nommé mon nom. J’étais content sur le coup, c’est sûr. Mais, j’étais quand même aussi déçu du rang que j’ai été repêché.

Vous avez joué 2 saisons à Chicoutimi en passant temporairement à Sherbrooke pour une demi-saison. Comment se sont passées vos deux premières saisons ?

Ma carrière junior a été quand même assez spéciale. Mon année 16 ans, quand je suis arrivé à Chicoutimi, on avait quand même une grosse équipe, une bonne équipe. Nous étions seulement 2 joueurs de 16. J’ai quand même eu une saison respectable. J’ai pu jouer 56 matchs. Ce qui est très bon pour un joueur de 16 ans. J’étais utilisé beaucoup en avantage numérique bizarrement. Je me positionnais devant le filet, ce qui a toujours été mon rôle dans mes années juniors.

La deuxième année, je suis arrivé au camp et j’ai eu un bon meeting avec l’entraîneur et il m’avait donné le rôle de protéger 2 jeunes joueurs de petites statures. Malheureusement, au premier match hors-concours, j’ai été blessé à l’épaule. Blessure sérieuse, luxation à l’épaule droite qui m’a fait manquer environ 3 mois, 3 mois et demi. J’avais le choix de me faire opérer et régler le problème au complet ou attendre et me sauver 1 mois et demi sans jouer. Donc, j’ai décidé de ne pas me faire opérer. Comme c’était mon année de repêchage et qu’à 17 ans, tu as toujours l’espoir d’être repêché. Il y avait une liste des prospects québécois et j’étais 28e ou quelque chose du genre. Donc, je ne voulais pas manquer 6 mois, je voulais juste manquer 3 mois, 3 mois et demi. C’est pour ça que j’ai décidé de ne pas me faire opérer. Ensuite, quand je suis revenu aux fêtes, là Chicoutimi a fait un gros échange avec Sherbrooke. Ils ont été chercher Suchy qui était le meilleur défenseur au Canada, Bruce Richardson et David Gosselin contre 5 ou 6 jeunes. Ç’a été une année vraiment misérable. L’équipe était très jeune. Ç’a été plus ou moins bien avec l’entraîneur. C’était un entraîneur de la vieille école qui s’appelait Robert Mongrain. L’école pour lui, ce n’était pas vraiment important et moi je n’avais pas trop de difficulté. Pour mes parents, il n’était aucunement question que je mette l’école de côté pour le hockey. Ça crée un froid avec l’entraîneur et j’ai connu une demi-saison assez difficile autant au niveau hockey qu’au niveau personnel. Il n’y avait aucun lien avec l’entraîneur, on ne gagnait pas. C’était bizarre comme situation, disons.



Comment ça s’est passé loin de la maison ?

C’est sûr que pour moi, mon frère Patrick est passé avant moi. Il a joué junior 4 ans avant que moi j’arrive. On n’a pas joué un contre l’autre. Quand moi je suis arrivé à 16 ans, lui est parti il avait 20 ans. Lui a été repêché professionnel et est allé jouer dans le club-école des Sénateurs. Je savais à quoi m’attendre, je savais c’était quoi. Nous les Charbonneau c’était et c’est encore le centre de notre vie. Donc, faire ce sacrifice-là pour moi, ce n’était pas quelque chose de spécial. De jouer au hockey c’était mon but. Je me servais du hockey pour avoir des études en même temps. Je savais que je n’aurais probablement pas la chance comme Pat de jouer au niveau professionnel. Je n’avais pas ce talent-là. Je voulais aller le plus loin possible et me servir du hockey pour aller à l’université. Ce que j’ai réussi puisque je suis allé à l’université Concordia. J’ai un bac en finance et c’est vraiment le hockey qui m’a permis d’aller là. Côté financier et côté support aussi par rapport à l’école et au hockey.

Avec Chicoutimi, vous avez eu la chance de jouer avec Marc Denis. Comment il était à cette époque ? Quel genre de gardien et de personne était-il ?

En plus, je n’ai pas juste joué avec lui, c’était mon partenaire de pension. C’était toute une personne. C’était incroyable. Personnellement, de loin, de loin le joueur de hockey le plus intelligent que j’ai jamais côtoyé. C’était une machine; c’était incroyable. À l’école, en secondaire 5, sans exagérer, il avait 98% de moyenne générale. Quand tu as 99% ou 100% en religion, c’est quelque chose de spécial. C’est vraiment un individu incroyable. On jouait aux cartes, c’est un gars qui était au camp professionnel, il allait au Colorado et il manquait 1 mois et demi d’école. Il revenait et s’en allait au championnat junior. Il allait à l’école à peu près 6-7 cours par session, et il pétait des scores. Je me rappelle une anecdote, on est en train de jouer aux cartes, 5 gars ensemble, dont 4 joueurs de hockey et il fait un travail en même temps. Quand je lui ai demandé ce qu’il faisait, il a dit qu’il faisait un travail de Philo. 2-3 mois plus tard, je lui demande comment ça été son travail et il me répond qu’il a eu 100% ou 98% quelque chose du genre. L’année d’après, je suis dans le même cours et il nous faisait étudier le texte de Marc Denis. Celui qu’il a écrit en jouant aux cartes avec nous autres. Son texte à lui était l’exemple que le prof voulait qu’on fasse. Lui, il l’a fait sans trop se concentrer. C’était un être vraiment spécial.

Ce qui me faisait capoter de lui, c’est que quand il parlait avec des gens en anglais, il changeait sa voix. Quand il revenait en français, il parlait avec nous comme d’habitude. C’est un vraiment bon gars super gentil. Quand il a rencontré sa femme d’aujourd’hui, Marie-Josée, qui est encore avec lui, j’étais en pension avec et c’est vraiment deux personnes géniales.



À Val-d’Or, vous avez côtoyé des joueurs comme Jean-Pierre Dumont, Steve Bégin et même Roberto Luongo. Parlez-nous de ces joueurs.

Ouais ! C’était spécial. Val-d’Or pour moi a été un peu l’année d’après. La première année on a gagné la coupe. L’année d’après, je suis retourné à Val-d’Or après ce qui s’est passé à Chicoutimi et Sherbrooke. J’ai été échangé durant le repêchage à Val-d’Or. J’ai été encore une fois blessé durant un combat et j’ai eu une grosse luxation de mon épaule encore. Là, je n’ai pas eu le choix de me faire opérer. J’avais les ligaments tellement lousses que dès que je levais mon bras, mon épaule débarquait. J’ai recommencé seulement au mois de janvier avec eux. On avait la grosse équipe. On a été chercher des joueurs à Drummond et un peu partout. Je n’avais pas un grand rôle et j’étais le 13e attaquant. Juste côtoyer ces gars-là, c’était vraiment incroyable.

Jean-Pierre Dumont était un gars vraiment tranquille. C’est un gars qui avait beaucoup, beaucoup de talent. Il scorait des buts en séries, il a dépassé le record de Guy Lafleur avec 31 buts. J’ai beaucoup appris de sa façon de jouer devant le filet. C’est un gars qui jouait bien devant le filet, il plaçait toujours son bâton pour être disponible. C’était vraiment un gars qui jouait dans l’enclave, un peu comme moi je jouais. Donc, en le regardant jouer, j’ai beaucoup appris. Comment bien me positionner, comment me démarquer et comment bien placer mon bâton libre. Mon jeu a vraiment monté d’un cran en regardant jouer Jean-Pierre Dumont.

Steve Bégin, c’était tout simplement incroyable. C’était un personnage. Tout ce qui faisait, c’était toujours à 200% même dans les pratiques. Ce qu’on a vu avec les Canadiens, c’était exactement ça Steve Bégin dans le junior. Il n’y avait jamais de demi-mesure avec lui. Ce n’était pas un gars qui parlait beaucoup ou qui prenait de la place. Il était tranquille. Mais, quand il se levait et disait : « Let’s go les boys on y va. » et qu’il te regardait dans les yeux, tu n’avais comme pas le choix de suivre. C’était comme un petit Maurice Richard. Sa face, elle parlait. C’était vraiment un guerrier. Il n’avait pas le talent pour jouer dans la LNH. Il n’était même pas proche. Il n’avait pas un gros lancer, un gros coup de patin ni des bonnes mains, mais tellement travaillant. Qu’est-ce qu’on a vu de lui à Montréal à manger les bandes, il était comme ça dans le junior et il est comme ça aussi dans sa vie. Je lui parle encore parce que sa fille est dans la classe de mon garçon et il est encore la même personne. Il n’a pas de demi-mesure et quand il fait quelque chose, c’est encore à 200%.

Roberto Luongo a été pour moi, le joueur de hockey qui m’a fait gagner mes deux championnats, la coupe du président, autant à Val-d’Or qu’à Bathurst. Je pourrais dire qu’il était simplement trop fort pour la ligue. Quand lui décidait qu’il goalait, il goalait. En finale à Rimouski, un match c’était 40 à 8 les lancés pour Rimouski et on menait 2-0. Quand Roberto décidait que c’était terminé, c’était terminé. Il était grand, il prenait de la place, il était tellement concentré, il était dans sa bulle. Pour moi, c’est vraiment de loin, le meilleur avec qui j’ai joué et même contre qui j’ai joué. J’ai même joué contre Lecavalier et Daniel Brière, mais Luongo était vraiment spécial.



En terminant votre carrière à Acadie-Bathurst avec le Titan, vous avez pu jouer avec François Beauchemin. Était-il déjà dominant sur la patinoire ?

La dernière année à Val-d’Or, l’équipe s’est vidée et j’ai joué sur le premier trio. Avant Noël, j’avais 24 buts en 24 matchs avec les Foreurs. Après il y a eu le gros échange de Roberto Luongo avec Léo-Guy Morissette qui a passé dans les médias partout. C’était comme une tricherie, il a vendu Luongo et moi j’étais dans cet échange-là. Je me suis retrouvé à Bathurst avec une très, très bonne équipe. On avait, à la défense, François Beauchemin et il y avait Jonathan Girard aussi. Un joueur qui est passé sous le radar un peu parce qu’il a joué peu avec les Bruins et il a eu un accident d’auto et n’a jamais rejoué par la suite. Il aurait joué 25 ans dans la LNH. C’était notre joueur dominant. C’est l’un des patineurs les plus fluides que j’ai jamais vus. Il faisait tout sur la glace. Il était rapide, il était physique et avait un lancer incroyable. Il était meilleur au hockey que François Beauchemin. Pour en revenir à François, il était un peu comme Steve Bégin, c’était un gars qui avait beaucoup de caractère. Moi, je le connaissais depuis longtemps. C’était un petit gars de Sorel et j’ai joué beaucoup contre lui dans mon hockey mineur. Il était un an plus jeune que moi. Moi plus jeune, j’étais dans les grands et gros et François était très fort physiquement, donc on a eu une bonne rivalité sur la glace. Je l’ai connu comme personne. C’était vraiment un bon leader. C’était notre leader. Il était beaucoup plus vocal. Quand tu te pognais le derrière, il ne se gênait pas pour te le dire. Il « pêtait » de bonnes crises dans la chambre quand on ne se présentait pas. C’était un gars sérieux et à son affaire. C’était un exemple à suivre sur la glace et hors glace par son travail avec une excellente éthique de travail.

Est-ce qu’il y a d’autres joueurs qui vous ont impressionné durant votre carrière dans la LHJMQ ? Lequel se démarquait le plus ?

Daniel Brière c’est sûr. Quand il prenait la rondelle, c’était très difficile d’y enlever. Il était très rapide. Il jouait avec deux gros bonhommes, Gordie Dwyer et Bartanus. Moi, j’ai joué durant la Coupe Memorial des Prédateurs de Granby à mon année 16 ans.

Francis Bouillon, c’était tout un défenseur. Dans ce temps-là, je ne pensais pas qu’il ferait le pro parce que dans ce temps-là, la grandeur était plus importante qu’aujourd’hui.

Georges Laraque, c’était Georges Laraque. J’ai joué contre lui à 16 ans aussi. C’est un personnage. Il patinait, ça faisait du bruit. Il était gros, il était fort, il était puissant, c’était malade.

Vincent Lecavalier était tout un patineur. Richards et lui étaient plus frêles physiquement, mais très rapide et ils généraient beaucoup d’attaques. Brad Richards avait un très bon « hockey IQ ». Les deux ensembles, c’était beau de les voir jouer. Ils se trouvaient sur la patinoire.



Vous avez terminé votre stage Junior avec les Chevaliers de St-Jean dans le Junior AAA. Pourquoi êtes-vous revenu dans votre patelin ?

Mon année 20 ans, suite à mon année de 19 ans dont on a gagné la coupe du président et que nous sommes allés à la coupe mémorial. La saison suivante, il y a plusieurs 19 ans qui sont partis et l’équipe était en reconstruction. On a commencé l’année avec 3 joueurs de 20 ans, dont 2 défenseurs et moi, à l’attaque. Au mois de novembre, Mathieu Benoit, un marqueur de 60 buts a eu de difficulté dans la ligue américaine et dans la East Coast et il a décidé de revenir dans le junior. Avec notre défensive, ils ne pouvaient pas se permettre de retrancher un de nos défenseurs de 20 ans et j’avais un mauvais début de saison, donc, j’ai été tout simplement retranché. Pour un 20 ans, il faut produire, et comme on avait une équipe moyenne et que je suis un joueur qui complète les jeux plus qu’il les fait, ça allait moins bien pour moi. Mathieu Benoit, qui a pris ma place, a marqué 9 buts dans un match, deux semaines après son arrivée. Première fois en 20 ans qu’un joueur marquait plus de 8 buts dans un match. Quand Mathieu est arrivé, je savais que c’était moi qui partirais. J’ai essayé d’être échangé, en espérant retourner à Val-d’Or parce que ça avait bien été là, mais avec Les Morissette, il n’y a jamais rien de simple, donc j’ai terminé mon stage avec les Chevaliers.

J’ai été le chronométreur des Chevaliers durant les 4 saisons d’existence de l’équipe à St-Jean. Le plaisir du chronométreur est d’être bien situé pour entendre plein de choses. Quand vous répliquiez aux autres joueurs que vous aviez les épaules finies, est-ce que vous avez eu autre chose ou c’est toujours les mêmes blessures ?

Non ! Encore aujourd’hui, je ne peux pas vraiment travailler. Si je force à bout de bras avec ma main à 90 degrés, ce n’est pas parfait. Quand j’ai joué sénior quelques matchs, dès que j’essayais de retenir un chandail ou quoique ce soit, mon épaule avait tendance à vouloir débarquer.

Vous devenez recruteur en chef avec le Phoenix de Sherbrooke dans la LHJMQ. Quel a été le processus pour devenir recruteur en chef ?

Après ma carrière junior, j’ai été à l’université de Concordia et j’y ai joué 1 an. J’ai été là pour l’école et l’équipe m’a recruté ensuite. Ç’a été plus ou moins bien. Mario Pouliot, au Midget AAA à Saint-Hyacinthe, était l’entraîneur et mon père travaillait pour eux comme recruteur et il lui manquait un assistant. J’ai été assistant pour une saison. Kristopher Letang était un de nos joueurs et je suis allé au repêchage de la LHJMQ pour le voir se faire repêcher. J’ai rencontré un monsieur de la centrale de recrutement qui cherchait du monde de ma région et m’a demandé si je voulais être recruteur. J’ai accepté et j’ai été recruteur pendant 8 ans avec la centrale. Un moment donné, mon frère Pat a pris sa retraite et je l’ai amené avec moi au recrutement et il s’occupait des gardiens parce que celui qui était là avant venait juste de partir. Rapidement, Pat et moi avons été des passionnés et on en faisait beaucoup et nous sommes devenus assez haut dans la centrale de recrutement. Monsieur Pierre Leduc, directeur de la centrale, est devenu le bras droit de monsieur Courteau et le poste de directeur s’est libéré. Pat a obtenu le poste. Il parlait français et anglais mieux que moi, il avait une personnalité plus vocale et plus aimable que moi. J’ai été son bras droit pendant 3-4 ans. On a rencontré Jocelyn Thibault et on est allé aux Jeux du Canada. Quand tu travailles pour la centrale de recrutement, c’est toi qui t’occupes de faire l’équipe des moins de 16 ans au Canada. On a été à Halifax avec Jonathan Drouin et Anthony Duclair, on avait une bonne équipe. Donald Audette était l’entraîneur et Jocelyn Thibault était l’entraîneur des gardiens. Toute l’équipe était dans un hôtel et, nous et Jocelyn, on était dans un autre hôtel. Donc, on a tissé des liens. Ensuite, Jocelyn a créé le Phoenix de Sherbrooke et il a pensé à mon frère et l’a nommé directeur-gérant. Quand est venu le temps de chercher un recruteur chef, ils ont pensé tout de suite à moi.



Si je ne me trompe pas, votre père a aussi été recruteur.

Mon père a été recruteur dans le Midget AAA pendant 25 ans. Quand nous avons joué junior, mon père avait été approché pour être recruteur, mais il ne voulait pas le faire pendant que nous, on était dans la ligue. Quand moi je suis parti de la ligue, il a été recruteur pour 3 équipes différentes. Il a gagné la Coupe Memorial avec Bathurst, l’avant-dernière année. Les 3 ont a été là-dedans en même temps pendant quelques années. On l’a amené avec nous à Phoenix. Mon père était un des recruteurs qui voyait le plus de matchs au Québec. Des fins de semaine de 4-5 matchs, ce n’était pas rare. Il n’y avait plus d’enfant à la maison, donc il en profitait. C’était vraiment un passionné.

Pouvez-vous nous décrire le travail qu’un recruteur en chef fait pour une équipe de la LHJMQ ?

On travaille toujours en équipe parce qu’on ne peut pas avoir des yeux partout au Québec. C’est de trouver des gars de confiance, des gars qui voient beaucoup de hockey. On n’a pas des masses salariales immenses au niveau junior, donc il faut que tu trouves des passionnés. C’est certain qu’en ayant été à la centrale de recrutement pendant 6-7 ans, j’ai eu la chance de rencontrer plusieurs personnes. Je savais déjà qui aller chercher pour m’épauler. On s’est créé une bonne équipe avec de bonnes personnes avec qui on avait du fun. Parce qu’il faut avoir du fun. On ne fait pas ça pour les sous, c’est certain. J’avais 5 recruteurs en dessous de moi. Jusqu’à la veille du repêchage, on travaillait en équipe. On faisait nos listes ensemble, on s’obstinait, on amenait nos points… On créait une liste de joueurs qu’on voulait selon ce que le DG nous demandait. Chaque année c’est un peu différent. Il y a des années qu’il demande plus de « grit », de caractère, des fois c’est plus de vitesse selon les trous que tu as dans ton équipe. Dans la LNH, tu as 5-6 ans pour les développer. Tu peux prendre le meilleur joueur disponible. Tandis que dans le junior, en première ronde et deuxième ronde, tu peux y aller avec le meilleur disponible, mais par la suite, tu y vas avec tes besoins. Parce que dans le junior, c’est des cycles de 3 ans, tu ne peux pas développer des joueurs pendant 5-6 ans. Donc, mon rôle, c’est de travailler en équipe jusqu’au repêchage. La journée du repêchage, c’est moi qui prends les décisions, c’est mon « Show ». J’en parlais avec Pat, mon DG, et si j’avais des hésitations, là je pouvais en parler avec mes collègues aussi.

Vous êtes maintenant entraîneur au niveau scolaire au secondaire. Comment est venue l’idée d’être entraîneur ?

Quand je jouais au hockey, je n’étais pas un joueur de talent. J’avais un gros gabarit, j’étais un marqueur avec un bon lancée, mais je n’avais pas de vitesse et pas d’explosion. J’étais un joueur qui avait une excellente compréhension du jeu par contre. Souvent, l’entraîneur voulait matcher les lignes et, parfois, l’entraîneur se fiait à moi. Je voyais des choses que les autres ne voyaient pas. J’aimais le coaching et ce tout ce qui se fait derrière le banc. Ç’a toujours été en moi. Mes dernières années de recrutement, mes enfants étaient un peu plus vieux. Zakary était dans le hockey scolaire, Lucas dans la structure AAA et mon plus jeune dans le hockey mineur. Être entraîneur-chef, c’est beaucoup de temps. J’avais fait beaucoup de sacrifice familial, j’ai une femme formidable qui aime le hockey aussi. Je me suis remis en question après mon parcours à Sherbrooke. Là, ici à St-Jean-Sur-Richelieu, à la polyvalente Marcel-Landry, il y a le programme scolaire dont Zak aimerait participer. Ils ont ouvert une catégorie benjamin, secondaire 1. Avant, il y avait un juvénile et un cadet. Ils cherchaient un entraîneur et je me suis dit que c’est à côté de chez moi. Je suis un travailleur de nuit dans la distribution, les pratiques sont à 7h30 le matin ou 16h30 l’après-midi, pas de voyagement, je suis à la maison à 18h et les fins de semaine à la maison aussi. C’était un fit parfait dans mon horaire et je voulais essayer le coaching un jour. Mario Pouliot est un entraîneur qui m’a beaucoup influencé. Là, l’option des Oursons est arrivée et c’était parfait pour mon horaire. J’ai rencontré Stéphane Fogues, qui est le responsable des Oursons, et j’ai vendu ma salade en lui disant que je savais très bien que j’avais une forte personnalité et que je voulais essayer. Il m’a donné le rôle il y a 5 ans et je suis encore là.



Est-ce que d’être un entraîneur est quelque chose que vous voudriez continuer à faire dans l’avenir ?

En ce moment, j’ai un bac en finance. Je travaille dans la distribution qui n’a rien à voir avec mon bac en finance. Pourquoi je travaille dans la distribution ? Parce que je travaille dans la distribution de congelé, de crème glacée. La crème glacée, ça fonctionne l’été, et l’hiver c’est tranquille. Donc, l’été je travaille en fou et l’hiver je peux faire du hockey. Donc, j’ai un job qui ne me passionne pas, mais qui me permet de faire ma passion. C’est un rêve de faire du hockey à temps plein. Je vis en ce moment du hockey, quasiment à temps plein. Mais, je n’ai pas le salaire qui vient avec. Quand mes enfants seront partis, est-ce que je vais essayer ? C’est fort probable. Parce que c’est vraiment une passion pour moi. Ça fait juste 5 ans que je suis entraîneur. Chaque année, j’apprends beaucoup et j’ai beaucoup de choses à apprendre encore. J’aime vraiment, vraiment ça. Si un jour ça me permet de faire du hockey à temps plein, c’est sûr que je vais le faire.

Est-ce que vous croyez que le niveau scolaire, qui prend de plus en plus d’ampleur, devrait être encore plus mis de l’avant pour que les jeunes évoluent autant dans le sport qu’à l’école ?

Le hockey scolaire est le futur c’est certain, mais on doit trouver la manière que les meilleurs jouent contre les meilleurs à un coût plus raisonnable que présentement. Si on regarde le programme de développement américain, l’état a décidé de prendre les 25 meilleurs joueurs de 17 ans dans tout le pays et ils ont inventé un programme de développement avec un encadrement incroyable, et tout ça, gratuitement. Mon plus vieux, Zak, vient de terminer son secondaire en jouant les 5 saisons pour les Oursons de PML. C’est incroyable les amitiés qu’il s’est créées, le lien d’appartenance et surtout la fierté d’avoir porté ce chandail. Le hockey c’est une école de vie, et pour moi, le hockey scolaire est vraiment la voie que le hockey doit prendre, et surtout, pas seulement dans les établissements privés. Le public est capable d’en faire autant si la commission scolaire et le gouvernement les aident.

Merci beaucoup, monsieur Charbonneau, de nous avoir donné tout ce temps. Nous vous souhaitons tout le succès possible dans vos projets.

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En Prolongation

Les deux font la paire


Crédit image entête, estrieplus.com



Marc-André Breault
 

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