La traversée du désert
En absorbant les 3 années restantes au contrat de Marcel Marian Hossa, John Chayka a mis la main sur deux jeunes joueurs qui pourront aider et rendre des services intéressants à l’équipe dès la saison prochaine, en Hinostroza (24 ans, attaquant, 25 points en 50 parties en 2017-18) et Oesterle (26 ans, défenseur, 15 points en 55 parties la saison dernière).
Ce n’est certainement pas la transaction du siècle, mais ça demeure tout de même un mouvement intéressant. Nommé directeur général de l’équipe le 4 mai 2016, en remplacement de Don Maloney (alors en poste depuis 9 ans), il s’agit de la 3e fois qu’on voit John Chayka conclure une transaction de la sorte… Peu après son arrivée à la tête de cette concession moribonde, le jeune DG a en effet accepté d’éponger la dernière année restante au contrat (7.5M) de Pavel Datsyuk, alors que ce dernier allait terminer sa carrière dans la KHL. Pour mettre la main sur le 16e choix au total de l’encan 2016, les Yotes, en plus de libérer les Wings du contrat de Datsyuk, ont dû céder leur choix de 1ere ronde (20e au total), une sélection de 2e tour (53e) de la même année, et le vétéran Joe Vitale (qui n’a plus rejoué dans la LNH depuis).
Mon avis sur cette dernière transaction n’a toujours pas changé : à mes yeux, les Coyotes auraient dû recevoir plus. Dans bien des cas, ajouter un choix de 2e ronde pour monter de 4 échelons – relativement éloignés, qui plus est -, pourrait être perçu comme un prix suffisant à payer. Bref, je crois, en voyant ce que les Canes ont pu soutirer aux Hawks pour Brian Bickell, ou encore la transaction plus récente qui a amené Joel Armia à Montréal, que l’équipe de l’Arizona s’est un peu fait avoir. Cela dit, il s’agit d’une opinion bien personnelle, et le choix en provenance de Détroit aura tout de même permis aux Coyotes de mettre la main sur Jakob Chychrun. Ce dernier, malgré des ennuis de santé qui l’ont forcé à rater 32 matchs durant la dernière campagne, est une pièce de taille pour la brigade défensive de ce club récemment aussi désertique que l’endroit où il évolue…
Peu de temps après cet échange, Chayka a récidivé en recevant le contrat de Dave Bolland (auquel il restait encore 3 ans à 5.5M par campagne), en provenance des Panthers, en retour de choix de 2e (2018) et 3e (2017) rondes, dans le but de mettre la main sur le gros ailier Lawson Cruise. Maintenant âgé de 21 ans, cette ancienne sélection de 1er tour (11e au total, 2015) n’est toujours pas parvenue à faire sa place dans la LNH. Comme bien d’autres avant lui, j’estime qu’on lui a fait faire le saut dans la LNH trop tôt. En effet, après avoir terminé son parcours dans la OHL, et seulement 2 matchs dans la AHL, on a jugé qu’il était mûr pour la grande ligue, avec pour résultat un maigre 12 points, et un différentiel de -20, en 72 parties. L’année dernière, après 11 matchs et 1 seul but (-6), on s’est enfin résout à l’envoyer dans la Ligue américaine. En 56 matchs avec les Roadrunners, Cruise a marqué 15 buts et cumulé 32 points, tout en maintenant un différentiel de +3. Il faut souligner, également, qu’on ne l’a pas amené avec le gros club dans une situation qu’on pourrait qualifier d’optimale – loin s’en faut-, alors que pratiquement toute l’équipe se cherchait… Bref, Lawson Cruise demeure un espoir que je trouve intriguant. Encore une fois, il s’agit cependant seulement de mon avis. Cela dit, à 6’4 et 215lb, tout en étant loin d’être dénué de talent, Cruise a le physique de l’emploi.
Donc, ces trois dernières transactions risquent d’être meilleures pour l’équipe que celle qui amenait le contrat de Pronger en Arizona, accompagné de Nicklas Grossmann, en retour de Sam Gagner et des choix de 4e (2016, conditionnel) et 3e rondes (2017)…
Les traces du court passage de Grossman avec les Coyotes; HockeyDb.com
Mais bon, ça c’était une transaction signée Maloney, et il n’est pas le sujet d’aujourd’hui. Le sujet de cet article, c’est mon opinion en train de changer (très) favorablement envers Chayka. Si je ne cache pas qu’il ne m’a pas beaucoup impressionné à ses débuts, je trouve que cet adepte des statistiques avancées commence à laisser sa griffe sur sa jeune équipe. En plus d’être parvenu à s’assurer de conserver les services de l’excellent Olivier Ekman-Larsson au delà de la prochaine campagne, au terme de laquelle son dernier pacte se terminera, Chayka accumule ce que je crois être de bons coups, depuis 1 an ou 2.
D’abord, je dois dire qu’il m’a beaucoup impressionné durant l’été 2017, alors qu’il a trouvé le moyen de mettre la main sur Derek Stepan (centre), Niklas Hjalmarsson (défenseur) et Antti Raanta (gardien), en l’espace de quelques heures. Le premier a été en mesure d’offrir précisément le genre de performances qu’on attendait de lui, en terminant la saison avec une jolie récolte de 56 points. Depuis 2013, on peut dire que Stepan est pratiquement réglé comme une horloge, alors qu’il a terminé ces saisons avec des récoltes respectives de 57, 55, 53, 55, puis 56 points… À seulement 28 ans, il a encore plusieurs bonnes saisons devant lui. En ce qui concerne Hjalmarsson, après des débuts difficiles, il a été en mesure d’apporter une grande stabilité défensive à l’équipe, malgré des passages à l’infirmerie, au fur et à mesure que la saison progressait. Le gros suédois de 31 ans a su maintenir un différentiel de +4 à ses 36 derniers matchs, terminant la campagne avec -3 en 48 parties. Maintenant accoutumé à sa nouvelle équipe et – souhaitons-le – de retour en pleine santé, le vétéran devrait rendre de précieux services sur le flanc gauche des Yotes pour les saisons à venir. Enfin, Antti Raanta, 29 ans, s’est potentiellement révélé comme étant la meilleure acquisition du DG, en terminant la dernière campagne avec un excellent pourcentage d’arrêts de .930 ! En plus de ça, le gardien est parvenu à maintenir une jolie moyenne de buts alloués de 2.24, tout en devant lui-même composer avec des blessures… WOW !
Bref, ces trois morceaux ont largement contribué aux succès inopinés de l’équipe dans le dernier droit du calendrier, avec une jolie fiche de 17-10-2-1 à leurs 30 derniers matchs ! À tout ceci, il faut ajouter ce que je considère comme étant d’excellents repêchages :
2016 : Clayton Keller (7e), Jakob Chychrun (16e)
2017 : Pierre-Olivier Joseph (23e)
2018 : Barrett Hayton (5e)
et… l’acquisition d’Alex Galchenyuk ! Si je suis convaincu que Max Domi deviendra rapidement l’un des favoris de la foule du Centre Bell, il n’en demeure pas moins que j’ai toujours aimé Galchenyuk et que ce dernier dispose d’un très grand talent naturel… À lui de saisir sa chance, au sein d’une équipe pour qui les succès futurs deviennent vraisemblablement plus qu’un simple mirage ! Il y a également l’acquisition de Richard Panik, en retour du controversé Anthony Duclair, qui s’est avérée payante… le Slovaque récoltant 19 points (+4) en 35 joutes avec sa nouvelle équipe. En plus, Chayka a profité de cette transaction pour rapatrier le jeune (23 ans) Laurent Dauphin qui, tout comme Cruise, demeure un espoir qui pique ma curiosité. À son retour dans le club-école des Yotes, Dauphin a réussi à obtenir 15 points (+5) en 17 matchs… son meilleur résultat dans cette ligue. Dauphin avait précédemment pris la route de Rockford, afin d’y rejoindre les IceHogs, alors que Bowman obtenait ses services, en compagnie de l’arrière Connor Murphy, en retour de Hjalmarsson.
Enfin, voici une nouvelle preuve qu’il faut parfois faire montre de retenue lorsque vient le temps de juger le travail d’un DG, un peu comme dans le cas Joe Sakic :
Si être DG de l’Avalanche « ça kick » des culs, par les temps qui courent, être le DG des Coyotes donne sûrement envie de chanter (remplacez Chaiyya par Chayka, et amusez-vous autant que moi !) :
Même la décision de limoger le réputé Dave Tippett pour embaucher Rick Tocchet semble commencer à payer… On raconte que Tippett pourrait fort bien se joindre à la concession de Seattle, le moment venu.
Crédit image entête, RDS.ca
