Domi et Drouin ont complètement revigoré l’attaque montréalaise

En un peu plus de deux décennies, on le sait, les fans du Tricolore n’ont pas été très souvent gâtés, du côté de l’offensive. Pour une raison ou pour une autre, pour avoir un peu de spectacle à se mettre sous la dent, on devait souvent se rabattre sur les défenseurs offensifs. Outre Subban et Markov, je pense entre autres au bon vieux Sheldon Souray. C’est très bien de pouvoir miser sur un général à la ligne bleue. À certains moments, nos meilleurs « attaquants » étaient parfois des défenseurs… Mark Streit, par exemple. C’est également très bien d’avoir la chance de pouvoir compter sur un gardien qui fait des arrêts époustouflants. Après tout, avant Price, bien que ce fût pour de courtes durées, il y a eu Halak, Huet et Théodore. Mais en tant que spectateurs, on ne saurait nier le petit plaisir qui vient avec le show offert par une attaque dominante en plus.



Certes, on a eu le temps de s’exciter un peu avec le tandem Ribeiro/Ryder (65 et 63 points en 2003-04), puis grâce à Kovalev et Plekanec (69 et 84 points 2007-08). Avant le match d’hier, où Domi et Drouin ont tous deux récolté 4 points ou plus, il fallait d’ailleurs remonter 15 ans en arrière pour trouver le dernier duo de joueurs du Canadien à avoir terminé un match avec une soirée de travail semblable. C’était le 10 janvier 2004, dans une victoire de 8 à 0 contre les Penguins. Ribeiro et Ryder avaient alors récolté 4 points chacun, tandis que Sheldon – le plomb – Souray avait obtenu la 1ere étoile du match en vertu d’une superbe récolte de 6 points :

En ce qui concerne Max Domi, à seulement 23 ans et 361 jours, il est devenu hier soir le 2e plus jeune joueur de la riche histoire du Canadien à enregistrer 5 points ou plus sur la route, derrière Mats Naslund (23 ans et 353 jours) et devant Guy Lafleur (24 ans et 31 jours) ! 

Sinon, hormis pour les saisons 2006 à 2009 et la première année de l‘ère Bergevin, en 2012-13, le Tricolore peinait à atteindre le 2.75 buts par match, depuis aussi loin que sa dernière conquête de la Coupe Stanley en 1993 (3.88 buts par match), ainsi que pour 2 des 4 saisons suivantes. Plus précisément, au cours des campagnes 1995-96 (3.23) et 96-97 (3.04)… à l’époque de Turgeon et Damphouse. Ça fait un bail !

Puis, en l’espace d’un an, après une année désolante sur le plan offensif, Marc Bergevin est allé chercher Drouin et Domi, offrant enfin à Montréal un nouveau duo dynamique. Bon, on pourrait toujours classer Pacioretty/Radulov (67 et 54 points) dans le lot, mais la vérité c’est que l’attaque ne produisait pas beaucoup. Bref, pour mettre la main sur un attaquant du calibre de Jonathan Drouin, le Canadien a choisi de se passer du potentiel successeur d’Andrei Markov. Une sorte de rupture avec le passé, quoi. Exception faite du cas McDonagh, bien entendu. Par contre, bien que sévèrement critiqué pour son manque de constance, je ne crois pas me tromper en affirmant qu’il y a une énorme différence entre Drouin et Gomez… Encore une chance ! Imaginons l’attaque du Tricolore, si Drouin n’était pas venu remplacer Radulov !

Pour Scott Gomez, c’est encore drôle, puisqu’il a mené la charge offensive, en compagnie de Tomas Turtleneck, à sa première saison dans l’uniforme du Bleu-blanc-rouge en 2009-10. En effet, il a terminé l’année avec un respectable 59 points, tandis que Plekanec en cumulait 70. Mais bon, pour l’exercice, j’ai préféré me concentrer sur les duos d’attaquants qui ont terminé avec plus ou moins 65 points chacun. Mention spéciale au trio Pacioretty (65 points), Desharnais (60 points) et Cole (61 points) de la saison 2011-12. Par contre, l’équipe accusait alors un certain manque de profondeur, terminant le calendrier régulier avec seulement 212 buts en 82 matchs. 

À ce jour, en tenant compte de la superbe performance collective d’hier, le Domi et Drouin se dirigent vers des campagnes de +/- 75 et 65 points, respectivement. Si tout va bien, Domi devrait être le premier joueur du Canadien à atteindre le plateau des 70 points depuis Tomas Plekanec en 2009-10 !  Avec un peu de chance, il pourrait même devenir le premier à atteindre celui des 80 points depuis Alexei Kovalev en 2007-08…

Depuis les beaux jours de Kovalev, on a dû se compter chanceux d’avoir des attaquants de 60-65 points. Merci Pacioretty ! Pour ce qui est de Jonathan Drouin, je suis convaincu qu’il devrait être en mesure de coller plusieurs campagnes de 75 points et plus, d’ici quelques années. Par ailleurs, je trouve très drôle qu’on le critique autant pour son inconstance, alors que Kovalev était pareil. Pourtant, on a pleuré la perte de ce dernier pendant un bon bout de temps… Il serait temps de commencer à apprécier ce qu’on a, au lieu de se plaindre de ce qu’on n’a pas.



Par dessus le marché, ils ont contribué à l’éveil de Shaw. Bien qu’ils aient par la suite été séparés à quelques reprises, c’est depuis leur réunion que ce dernier est devenu le joueur qu’il est aujourd’hui. À ses 34 derniers matchs, El Shaw a récolté un impressionnant total de 31 points, dont 15 buts ! De quoi bien revigorer l’attaque anémique de la dernière campagne (2.56 buts par match) !

En plus de tout ça, on sait déjà que Tomas Tatar se dirige allègrement vers la meilleure saison de sa carrière, en route vers une campagne de 60 points. Le Tchèque est d’ailleurs le 2e meilleur buteur de l’équipe, à égalité avec Max Domi, derrière l’infatigable Brendan Gallagher et ses 27 buts.

Eh oui, cette équipe maintient une production légèrement supérieure à 3 buts par match (3.06) depuis le début de la saison, alors qu’elle s’est départie de deux de ses potentiels marqueurs de 30 buts en même temps. Certes, Alex Galchenyuk aiderait sans aucun doute à revigorer un brin le powerplay actuellement branché sur le respirateur artificiel, mais je préfère encore Max Domi. Considéré comme une pôooovre victime de Claude Julien, Galchenyuk a fait la preuve en Arizona qu’il n’était bel et bien pas un centre. Pendant ce temps, Domi est venu, en compagnie du jeune Jesperi Kotkaniemi, renforcer la ligne de centre du Tricolore et ainsi permettre à Phillip Danault de souffler.

Qui aurait cru que cette équipe pouvait marquer des buts ? Le Hockey Herald !

Sans Pacioretty, qui marquera des buts ?

Le plus beau dans tout ça c’est que Domi et Drouin on seulement 23 ans. Ils n’ont pas fini de s’améliorer. Avec Kotkaniemi, Tatar, Gallagher, Danault, Shaw, Byron et cie pour les entourer, on peut dire qu’on mise sur une jolie profondeur qui mise sur la jeunesse, Paul Byron étant le plus vieux joueur à évoluer sur le Top-9. Surtout si on tient compte des jeunes qui devraient s’amener dans un avenir rapproché. Bref, les deux premiers marqueurs de cette équipe ont largement contribué à changer le visage de l’attaque montréalaise.

Si l’avantage numérique pouvait finir par devenir le moindrement passable, cette offensive pourrait vraiment devenir dévastatrice…


En Prolongation
Les moyennes de buts par match, au fil des saisons depuis le début du nouveau millénaire :
2018-19 : 3.06
2017-18 : 2.56
2016-17 : 2.76
2015-16 : 2.70
2014-15 : 2.70
2013-14 : 2.62
2012-13 : 3.10 (en 48 matchs)
2011-12 : 2.59
2010-11 : 2.63
2009-10 : 2.65
2008-09 : 3.04
2007-08 : 3.20
2006-07 : 2.99
2005-06 : 2.96
Lock-out
2003-04 : 2.54
2002-03 : 2.51
2001-02 : 2.52
2000-01 : 2.51
1999-00 : 2.39



Crédit image entête, LaPresse.com

Tom L.D. MacAingeal
 

%d blogueurs aiment cette page :