P.K. Subban, l’étoile filante…

Comme une comète qui revient de temps à autres, nous l’avions perdu dans l’obscurité. Parfois, il nous arrivait des photos plus ou moins floues de l’étoile ayant passablement pâli avec le temps. Dans le ciel de Montréal, c’était somme toute relativement calme. Quelques étoiles filantes ça et là, mais aucun cataclysme semblable à …

P.K. Suuuuuubbaaaaaaan!



À l’occasion de l’affrontement entre les Canadiens et les Predators, deux équipes de qui le flamboyant défenseur a porté les couleurs, la direction du Canadien de Montréal a tenu à rendre hommage à l’athlète canadien qui a certainement marqué les esprits et l’imaginaire des amateurs de sports.

En quelque sorte, le Subbanator est à mon sens la coriandre du monde du hockey. Soit on l’aime, soit on le déteste. Personne ne reste indifférent à l’exubérant personnage… comme à ce mystérieux buisson que certaines personnes désirant relever le goût du plats intègrent à leur mets.

Bref. N’étant pas Ricardo, ni même Donatello ou Michael-Angelo, je ne m’épancherai pas davantage dans le domaine culinaire.



Non, j’ai plutôt envie de parler de « mon » Subban. comment moi, je le vois, car au risque de me répéter, son passage de moins d’une dizaine d’années n’a laissé absolument personne indifférent. En soi, je conçois qu’il est en quelque sorte une expérience sociale à part entière. La première question qu’il soulève est: pourquoi a-t-il créé autant de vagues, tout au long de son passage? On l’entend souvent de manière péjorative, mais au Québec… car je n’ai pas les connaissances nécessaires pour affirmer qu’il en est de même à la grandeur du Canada…

Règle générale, on nous apprend tôt de manière implicite, ce n’est pas écrit textuellement nulle part, à ne pas prendre trop de place, à rester discret. C’est pour cette raison que autant d’attention médiatique est octroyée à ceux qui osent prendre la parole de façon assumée, car ça détonne de façon draconienne avec le reste de la masse. Dans toutes les sphères de notre vie, on dirait que c’est encouragé de rester effacé et en retrait, de mener notre petit train-train tranquille, sans créer trop de vagues, sans ne jamais embêter notre voisin qui en fera de même avec le sien. Collectivement, ça donne une belle province pour le moins tranquille et où il ne faut pas parler trop fort, pour ne pas froisser personne…

Oh que Subban n’en avait que faire de cette culture privilégiant le calme et prônant une conduite qui ne crée aucun remous. Dès son arrivée et jusqu’à son départ qui ne s’est pas fait sans fracas, il a été lui-même. D’une certaine façon, à travers la quiétude relative d’un Québec qui ne va pas si mal, il a semblé hurler qui il était. Et plus les médias ou les amateurs semblaient vouloir le faire taire, plus il semblait crier fort.

Un peu comme mon garçon de quatre ans finalement…



On peut lui reprocher son exubérance, mais on ne pourra jamais lui reprocher son manque de transparence. Lui, il ressemblait à une laveuse à spin, mais où le bouton pour l’arrêter était cassé. Il n’y avait pas moyen de l’arrêter. Chacune de ses émotions, il les vivait comme s’il n’y avait pas de lendemain. Quand il aimait, il pouvait virer le monde à l’envers.

D’après-moi, il l’aurait fait pour la ville de Montréal…

Quand il était heureux, il ne se contentait pas d’un sourire en coin poli. Non. Il était absolument euphorique. Pas de farces, c’était semblable à une participante à The Price is right qui s’amène sur la scène.

Calm down, Ginette!

Subban, contrairement à un autre credo qui est enseigné peut-être maladroitement, il ne donnait pas dans la demi-mesure. Quand il a donné au Children’s Hospital de Montréal, il n’a pas seulement participé à un souper spaghetti. Non, il s’est engagé à donner 10 millions de dollars à l’établissement de soins de santé. Personnellement, mon plus vieux a dû être traité à cet hôpital, tant son cas nécessitait d’être traité par un spécialiste. À l’image de l’homme, on ne peut ignorer le don de l’athlète, car il est affiché en grandes lettres.

Et c’est parfait ainsi.

Si on peut décrier les pires ignominies en LETTRES MAJUSCULES, il devrait être tout autant acceptable d’écrire les nouvelles qui redonnent foi en l’humanité, elles aussi … EN GROSSES LETTRES.

Vous savez, on nous répète souvent que la beauté réside dans l’oeil de celui qui l’a regarde. Je crois qu’il en va de même avec la mauvaise réputation du joueur récipiendaire du trophée Norris. Lui, de son côté, il ne faisait qu’être lui-même, avec tout ce que ça implique, car comme avec la coriandre, il n’existe pas de version diète ou édulcorée. Non, c’est toute ou pantoute. Si tu veux un défenseur discret, je te conseille Andrei Markov. Il fut certainement un excellent général de la brigade défensive, mais pour déclencher les passions lors des matchs sans lendemain, je vous recommande un Subban. Une fois que le brasier de l’émotion est allumé, qui sait ce qu’il peut ravager?



Dans son autobiographie, le retraité préposé à l’équipement ayant travaillé pour le Canadien pendant plus de 30 ans, Pierre Gervais, y faisait allusion : Subban, jusque dans le vestiaire, il ne laissait personne indifférent. Certains aimaient. D’autres… Autant que je peux aimer la coriandre.

Subban, c’est ça. Ça l’est resté sans le moindre compromis jusqu’à un jour d’été de 2016 où le monde du hockey a tremblé. Je m’en souviens encore. Comme lors de certaines journées marquantes, on se souviendra éternellement où nous étions et que faisions-nous lorsque nous avons appris la nouvelle. Ce détail aux allures anodines révèle pertinemment bien à quel point cet échange qui a emmené Shea Weber à Montréal en était un majeur.

Je n’oublierai jamais quand les médias rapportaient que Subban avait marqué autant de but, avec Nashville, que Weber avait joué de matchs à Montréal, tant il était souvent blessé. Je ne pourrai jamais non plus oublier la finale de la Coupe Stanley qui a suivi ce jour fatidique. Subban, l’année suivant l’échange monstrueux, s’est rendu jusqu’à la grande finale de la Coupe Stanley, mais s’est finalement incliné face aux Penguins de Pittsburgh qui remportaient, en 2017, une deuxième Coupe d’affilée.

Oh que je n’ai pas pu m’empêcher de penser à quand Patrick Roy a été échangé. L’année suivante, il a remporté la Coupe Stanley au Colorado. En même temps, aurions-nous pu en vouloir à Subban d’avoir été échangé?

J’en doute fort.

Depuis ce jour de 2016 où la comète s’est envolée vers d’autres cieux, on en entend beaucoup moins parler. Peut-être est-ce parce qu’il crie maintenant moins fort…

Je ne crois pas.

Il a évolué à Montréal, comme il a été échangé : dans le bruit assourdissant des haut-parleur à et la lumière aveuglante des flashs des appareils photos, car j’imagine que c’est ainsi que naissent et meurent les étoiles, dans le plus grand fracas, afin que personne ne puisse l’ignorer. Chaque étoile se veut unique, mais dans la pléthore d’astres au firmament, elles sont toutes semblables dans leur unicité. Cette nébuleuse métaphore représente aussi tous les joueurs de la Ligue nationale. Chacun veut se démarquer et être unique. Malheureusement, au final, on n’en retient qu’une poignée comme les quelques constellations connues par le commun des mortels. En proportion versus le nombre innombrable d’étoiles qui tentent d’accrocher notre regard, c’est fort peu….comme les joueurs qui ont marqué l’histoire du hockey versus tous les joueurs ayant évolué dans la Ligue nationale…

Toujours est-il que, il y a quelques jours, le Subbanator fut de retour à Montréal, là où il a donné… Et reçu… Tellement: d’amour, de lumière, d’étoiles, de magie et d’énergie… Comme une étoile filante… Et on ne peut qu’être heureux et ravis de revoir cette étoile qui s’est allumée devant nous, il y a une quinzaine d’années déjà. Pour certains, c’était lors de la nuit des temps, alors que le ciel était encore sombre…

Puis arriva Subban. Depuis, le ciel a bien changé à Montréal.

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Crédit image entête, pinterest.com




Sources:

https://fondationduchildren.com/en/about-us/pk-subban

https://www.rds.ca/hockey/canadiens/p-k-subban-a-ete-echange-aux-predators-de-nashville-contre-shea-weber-lnh-1.3446368

https://www.tvasports.ca/2021/06/26/pourquoi-le-canadien-a-remporte-lechange-subbanweber-5-ans-plus-tard-1-1

David Leboeuf
 

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