Les Blues, ou comment être un maître d’orchestre
Il n’y a pas à dire, Doug Armstrong m’épate. Suivant un modèle que je considère semblable à celui déjà utilisé par les Bruins, le DG des Blues a abattu de la bonne besogne pour maintenir un haut niveau de compétitivité sans passer par une reconstruction. Je suis carrément en admiration devant les manœuvres de ce club.
En l’espace d’un an seulement, Armstrong a mis la main sur non pas 1, ni 2, mais bien 3 centres ! En effet, il aura suffit d’une seule année pour que le maître d’orchestre des Blues ajoute Tyler Bozak (via le marché des joueurs autonomes) et Ryan O’Reilly (transaction) à Brayden Schenn !
En pleine première ronde plutôt tranquille de l’encan 2017, Armstrong avait sauvé le show en effectuant 2 transactions. D’abord, il a mis la main sur Schenn, en cédant se débarrassant de Jori Lehtera… et 2 choix de 1ere ronde ! Avec ces deux choix, les Flyers ont sélectionné Morgan Frost (27e, 2017) et Joel Farabee (14e, 2018). De plus, le choix cédé en 2017 n’était même pas celui des Blues, mais celui obtenu dans la transaction qui envoyait Kevin Shattenkirk à Washington… Et, comme si ce n’était pas suffisant, Armstrong a trouvé le moyen de récupérer un 2e choix de 1ere ronde en transigeant Ryan Reaves aux Penguins ! Lui-même n’en croyait pas ses yeux !
Reaves: "First thing I saw was, 'It sounds like Reaves is going for a first-rounder.' I was like 'OK, obviously that's a bunch of garbage.'"
— Jeremy Rutherford (@jprutherford) June 24, 2017
Évidemment, il faut relativiser la chose en précisant qu’il s’agissait de la toute dernière carte de la première ronde (31e) et que les Pens ont également reçu une sélection de 2e tour (51e) en retour… Tout de même, en plus d’ajouter Schenn à son alignement, le DG des Blues a donc pu sélectionner Robert Thomas (!) avec son propre choix (20e) et le gros ailier Klim Kostin au 31e échelon.
Loin d’être satisfait, Armstrong a récidivé à la dernière date limite des échanges, en acceptant de se départir des services de Paul Stastny, alors que son équipe pouvait pourtant toujours légitimement espérer se glisser dans le portrait des séries éliminatoires. Mais ce n’était plus suffisant pour la Direction… Après des années à faire les séries pour ainsi dire rien, l’équipe a décidé d’agir en conséquence et de prendre le risque de « sacrifier » une ou deux saisons pour se propulser à nouveau au sommet. Avec, cette fois-ci, de réelles chances de pouvoir prétendre à la Coupe. Je dis sacrifier entre guillemets, car les Blues se sont tout de même fort bien débrouillés, dans l’ensemble, la saison dernière… en plus de causer toute une surprise parvenant à se rendre jusqu’au 2e tour l’année précédente. En ce sens, ils n’ont pas fait de vente de feu pour terminer dans la cave et repêcher plus haut… ce qui est tout à leur honneur !
Bref, grâce à cette transaction qui s’inscrivait dans la lignée de celle de Shattenkirk, les Blues se sont assurés d’avoir un droit de parole en 1ere ronde (Stastny ← → Erik Foley, 1ere ronde (29e, 2018), 3e ronde (conditionnel, 2020) ) La condition concernant la signature de Foley, le choix est annulé, puisque ce dernier a accepté un nouveau contrat avec les Blues.
Éternel insatisfait, Armstrong a ensuite transigé son tout nouveau choix de 1ere ronde, accompagné d’une sélection de 3e tour (76e) au Leafs, en retour du premier choix de ces derniers (25e). St-Louis a alors arrêté sa décision sur l’Allemand Dominik Bokk. En retour de Stastny et Shattenkirk, deux joueurs qui n’allaient de toute façon pas être de retour, les Blues se sont donc assurés d’obtenir de précieux assets. Voici une façon de faire qui devrait graduellement voir naître de plus en plus d’émules.
Ensuite, le 1er juillet, quelques heures après avoir accordé 5M par saison pour une durée de 3 ans, au joueur autonome sans restriction Tyler Bozak, les Blues ont arraché l’excellent Ryan O’Reilly aux Sabres, en retour de Vladimir Sobotka, Patrik Berglund, l’espoir au centre Tage Thompson (26e, 2016), ainsi que des sélections de 1er (2019 ou 2020) et de 2e tour (2021) ! B’en oui, Bergevin dormait au gaz, diront certains… Mais Bergevin n’avait pas 3 (!) centres à céder pour O’Reilly (Berglund, Sobotka et Thompson peuvent tous évoluer au centre) ! D’ailleurs, on raconte que le prix exigé à Bergevin pour cet ancien pivot des Sabres et l’Avalanche était en vérité 3 choix de 1ere ronde ! Merci Bergevin de ne pas avoir flanché pour de l’aide immédiate, alors qu’on peut enfin miser sur un bassin de jeunes espoirs au centre digne de ce nom !
Mais, quand tu as déjà Schenn, vient d’ajouter Bozak, et peut miser sur Thomas dans ta banque d’espoirs, tu peux bien plus aisément consentir à te départir de deux centres défensifs dans la 30aine, plus un espoir au centre et un ou deux choix pour acquérir un joueur de la trempe de O’Reilly ! C’est ça le truc, quand on veut comparer un DG qui a fait une transaction à un autre qui n’a pas pu : Il faut regarder les cartes que les DG en question avaient en main ! Bien que j’aurais vraiment aimé voir le Canadien parvenir à soutirer Schenn aux Flyers, il s’agit d’une donnée qu’on oublie un peu trop souvent de considérer :
Soyons juste, lorsque vient le temps de faire des reproches.
Bref, quelques mois seulement après que Brayden Schenn ait connu sa meilleure campagne en carrière (28 buts, 70 points, +10, à 26 ans), les Blues ont ajouté Ryan O’Reilly et Tyler Bozak, sans même avoir à toucher à leur core (Tarasenko, Schwartz, Parayko et Pietrangelo) et en parvenant à conserver leur meilleur espoir (Thomas) ! WOW ! Disons qu’il s’agit, pour les Blues, de meilleures options au centre que les Stastny, Berglund, Lehtera, Ott, Lapierre, Goc et Jokinen sur lesquels ils ont misé, à un moment ou un autre, en 2014-15 !
Disons que ce n’est pas pour rien que Doug Armstrong est le DG de la concession depuis déjà 8 ans (après 2 ans en tant que Directeur du personnel des joueurs), et qu’il a obtenu une prolongation de contrat de 4 ans (avec une 5e année en option), en décembre 2017… Pour terminer, mentionnons que son premier gros mouvement fut d’acquérir Jaroslav Halak en retour de Lars Eller (et Ian Schultz), et qu’il a été nommé Directeur Général de l’Année en 2013. Il ne lui manque plus qu’un vrai bon gardien partant, et on pourra dire qu’il aura complètement revampé cette concession qui avait le blues de la vie !
https://www.youtube.com/watch?v=qOwB0NjRaBo
En Prolongation
Crédit image entête, Jeff Roberson/AP via Sportsnet.ca
