Laine 2.0
Le moins qu’on puisse dire, c’est que Patrik Laine a un parcours atypique. Frappé par la fameuse guigne de la 2e 3e année, le Finlandais a été vertement critiqué pour sa saison 2018-19, où il a terminé le calendrier régulier avec 30 buts… après en avoir inscrit 21 à ses 24 premiers matchs ! Son inconstance et son manque d’implication lui ont valu pas mal de reproches. La plupart étant justifiés…
Au cours de l’été, rien pour s’aider, Laine a décidé d’étaler ses doléances dans les médias. En plus de critiquer son temps de glace, le franc-tireur s’est même permis de se plaindre de l’identité des joueurs avec qui il devait évoluer. Grosso-modo, il ne s’est pas gêné d’avancer qu’il méritait de jouer avec de meilleurs compagnons de trio.
Représenté par un agent très gourmand, Laine a laissé traîner les négociations durant tout l’été avant de céder et d’accepter un contrat de transition. À ce moment, je me suis dit que c’était peut-être la meilleure chose qui pouvait lui arriver. Chevaldayoff lui a passé un message en lui démontrant clairement que personne n’était plus gros que l’équipe. Si Laine veut les gros bidous, Laine devra d’abord les mériter. Et qu’y a-t-il de mieux pour motiver un joueur que de le forcer à faire ses preuves ?
D’ailleurs, après sa signature, l’ailier a rapidement dévoilé ses couleurs. Il est en mission et il a promis qu’il allait marquer une tonne de buts au cours des deux prochaines saisons. Ces éléments, en plus de la perte inattendue de la totalité de la brigade défensive des Jets, ont possiblement contribué à faire taire les rumeurs persistantes voulant que l’équipe tente de l’échanger. Au pire, si ces rumeurs sont fondées, sa valeur n’en sera que plus alléchante…
Mine de rien, grâce à ses deux plus récentes performances de respectivement 3 et 4 points, le gros ailier des Jets devance aujourd’hui son rival de Toronto, Auston Moustachews, et est à égalité avec un certain Connor McDavid, qui a toutefois un match en main, au sommet des meilleurs pointeurs de la ligue :
McDavid : 4pj – 3b, 7a = 10 points +2
Laine : 5pj – 3b, 7a = 10 points +6
Matthews : 5pj – 6b, 1a = 7 points +3
Mais, même avant ces deux excellentes performances, à Winnipeg, on vantait déjà le Patrik Laine 2.0… un peu comme à Montréal avec Jonathan Drouin, quoi ! On le sent plus impliqué, plus complet. En plus de mieux exploiter ses attributs de passeur, Laine accorde visiblement plus d’importance à son jeu défensif et à toutes ces petites choses qui contribuent au succès d’une équipe. Tout ceci, sans que sa production offensive n’en souffre.
En effet, la saison dernière, après 5 matchs, blanchi dans 3 d’entre eux, il revendiquait 2 buts et 1 seule aide. Cette saison, Laine a inscrit au moins un point à chaque match. Mieux encore, 9 de ses 10 points ont été obtenus alors que son équipe évoluait à forces égales… une situation dans laquelle il éprouvait un peu plus de difficulté. Le tableau qui suit nous permet d’ailleurs de mieux chiffrer le tout :
Bien sûr, la saison débute à peine, il reste encore 77 matchs aux Jets, et Laine ne tiendra certainement pas la cadence. Eh non, il ne faut pas s’attendre à le voir terminer l’année avec 164 points :'(… Néanmoins, il démarre bien et je pense qu’il est tout à fait possible qu’il revienne à une saison de 40 buts et 70 points, voire plus. S’il continue de la sorte, il n’y a pas le moindre doute qu’il finira par obtenir son précieux 10M par saison, d’ici deux ans. Et surtout, Cheveldayoff – ou son successeur ? – n’aura pas l’impression de se laisser manger la Laine sur le dos.
Pour terminer, j’espère que cette saga puisse servir à nous rappeler une chose que nous avons tendance à trop souvent oublier : la patience envers les jeunes joueurs talentueux qui traversent des moments plus difficiles peut parfois être payante. Payante comme, genre, 10-11M…
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Crédit image entête, John Woods/La Presse Canadienne via ici.Radio-Canada.ca