Mon père, mon joueur étoile

Je suis désolé de commencer à froid, comme un chirurgien qui aurait omis l’étape de l’anesthésie, mais je tiens à vous informer, avant de commencer…

Vous n’apprendrez rien, à propos du Tricolore, ni, non plus, à propos du Rocket et encore moins à propos de la ligue de bière de votre comté.

Non, aujourd’hui, comme le titre l’indique, je veux vous parler du joueur ayant le plus marqué mon amour du hockey…

Non, ce n’est pas Raymond Bourque…

Non, ce n’est pas non plus Brian Savage ou Andrei Kovalenko…

En fait, vous pouvez fermer votre onglet « Wikipédia », il n’a jamais joué, pour une autre équipe que les Old Timers de Stoke.

Cet homme, c’est mon père, Michel Leboeuf.

Mon père qui est malheureusement décédé, en fin de semaine dernière, entouré des fans actuels des Golden Seals d’Oakland.

Vous l’aurez compris. Pour rendre son dernier souffle, il était seul.

Oh, je sens que l’ambiance vient de changer; je dois faire une blague pour détendre l’atmosphère…

Savez-vous quel est le type de tir préféré des secrétaires?

Le tir sur réception?

Badoum tssss!

Oh, j’ai encore mieux : que fait un partisan des Sabres de Buffalo, quand il voit son équipe préférée remporter la coupe Stanley?

… Il ferme sa console de jeux vidéo!

Bon, OK.

Quoi, qu’entends-je, en provenance de la Zone Molson Ex?

Pourquoi je vous parle de lui, dans le Hockey Herald?

Premièrement, j’ai la chance d’avoir un patron qui me laisse carte blanche, tant que je parle de hockey… Et je le remercie!

Ensuite, parce que je crois pertinemment que, avant les vedettes du Circuit Bettman, ceux qui insufflent l’amour du hockey, l’ingrédient principal nécessaire à ce qu’on commence à empoigner le bâton de hockey, pour, peut-être, un jour, commencer à jouer, dans une ligue, ce sont les parents ou des proches.

Dans le cas échéant, pour moi, ce fut mon père.

Dans mon premier texte, celui où je me targue d’être « hockey positif »…

Oui, oui, celui juste avant que je me mette à parler de : racisme, maladie mentale, suicide… Et de Boston.

C’est une blague, d’accord? Je tiens à ce qu’on reste dans le texte léger.

Dans ce texte, je vous racontais à quel point, un match de hockey, c’est tellement plus que ce qui se déroule sur la surface glacée.

Eh bien, mon père, lui, il l’avait compris, et il m’a transmis cette façon de penser qui, comme on dit, « change la game ».

Imaginez que je vous achète une console de jeux vidéo, mais avec une manette et un jeu. Point.

J’espère que ce sera un excellent jeu!

À mon sens, chaque facette du match de hockey, que ce soit: le plaisir de décorer une pancarte, la trompette ou la crécelle, la bouffe d’aréna…

Je ne sais pas si c’est pareil, une partie de séries éliminatoires, avec un bon petit sac de pieds de brocolis…

Rajoutez à ça : la musique qui se rattache au hockey, la mascotte, l’énergie de la foule où il se crée, l’instant d’une soirée, une microsociété temporaire…

Des exemples du genre, je pourrais vous en nommer une centaine, et, à l’image de jeux vidéo, ce sont tous de nouvelles façons de profiter de votre console.

Eh bien, mon père a été un joueur étoile, pour nourrir le feu de mon amour, pour ce monde à part entière qu’est le hockey, et, ce, jusque dans ma chambre…

Si Gilles Vigneault chantait : » Mon pays, ce n’est pas un pays, c’est l’hiver », moi, ma chambre, ce n’était pas une chambre, c’était un temple de la renommée.

… Et une décharge municipale, je sais…


Imaginez la scène; sur les quatre murs de ma chambre : absolument sur tout le périmètre, ma collection de mini-hockeys, juste en dessous de ma collection de rondelles. Juste au-dessus, absolument partout, des affiches de joueurs trouvées jusque dans une boîte de Corn Flakes.

Juste à côté de ma porte d’entrée, il y avait mon mur des célébrités : une parcelle de mur avec des autographes parfois amassés derrière un reçu (pas trop) souillé.

Dans l’autre coin, trônait fièrement ma télévision avec toutes mes consoles de jeux vidéo avec lesquelles je pouvais avoir jusqu’à 21 jeux… Pour une console… Tous de hockey…

Oui, je sais, j’ai été un enfant bien négligé…

… NOT!

Sinon, à l’intérieur de mon garde-robe, vous vous en doutez, des vêtements de hockey, d’un bout à l’autre.

Mon père n’était pas le fan de hockey le plus flamboyant, mais il a toujours tout fait en son pouvoir pour nourrir mon amour, brûlant comme un feu de la Saint-Jean pour ce sport que je considère, encore aujourd’hui, comme le plus beau sport au monde.

En guise d’exemple, en 1998, alors que, en grande finale de la coupe Stanley, les Red Wings de Détroit sont venus à bout, pour mettre la main sur leur deuxième titre consécutif, des Capitals de Washington, mon père m’avait laissé inviter deux amis, à la maison, et il nous avait tous donné : une casserole et des cuillères de bois, pour qu’on puisse faire autant de bruit que si nous étions à l’amphithéâtre…

… Mais nous étions, dans un petit quatre et demi, niché dans le haut d’un duplex…

… Mes excuses, aux voisins…

Car, complètement survoltés, pour encourager le légendaire Olaf Kolzig, des Capitals de Washington, nous scandions : Zilla, Zilla, Zilla… Ziiiiiiiillaaaaa!

Les Capitals, comme vous le savez, ont malheureusement perdu, mais, pour ma part, j’ai gagné un souvenir duquel je parle encore avec le coeur noué….

Non, mais avez-vous vu le prix des batteries de cuisine?!

Je crois qu’il aurait été pertinent de cuisiner une bonne sauce à spaghetti dans une caisse claire…

Badoum tssss…

Papa, à l’image de Jonathan Roy, qui a joué à la même position que son père, le légendaire Patrick Roy, je ne pourrai jamais devenir la moitié de l’homme que tu as été…

Mais, comme Jonathan Roy, oh que je vais essayer, car c’est maintenant à moi d’enfiler les jambières, car, cette fois, c’est moi qui suis père et, comme quand on affronte notre propre fantôme, dans Mario Kart, je vois que, au même âge, tu es loin devant.

… Mais, avec un peu de chance, je pourrais me servir d’un champignon…

Papa, comme, ici, c’est un journal consacré au hockey, je ne parlerai que de ce qui touche au hockey, mais sache que tu as toujours été, dans ma vie, le meilleur joueur, le meilleur fan et le meilleur coach.

Je t’aime.




Tirage !
Pour avoir une chance de remporter un superbe chandail autographié de Ryan Poehling, consultez le lien ci-dessous :


Crédit image entête, Courtoisie



David Leboeuf
 

%d blogueurs aiment cette page :