Le dossier des entraîneurs francophones à Montréal : Un regard en profondeur

Ah, la question de la langue liée aux Canadiens de Montréal. Nous n’y échapperons jamais, n’est-ce pas ? Voyons voir… Dans un monde où les gens sont offensés par une chanson de Noël des années 1940, « Baby it’s cold outside » ? Dans une société où il faut dire aux gens de ne pas manger les Tide Pods ou de ne pas lécher les sièges des toilettes publiques ? Et dans une société où il faut retirer les armes à feu des personnages de dessins animés comme Elmer Fudd et Yosemite Sam ? Permettez-moi de douter que cela disparaisse un jour. Au contraire, cela ne fera qu’empirer, car les gens sont offensés par tout et n’importe quoi. Pire encore, ils sont encouragés par le fait que nous vivons dans un monde où ils obtiennent ce qu’ils veulent, peu importe si cela profite à la majorité ou seulement à eux-mêmes.



Avec l’incertitude quant à l’avenir de Claude Julien en tant qu’entraîneur-chef en raison de ses récents problèmes de santé, le sujet a refait surface. Certaines personnes se sont élevées contre Marc Bergevin après l’annonce de son remplacement par Kirk Muller, sur une base intérimaire. Ils étaient contrariés que le directeur général des Canadiens ait dû presque s’excuser du fait que Muller n’était pas bilingue. Voici ses mots exacts, directement tirés du communiqué de presse :

« Nous comprenons que Kirk ne parle pas français, mais ce sont des circonstances exceptionnelles et nous vous demandons votre compréhension. Par respect pour Claude et sa famille, je ne répondrai plus à aucune question sur son état de santé« . ~ Marc Bergevin, 13 août 2020.

Mais pourquoi a-t-il ressenti le besoin de parler du fait que Kirk ne parlait pas français ? Si vous vous posez sincèrement cette question, laissez-moi vous rafraîchir la mémoire. En 2011, après avoir renvoyé Jacques Martin, l’équipe a nommé Randy Cunneyworth sur une base intérimaire jusqu’à ce qu’ils trouvent un autre entraîneur. Et c’est ce qui s’est passé…

Qu’il s’agisse d’avoir plus de joueurs canadiens-français ou d’avoir un directeur général et un entraîneur bilingues, vous aurez toujours le public qui trouve ce critère ridicule. Ils ont l’impression que cela limite la sélection. Ils s’opposent à ceux qui comprennent la nécessité d’avoir des gens qui parlent la langue de Molière au sein du Canadien de Montréal.

Nous avons beaucoup parlé par le passé des raisons pour lesquelles il est nécessaire que les Canadiens de langue française fassent partie des Canadiens, mais cela a-t-il changé depuis ? Continuez à lire et surtout, essayez de garder l’esprit ouvert. Si vous êtes unilingue anglophone ou si vous êtes parfaitement bilingue, comprenez que ce n’est pas le cas de tout le monde.

La démographie de la population

Nous savons que la première langue du Québec est le français et que beaucoup ne parlent pas l’anglais. C’est en partie pour cette raison que les Canadiens ont adopté ce critère de bilinguisme. Mais quels sont les chiffres réels les plus récents ? Selon Statistique Canada, voici les chiffres les plus récents dans les catégories « Langue maternelle » et « Langue au travail ».



Oui, les Habs ont des fans dans le monde entier et il y a de fortes chances que la plupart d’entre eux parlent l’anglais ou une autre langue que le français. Oui, les autres langues sont probablement plus nombreuses que le français dans la fanbase, mais Montréal est située au Québec, tout comme le Centre Bell. Tout comme le complexe sportif Bell à Brossard, tout comme les journalistes. Enfin, la plupart de leurs sponsors dont les clients sont majoritairement… français.

Les organisations québécoises, une plaque tournante

Les Canadiens de Montréal et les Nordiques de Québec ont grandement contribué à donner aux entraîneurs locaux leur première chance. Depuis 1979, on a vu Jacques Demers, Michel Bergeron, Jacques Lemaire, Jean Perron, Ron Lapointe, Pat Burns, Mario Tremblay, Alain Vigneault, Michel Therrien et Guy Carbonneau devenir entraîneurs-chefs dans LNH.

Six de ces dix entraîneurs se retrouvent dans le top 50 des victoires de tous les temps. Leur carrière s’est traduite par huit participations à la finale de la Coupe Stanley, quatre championnats et neuf trophées Jack Adams.

Bien entendu, la plupart de ces entraîneurs ont travaillé à différents endroits dans la ligue après avoir été congédiés par Montréal ou Québec. Mais si on ne leur avait pas donné la possibilité de travailler chez eux, combien d’entre eux auraient trouvé un emploi dans la LNH ? Probablement aucun d’entre eux.

De l’autre côté de la frontière, seules cinq équipes depuis 1979 ont donné aux Canadiens-Français leur première chance d’être entraîneurs dans la LNH. Les North Stars du Minnesota (Pierre Pagé), les Penguins de Pittsburgh (Pierre Creamer), les Blackhawks de Chicago (Denis Savard), l’Avalanche du Colorado (Patrick Roy) et les Lightning de Tampa Bay (Guy Boucher). Dans deux de ces cinq cas (Savard et Roy), il s’agit d’anciens joueurs qui ont eu un impact énorme sur ces équipes. Pour les deux autres (Creamer et Boucher), ils travaillaient dans l’organisation des Canadiens alors qu’ils entraînaient le club affilié dans la LAH, ce qui leur a permis d’obtenir une nouvelle opportunité due au CH.

Alors, résumons, voulez-vous ? Depuis 1979, soit une période de 41 ans, 15 entraîneurs en chef du Québec ont fait leurs débuts dans la LNH. Une douzaine d’entre eux le doivent aux Canadiens ou aux Nordiques.



Conclusion

Nous pouvons affirmer sans risque que sans Montréal, de nombreux entraîneurs talentueux n’auraient jamais la chance de faire carrière dans la LNH et de montrer ce dont ils sont capables. Le fait que Geoff Molson et son équipe de direction comprennent la question et s’engagent à y mettre l’accent est une bonne chose, et ce, malgré les grognements de beaucoup.

À l’été 2018, Bergevin et les Canadiens ont engagé deux grands entraîneurs à en devenir, Dominique Ducharme et Joël Bouchard, qui a ensuite ajouté Alex Burrows à son équipe. Le temps nous dira jusqu’où ils iront en tant qu’entraîneurs de la LNH, mais s’ils le font, ils auront eux aussi obtenu leur premier poste dans l’organisation du Canadien.

En ajoutant le bilinguisme aux critères de recherche, l’équipe se lie-t-elle inutilement les mains en limitant ses sélections pour ses candidats ? Oui, ils risquent de passer à côté d’excellents candidats. Personne de sensé ne le niera. Cependant, si l’on regarde les Burns, Lemaire, Bergeron, Therrien, Demers et Vigneault, auxquels il faut ajouter les Ontariens francophones Jacques Martin, Bob Hartley et Claude Julien… Ces noms sont la preuve indéniable qu’il y a beaucoup de talents à exploiter pour trouver des candidats de qualité pour entraîner le Canadien de Montréal tout en étant capable de communiquer avec la fanbase locale au Québec. Go Habs Go !

Par JD Lagrange

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Crédit image entête, JDLagrange.com



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