Je suis un Mimeault
J’ai un pote qui s’appelle Mimeault. C’est un fan de hockey, un vrai. Un fan des Bruins, en vérité. On s’est connu sur la page de RDS, à l’époque où les amateurs s’en servaient comme forum principal pour partager leur passion commune du hockey.
Passion à s’insulter, surtout… selon les allégeances à telle ou telle équipe, en fait. D’ailleurs, mon pote Mimeault m’a ajouté après une sorte de joute d’insultes. Il m’a dit qu’il appréciait mon sens de la repartie, en quelque sorte. La rivalité Boston-Montréal n’a de secret pour personne. On s’est quand même envoyé valser quelques fois, bien sûr.
Pourtant, j’ai un secret sur le hockey.
Mon pote Mimeault m’a appris qu’on pouvait aimer son équipe, sans dénigrer gratuitement celles des autres. En fait, on l’a probablement un peu appris ensemble, je dirais. Par contre, il m’a appris qu’on pouvait reconnaître les défauts de son équipe, et être déçu de ses insuccès, sans pour autant la laisser tomber.
Mon pote Mimeault est comme ça. Certes, il a tellement jubilé de la dernière Coupe des siens qu’il en a perdu ce qui lui restait de cheveux. Mais même avant, même après, quand ça allait moins bien ou même quand ça allait carrément mal… s’il était déçu, ou même fru, il n’abandonnait jamais son équipe. Contre vents et marées, il était toujours là, prêt à la supporter. Quand un joueur faisait une connerie – style un coup dans les gosses – il ne se gênait pas pour le décrier. Mais, après coup, il se rangeait derrière chaque joueur de son équipe. Il n’essayait pas de savoir si un tel joueur avait trompé sa femme, ou si un autre avait fait une ou deux cures de désintox.
Mimeault pouvait critiquer, mais jamais laisser tomber. Quand ça allait mal, il ne commençait pas à vouloir échanger tout le monde et virer tous les dirigeants. Il se rangeait derrière son team, et s’y tenait coûte que coûte.
En tant que fan de hockey, je suis un Mimeault. Je suis derrière le CH, et peu importe qu’ils ratent les séries et que je ne comprenne pas ce que Sylvain Lefevbre fait pour être toujours en poste, ou encore même si j’aimerais bien échanger Pacioretty en raison du gros retour potentiel, je me range derrière eux aussi. Non, ok, pas Lefebvre, ça c’est trop me demander.
C’est drôle : En presque 7 ans « d’amitié », je ne l’ai jamais vu. Mais on a correspondu et discuté si souvent. De la vie, des gens qu’on n’aime pas, des gens qu’on aime… mais surtout du hockey. En tant que fan de hockey, il m’a beaucoup appris. Tout comme lui, je ne ressens pas le besoin d’insulter les fans des autres équipes. Comme mon pote Mimeault, je suis avant tout un fan de hockey. Comme mon pote Mimeault, je supporte mon club. Dans la victoire comme dans la défaite. Comme mon pote Mimeault, je demeure fan de mon équipe même lorsqu’elle doit malheureusement s’absenter du portrait des séries… Je pense que j’aime autant le Tricolore qu’il aime les Oursons. Tout comme lui, je sais que dénigrer et huer son équipe ne mène à rien.
J’avais prévu sortir cet article dans d’autres circonstances. Je savais qu’il n’allait pas très bien. Je voulais qu’il sache que même à distance, il m’a appris beaucoup en tant que fan. Je voulais lui remonter le moral un peu, dans son combat contre le cancer.
Malheureusement, bêtement, j’ai cru que j’avais encore du temps devant moi pour peaufiner ce texte, pour y ajouter des blagues qui l’auraient bien fait rire…
Il y a environ un mois, il est venu me dire qu’il appréciait beaucoup mon site. Ça m’a beaucoup touché… Mais, j’étais loin de me douter que ces encouragements seraient en quelque sorte ses dernières paroles envers moi. Par la suite, on a échangé brièvement, par commentaires, des gens qu’on aime, des gens qu’on aime moins. Mais surtout des gens qu’on aime… Il était très attentif à la situation de ma fille et de ses besoins spéciaux. Pas rien qu’un grand fan ce Mimeault. C’est d’ailleurs ici que je termine la discussio sur le volet hockey. Parce que c’était aussi –et avant tout– un grand homme.
Parce qu’en tant que personne, je ne suis pas un Mimeault. Pas encore. Plus que de te dire que tu étais un grand supporter de hockey, je regrette de pas avoir pris le temps de te dire que je trouvais que tu étais un grand homme : un magnifique père, un super beau-père, un superbe époux, un bon ami pour tes amis, un bon pote pour moi, un talentueux maître-chien, et surtout un bon vivant. J’aurais aimé que t’attendes encore un peu avant de partir, j’aurais aimé que tu puisses me lire…
Et puis, tu sais quoi ? Ce n’est pas grave, je viendrai te raconter tout ça, quand on se reverra un jour, plus tard. Mais ne compte pas sur moi pour cheerer tes B’s, d’ici-là. Bon, peut-être une fois ou deux, mais ne le dis à personne. Pour le reste de la journée, je m’en fiche bien, même si Bergevin devait transiger Price, la plateforme ne publiera aucun autre texte. Aujourd’hui, le Hockey Herald pleure la perte d’un de ses meilleurs abonnés. Je pleure la perte d’un pote, d’un vrai.
Au revoir Mimeault; chaque partie Montréal-Boston aura une saveur encore plus particulière pour moi, maintenant.
Tu me manques déjà… Au revoir.
Crédit image entête, ta vieille bannière Facebook, mon pote.