Quand Superman crie à l’aide…

Il y a déjà quelques semaines, Carey Price qui est selon moi le visage principal de la concession du Canadien, a publiquement avoué sa détresse en entrant dans le programme d’aide de la LNH et de l’association des joueurs. Étant donné que tout comme quand nous consultons à l’hôpital, les renseignements demeurent confidentiels. C’est donc impossible de savoir si c’est pour se sortir d’une dépendance ou pour se sortir d’une détresse psychologique, mais rendu-là… Ça n’y change rien.

Bien humblement, je vous l’avoue : j’ai beaucoup de mal à supporter la pression et je suis quelqu’un d’extrêmement anxieux. Sans parler que la principale pression avec laquelle je dois composer est celle de choisir à quel restaurant j’irai dîner avec ma femme. Même dans mes rêves les plus fous, jamais je ne m’imagine dans une situation où des millions de spectateurs et de partisans regardent absolument tout ce que je fais et sont prêts à me crucifier à la moindre bévue… Et vous savez que pour bien des gens, c’est à peine une figure de style. Pour réaliser l’ampleur de la situation, je vous suggère de lire les commentaires sous une publication qui traite de Price ou du CH… Ou une publication tout court… Ça, c’est quand la publication elle-même n’est pas qu’un concentré de rage

Sérieux, guys…



Comme l’a déjà dit le mythique Jacques Plante : »À quel point aimeriez-vous un métier où chaque fois où vous faites une erreur, une grosse lumière rouge s’allume et 18 000 personnes vous huent ? »

C’est ça. C’est tellement ça. Et Plante, l’inventeur du masque de gardien de but, a pris sa retraite en 1974. Donc, la situation ne date pas d’hier. Là, je ne veux pas entrer dans le débat voulant que c’est normal d’être aussi hargneux avec un individu sous prétexte qu’il est bien payé, car premièrement, ce débat n’a pour moi ni queue ni tête et, deuxièmement, ce débat semble comme un téléphone Nokia… Il semble éternel.

Je veux juste mettre en lumière cette situation pour démontrer à quel point le cerbère canadien a fait preuve de nerfs d’acier depuis son repêchage en 2005. C’est sûr que cette saison (qui est encore jeune) ne fait pas foi de tout, car le CH, avec sa moyenne de 0.8 buts marqués par match (avant l’explosion offensive contre les Red Wings) qui lui confère le 32e rang à ce chapitre, ne nous a pas habitués à un pareil spectacle…

Pas à ce point, du moins…

Mais le CH n’a presque jamais eu, dans les dernières années, une attaque dévastatrice, une attaque intimidante. Le rôle du gardien de but devient alors on-ne-peut-plus important, car c’est difficile de gagner avec une attaque qui peine à produire. La marge d’erreur devient alors quasi-inexistante.

Cette pression et cette interdiction de connaître une mauvaise journée au bureau, Price la vit quotidiennement. Le meilleur exemple, selon mon humble avis, de l’étendue de son sang froid est le calme quasi-inquiétant dont il a fait preuve, au cours des séries éliminatoires. Très souvent, ses coéquipiers à l’attaque et à la défense ne lui offraient que peu de buts, mais il parvenait presque toujours à s’en contenter et à repousser les dizaines de tirs, souvent provenant de l’enclave… Et du bâton de joueurs vedettes… Alors que moi, ma montre intelligente me demandait si je vivais un infarctus, lui, de par son calme, il semblait nous répéter « chill out ».



Je ne suis pas spécialiste de la psychologie, mais cette histoire me fait penser à quand le tableau de bord de ma voiture m’indique qu’il y a un problème, mais moi, par paresse ou par manque de fonds, je l’ignore et je grimpe le son de ma radio qui griche. Dépendamment du problème, cette solution qui n’en est pas une ne dure qu’un temps. Si ça se trouve, lorsque je me rends au garage ou quand mon véhicule cesse tout bonnement de fonctionner, le bris ne s’en voit que décuplé. Je crois que le gardien de but a vécu la même histoire. Je suis persuadé que son corps lui a envoyé des signes clairs qu’il fallait qu’il s’arrête, mais chaque fois, il les a ignorés. Maintenant, il ne peut plus continuer. Il doit absolument régler le problème pour reprendre la route. Le logo « check engine » est allumé dans sa tête et dans son corps. Maintenant, tout son tableau de bord en lui est illuminé comme un sapin de noël.

Je l’ai dit souvent… Et je risque de le répéter encore, mais les Canadiens, comme le reste des joueurs de la ligue, ne sont pas que des sportifs, voire des salariés. Pour des millions d’enfants de par le monde, ils sont des modèles, des héros, des sources d’inspiration. Moi, le premier, j’aurais tellement souhaité devenir comme Félix Potvin, Raymond Bourque ou Mario Lemieux tant sur la glace qu’à l’extérieur. Dans mes yeux de petit garçon, ces hommes étaient des héros au même titre que Superman et tous les autres qui portent les caleçons par-dessus leurs collants. Ces hommes semblaient inébranlables, invincibles, forts et capables de tout… Même de plier un drap contour!

Moi, pendant que je les adulais, je souffrais psychologiquement. Ça n’allait vraiment pas bien entre mes deux oreilles, mais je pense qu’inconsciemment, j’essayais de respecter le modèle d’homme fort du début des années 2000 dont mes idoles faisaient partie. Jamais je n’étalais mes problèmes que ce soit en privé ou en public. J’accumulais mes problèmes et mes pépins qui, à l’origine, n’étaient que grains de sable, mais avec le temps, je me suis ramassé avec une litière… Un carré de sable… Un Beachclub de problèmes. Les cailloux et les tracas me sortaient par les oreilles. Je ne pouvais plus avancer. Je coulais au fond. J’avais le « check engine » allumé.



J’aurais peut-être dû en parler…

Encore aujourd’hui, c’est tabou d’aborder le sujet. Moins qu’il y a 20 ans, j’en conviens, mais je mettrais ma main aux Flames de Calgary que beaucoup de gens continuent de se monter une plage, un Ogunquit de problèmes, plutôt que de laisser tout ce sable sortir. Peut-être qu’ils essaient de construire un château… Mais la seule utilité de ce château est de les garder captifs.

Je crois cependant que de voir une telle déclaration publique, pas nécessairement de vulnérabilité, mais simplement d’être humain, va prouver aux plus jeunes et aux moins jeunes, car il n’y a pas d’âge pour avoir des cailloux entre les oreilles, que c’est normal, voire salutaire, de demander de l’aide et d’avouer qu’on est humain.

J’aimerais tellement que Carey Price revienne une fois remis sur pied et qu’il soit encore meilleur qu’au cours des dernières séries éliminatoires, pour qu’il démontre de façon sans équivoque qu’une fois qu’on a pris soin de soi, qu’il est possible de viser à nouveau le sommet. S’il est vrai qu’il faut prendre notre mal en patience, je crois qu’il est d’autant plus impératif de prendre notre bonheur en urgence.



En somme, je tiens à offrir mes plus sincères vœux de rétablissement à Carey Price qui a probablement été trop fort, trop longtemps. Souvent, on dit, car c’est la norme « prompt rétablissement », car « prompt » veut dire « vite ». Ici, je ne lui souhaite pas un rétablissement vite, mais un bon, car souvent, ce qui est fait à la va-vite ne dure qu’un temps. Je lui souhaite donc de prendre son temps, histoire de bien faire les choses. De toute façon, même s’il revenait cette semaine, le CH ne gagnerait probablement pas plus… Car, pour ce faire, il faut parvenir à marquer des buts… Et Carey Price n’a pas une bonne moyenne dans ce département. Je rigole. Espérons que le match d’hier donnera des ailes à l’offensive de l’équipe sur le long terme.

Il y a de ces moments, dans la vie, par exemple lors de tragédies ou de catastrophes naturelles, où le hockey passe au second plan… Pas souvent, mais ça arrive… Par exemple, cette semaine où nous avons appris que le légendaire Mike Bossy souffrait d’un cancer.

Mon but n’est pas de classer les tragédies qui nous accablent ou qui assaillent les joueurs sous leur armure, mais juste de rappeler qu’il y a de ces fois où le hockey n’est pas tout ce qui compte. Comme cette histoire qui affecte le gardien du Tricolore ou comme celle qui a affecté Jonathan Drouin au cours de la dernière saison.

Lors de ces moments orageux, on ne peut que souhaiter tout le meilleur du monde à la personne éprouvée et espérer que le reste de l’équipe y ira… Allen.

Merci, bonne journée.

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En Prolongation

Les séries éliminatoires, un rêve déjà inatteignable ?




Tirage !
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Crédit image entête, Eric Bolte-USA TODAY Sports



Sources:

« Absence pour se refaire une santé mentale | « Carey sera de retour » | La Presse » https://www.lapresse.ca/sports/hockey/2021-10-07/absence-pour-se-refaire-une-sante-mentale/carey-sera-de-retour.php

« Jacques Plante (hockey sur glace) — Wikipédia » https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Jacques_Plante_(hockey_sur_glace)

« Carey Price — Wikipédia » https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Carey_Price

« Statistiques du Canadiens de Montréal | RDS.ca » https://www.rds.ca/hockey/canadiens/statistiques



David Leboeuf
 

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