Mike Danton: « Et le principe de la dette payée à la société, lui? »

NDLR: Ancien des Devils du New Jersey et des Blues de St-Louis (LNH) puis, plus tard, des 3L de Rivière-du-Loup (LNAH), Mike Danton a été condamné, en 2004, à sept ans et demie de pénitencier fédéral aux États-Unis pour complot pour meurtre. Transféré au Canada puis libéré sous probation en 2009, Danton est depuis devenu une inspiration et un exemple extraordinaire de réhabilitation. Le texte ci-dessous est une traduction de l’anglais d’un texte écrit par Danton lui-même et l’auteur de ces lignes, qui connaît l’homme encore mieux que le joueur, peut se porter garant de sa sincérité.





Il n’est pas dans mon habitude de me plaindre sur les réseaux sociaux ou dans les médias, mais cette fois-ci, je ne peux m’en empêcher.

Comme vous le savez peut-être, je me rends chaque semaine à Fredericton afin de terminer mes études en kinésiologie. Lorsque je ne trouve pas de AirBnb convenable ou d’ami chez qui crécher, je dors sur la banquette de ma voiture. Ce n’est pas un problème en soi, car nous savons tous que j’ai dormi dans des endroits pires qu’un siège arrière.

Il y a 14 ans, j’ai commis une erreur qui m’a coûté ma carrière dans la LNH, mais qui, en revanche, m’a certainement sauvé la vie. J’ai dit à maintes reprises que même si je regrettais ce qui s’est passé, je suis reconnaissant d’être allé en prison. Indépendamment de votre opinion sur ce qui peut ou peut ne pas avoir transpiré, j’ai enfreint la loi et servi mon temps comme un champion.

Lors de ma libération, j’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour être un bon et honnête citoyen qui a dû lutter sans relâche pour vaincre son passé et faire taire les mauvaises langues. Pendant ce temps, j’ai réussi à obtenir un double majeur de Saint Mary’s tout en jouant au hockey professionnel outre-mer et fondant une magnifique famille bien à moi.

Photo: Facebook

Il a toujours été difficile d’échapper à mon passé, surtout lorsque j’ai essayé de fonder une académie de hockey et de faire progresser mes garçons dans le hockey. J’ai eu droit à de nombreux regards de travers et plusieurs ragots à mon sujet, mais j’ai persévéré et essayé de contrôler ce que je pouvais.

Terminer ma maîtrise, et potentiellement mon doctorat, allait enfin me permettre de faire taire tous les imbéciles qui pensent encore que je suis un criminel ou une espèce de merde violente qui ne mérite que du malheur. Je pensais qu’épouser une femme instruite, avoir trois enfants formidables, être diplômé d’une université respectable et jouer au hockey professionnel dans diverses équipes achèverait de convaincre la société, si on veut, que je suis réhabilité.

J’étais dans le champ.


Une partie de mon cours de maîtrise m’amène à travailler avec un large éventail d’équipes sportives (lycées, universités, etc.). Deux fois au cours des trois dernières semaines, on m’a demandé de travailler avec certaines de ces équipes (je ne dévoilerai pas lesquelles, ou à quels endroits) en tant que leur conseiller, en quelque sorte. Après plusieurs jours de correspondance, de planification, etc., on m’a dit qu’après avoir fait quelques découvertes au sujet du « nom » dans les courriels, ils n’étaient plus «à l’aise» à l’idée que je travaille avec leurs joueurs.

Danton lors d’une conférence anti-intimidation – Photo: Facebook

Il va sans dire que c’étaient deux coups dans les couilles assez durs à encaisser. Des situations comme celle-là me font me demander: qui donc serait mieux placé pour éduquer la nouvelle génération au sport, sur et hors de la glace, qu’un joueur qui a joué au plus haut niveau, tout foutu en l’air, puis s’est repris en mains pour enfin connaître le succès et devenir une personne de qualité?! De plus, pendant combien de temps une personne doit-elle être obligée de vivre dans l’ombre de son passé? Et le principe de la dette payée à la société, lui?

Je suppose que je voulais partager cela parce que, dans la société d’aujourd’hui, dans laquelle chaque putain de chose a ses propres droits et les gens marchent sur le bout des doigts pour n’opprimer ou froisser personne, ce type de comportement ne devrait pas être accepté.

Cependant, dans mon cas, il l’est et le restera, semble-t-il.

Je suis juste reconnaissant, dans ces moments-là, d’avoir une famille merveilleuse qui ne porte pas de jugement et un excellent groupe d’amis qui n’hésitent pas à remettre les gens à leur place en mon nom. 

À la prochaine. 

En attendant, soyez « classy » et restez hors de prison.



Combativement vôtre,

Mike Danton

For the original, English version, click here

 

Montage: Hugo Cotnoir et Jade Ampleman


Crédit image entête, Mikedanton22.com



Serge Côté
 

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