Les petits pieds, les grandes chaussures
C’est fait. C’est maintenant fini. Oui, oui, comme le dit Victor, la mascotte de « Juste pour rire » : » Maman, c’est finiiiii ! »
Oh, mais j’y pense… Il faudrait que je vous dise ce qui est fini: la fatidique date limite pour les transactions dans la LNH. Pour ma part, je ne m’en suis jamais caché, j’aime et j’attends cette journée presque autant que Noël… Disons autant que Pâques ! J’ai d’ailleurs consacré un article complet à cette journée spéciale et imprévisible. Le titre de l’article est Le Noël du hockeyeur. Au risque de me répéter, cette journée, qui coïncide avec le début du printemps, me met… Comme le dirait la légendaire Jocelyne Letendre de l’émission « Radio Enfer », « les nerfs hip de hip dans le shake’n’bake sur le ghetto blaster qui trash dans le dash »…
(Bruits de criquets…)
La raison pour laquelle cette journée, qui revient chaque année comme les impôts… Ou comme l’été… Et les deux durent environ deux semaines… La raison pour laquelle cette date me rend si heureux et optimiste en l’avenir est que, lors de ce jour qui devrait être férié est que absolument tout est possible. Chaque année, sans exception, les amateurs de hockey tombent en bas de leur chaise, car les surprises les plus surprenantes arrivent. Et, une surprise surprenante… Ça surprend !
D’un côté, il y a des joueurs, comme Artturi Lehkonen et Ben Chiarot qui passent de l’équipe qui croupit au fond du classement général à, en un claquement de doigts, au sein d’une équipe qui aspire à soulever la Coupe ou, comme je les appelle, les équipes shop vac… Elles aspirent… Ok, enchaînons !
De l’autre côté, parce que c’est la date limite des échanges, il y a très souvent, et malheureusement, un joueur qui fait le chemin inverse. Tristement pour lui, lui qui était si près du but… Doit maintenant se faire à l’idée qu’il sait exactement quand sa présente saison prendra fin. Il peut presque même estimer l’heure à laquelle il se trouvera en vacances.
Bon, c’est sûr que, dit ainsi, c’est tout sauf joyeux. Quand tes plans pour l’été passent de « Coupe Stanley » à « coupe de cheveux », ça te coupe quelque peu l’esprit de fête…
Mais, étant d’un naturel positif, ou comme je me décrivais à l’intérieur de mon tout premier texte, je suis « hockey positif », je préfère y voir une belle opportunité. Certains me qualifieront de naïf. Qu’importe ce qu’on dit de moi. Moi, j’ai pris le pari d’être heureux, car mon compte de banque m’informe constamment que je n’ai pas les moyens de noyer ma peine. Bon ! Prenons un exemple qui se passe présentement sous nos yeux, celui du Québécois Mathieu Joseph, qui est parti de Tampa Bay au soleil et dans le haut du classement, pour atterrir à Ottawa à l’ombre des séries éliminatoires. Au moment où je vous écris, ils défendent le 28e échelon du classement général. Bon, c’est certain que dans l’immédiat, je ne parierais pas sur ses chances de soulever à nouveau la Coupe Stanley, mais plus positivement : il bénéficiera certainement de beaucoup plus de temps de jeu, davantage de visibilité. Outre mesure, il est indubitable que les Sénateurs d’Ottawa ne sont pas le Lightning de Tampa Bay, mais j’aime bien ce que j’y vois présentement. Beaucoup de jeunes joueurs immensément prometteurs et talentueux commencent à peine à éclore. À l’image d’une grenouille, qui scrute deux endroits à la fois du coin de l’œil, je regarde leur affrontement face aux Islanders. Je ne mettrais pas ma main au feu, car je suis du genre prudent, mais d’après-moi, ça ne sera pas long qu’ils cesseront de se tenir dans la cave du classement. Comme dirait « madame météo » : « Il fera beau à Ottawa avec de fortes probabilités de victoires ! »
Plus près de chez nous, à Montréal, suis-je le seul qui a été enchanté par le travail du nouveau directeur général, Kent Hughes ? En même temps, il le souligne modestement lui-même : il reste encore du travail à faire ! Oui… Mais ça faisait un bail qu’une telle journée ne m’avait pas laissé aussi enthousiaste. Je crois que la dernière fois, c’est lorsque le Canadien a réussi, contre toute attente, à mettre le grappin sur Tomas Vanek. Disons que, pour reprendre la métaphore des petits pieds et des grandes chaussures à chausser, le hockeyeur autrichien n’a clairement pas répondu aux attentes des partisans, dont je suis. Dieu merci, le prix payé aux Islanders afin de l’obtenir n’était pas un Ryan McDonagh ou un Patrick Roy, mais voilà qui en a laissé plus d’un fort amer. Suite à l’élimination du Canadien, il signera un pacte de trois ans avec le Wild avant d’être racheté deux ans plus tard.
À l’inverse, des joueurs, de qui on n’espère que très peu, au mieux de dépanner pendant une période trouble, mais qui finalement s’imposent et deviennent des joueurs réguliers, ça aussi, nous en voyons chaque année. Cet exemple auquel je me réfère souvent n’est pas survenu lors de la date limite des transactions, mais plutôt par le biais du ballotage, mais que dire de Paul Byron ? Celui duquel les Flames ne voulaient plus a rendu… Et rend toujours… De précieux services à l’organisation. Que dire, maintenant, de Samuel Montambeault ? Lui que le CH a repêché, dans le but d’épauler Jake Allen, pendant la blessure de Carey Price a finalement vu beaucoup plus d’action que prévu et, à l’image de ce que je souhaite à Mathieu Joseph, il a su saisir sa chance et se mettre en lumière. Plusieurs vont dire : »On ne gagne pas plus avec lui ! » Ce à quoi je répondrais, pour rester dans le même spectre de réponses : « Celui qui le dit, c’est celui qui l’est. » Boom ! Farces à part, ce n’est pas facile de gagner quand une brigade défensive laisse autant passer de tirs que… hum…un petit cochon qui bâtirait sa muraille avec de la paille… Avec du bois, alors ? Plus sérieusement, les statistiques que j’ai trouvées datent du mois d’octobre dernier, mais il va sans dire qu’elles n’ont changé véritablement que lors du changement d’entraineur. En date du 20 octobre dernier, le Canadien marquait en moyenne 0.75 buts par match, mais en allouait en moyenne 3.75 buts par match. Au niveau des unités spéciales, le Canadien, à pareille date, était toujours en quête de son premier but en avantage numérique et son taux d’efficacité en infériorité numérique lui conférait le 29e rang à ce chapitre. Il va sans dire que c’est dur de gagner lorsqu’on maintient des statistiques pareilles. Je le dis souvent à la blague aux détracteurs de Carey Price, mais ce dernier n’a pas le bon bâton pour marquer des buts et, malheureusement, ça en prend pour gagner des matchs.
Je n’oublierai jamais lorsque le Canadien, par la bouche de son président, Jeff Gorton, a annoncé la nomination de Kent Hughes comme nouveau directeur général. Je ne crois pas que beaucoup l’ont vu venir, cette nomination, et je m’inclus dans le lot. Alors que toute la planète hockey était au bord de l’explosion, tant elle frétillait d’excitation à l’idée de savoir qui, entre Mathieu Darche et Daniel Brière, se verrait affubler de la tâche colossale de redresser cette équipe en perdition, de lui redonner son lustre d’autrefois, à l’image d’une vieille Cadillac en piteux état trouvée dans le fond d’un garage. « Thanks, MTV, for pimpin’ my ride » … Avouez que vous avez entendu, dans votre tête, la voix suave de Xibit ?
Tant qu’à parler des émissions qu’on écoutait jadis à Musique Plus, à l’époque où on n’y jouait déjà plus de musique, connaissez-vous Catfish ? C’est à l’intérieur de cette émission que des personnes rencontrent finalement des internautes à qui elles discutaient en ligne, mais sans ne jamais les avoir jamais vues. Chaque fois, cette enquête menée par Neev, l’animateur, ainsi que son acolyte, revêt une importance démesurée, car des vies reposent sur ces idylles souvent chimériques. À la fin de chaque émission, lorsque l’imposteur se voit démasqué, un peu comme dans Scooby Doo, c’est le choc. C’est très souvent quelqu’un à qui on n’aurait jamais pensé. C’est un peu ce qui s’est passé dans la nomination de Kent Hughes. Je peux facilement imaginer que toute la planète hockey a rendez-vous avec le prochain directeur général du Canadien, dans un parc. Tout un chacun scrute l’horizon, afin de découvrir si ses présomptions sont fondées puis, c’est finalement quelqu’un de complètement inattendu qui se pointe au rancart. Tout le monde présent au rendez-vous se regarde donc dans l’espoir d’y trouver des réponses… « Est-ce que c’est surprise sur prise, tu crois ? » Demande quelqu’un… « Où sont les toilettes » demande l’autre… Tout le monde, ou presque, est alors resté sur sa faim. Force est d’admettre que les attentes n’étaient plus aussi élevées, car plusieurs l’ont déclaré perdu d’avance. Lors de cette journée sombre pour certains, je me souviens d’avoir ressorti l’histoire de Réjean Houle, car plusieurs partisans réclamaient un ancien joueur francophone…
Oh qu’il fallait qu’il soit francophone… Je ne serais même pas surpris d’apprendre que tous les candidats au poste ont dû se soumettre à une dictée…
Houle, ou « Peanut » de son surnom, était un joueur et un francophone, mais ces deux qualités hautement recherchées ne l’ont pas empêché de passer la pelle mécanique dans cette équipe qui venait tout juste de remporter la Coupe Stanley. Oh, ce n’était pas mal intentionné. À ce propos, je n’oublierai jamais ce qu’en disait un journaliste hockey que j’admire, François Gagnon, dans le cadre de l’émission « Génération » jadis diffusée à l’antenne de Musimax : « N’importe qui sans expérience de gestion, mais un moindrement sensé qui se verrait offrir la direction du Canadien de Montréal répondrait : »Non, mais es-tu malade ? Je n’ai pas les qualifications pour ce job ! » Lui, avec son grand cœur, a répondu : « d’accord, je vais faire de mon mieux ! Vous pouvez compter sur moi ! » Voilà, c’est ça. Tout est là. Il n’était pas méchant, mais il n’était pas qualifié non plus.
C’est donc dans cet esprit de surprise, mais en me consolant bêtement que le CH ne pouvait pas chuter au 33e rang du classement, que j’ai accueilli Hughes. Comme je me souviens avoir répété souvent : « Donnons-lui une chance… » Et je m’en félicite, aujourd’hui, bien que je n’aie aucun mérite à m’attribuer. Je suis un peu à l’image de quelqu’un qui ne participe aucunement à la production d’un travail d’équipe, mais qui signe son nom néanmoins à côté de celui des autres. Dans mon esprit, Hughes n’avait pas de grandes chaussures à chausser, car je n’avais aucune attente envers lui. Force est d’admettre que, s’il était mon enfant, je devrais lui acheter une nouvelle paire d’espadrilles, car il vient de les défoncer. Chapeau à vous, monsieur Hughes, et que le meilleur soit encore à venir !
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En Prolongation
Crédit image entête, NHL.com
Sources:
https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=393863006074516&id=100063524590487&sfnsn=mo
https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=10158424796967353&id=132756582352&sfnsn=mo
https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=10159757736874477&id=5800809476&sfnsn=mo
http://notrehistoire.canadiens.com/player/Thomas-Vanek
https://www.ledevoir.com/motcle/thomas-vanek
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Thomas_Vanek
https://www.journaldemontreal.com/2021/10/02/le-canadien-reclame-samuel-montembeault-au-ballottage
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Paul_Byron
https://www.tvasports.ca/2021/10/20/ch-des-statistiques-desolantes
https://www.lapresse.ca/sports/hockey/2022-03-21/le-canadien/retours-inattendus-et-tentatives-ratees.php
https://www.nhl.com/canadiens/news/welcome-home-kent-hughes/c-329902704
https://www.tvasports.ca/2020/03/31/ch–les-dix-pires-echanges-des-30-dernieres-annees
https://www.tvasports.ca/2020/12/06/je-ne-remercierai-jamais-assez-rejean-houle
https://www.rds.ca/hockey/le-parcours-de-rejean-houle-1.218835