Entrevue exclusive avec Christian Sbrocca !

Christian Sbrocca est un homme aux multiples talents. Outre le fait de jouer au hockey, il est aussi un chanteur, compositeur et interprète. Il a même été acteur. Bien sûr, ce qui nous intéresse le plus, c’est le côté hockey. Il sera intéressant également de parler de son côté acteur en lien avec le hockey. Sans plus tarder, voici Christian Sbrocca !



Vous avez débuté votre carrière dans le hockey universitaire dans la division Hockey East avec UMASS Lowell. Pourquoi avoir choisi la NCAA à cette époque ?
En fait, je suis un joueur qui avait eu de très très grosses stats très jeune. Donc, à un jeune âge, on parlait de moi un peu partout comme un futur X ou un futur Y dans la LNH.
Mais les choses se sont corsées en vieillissant. J’ai arrêté de grandir pendant une longue période. Je n’ai pas développé de force physique, de lancer ou d’explosion pendant les années où le hockey basculait, soit Peewee et Bantam. J’ai sauté plusieurs fois des années, lorsque je devais jouer bibitte, je jouais Novice, Novice je jouais Atome et ainsi de suite jusqu’à Bantam. Durant la fin des années 80, les mises en échec étaient permises. Ça n’a pas ralenti mes ardeurs, mais seulement ma confiance. Les coachs ne voyaient que les gros joueurs. C’était la mode à ce temps-là. J’ai bien sûr sorti mon épingle du jeu en finissant quand même premier marqueur de mes équipes ou de la ligue, mais je ne dominais plus autant. Ce fut des années très difficiles. Je peux dire que durant ces années-là, j’avais oublié mes rêves de devenir hockeyeur professionnel. Mon année Midget AAA a été ma pire en carrière. Pourtant, avec un début d’année béton. J’ai commencé en feu, mais plus la saison continuait, plus les choses empiraient. J’ai eu une très mauvaise relation avec l’entraîneur cette année-là. Résultat ? J’ai eu une saison de misère avec de mauvaises stats. De plus, j’étais un petit joueur, lent et pas de shot. Je n’avais pas les chances de mon bord. Je n’ai pas été repêché Junior majeur ni même invité. Je n’avais plus d’options.

Coup de théâtre, au courant de l’été, je reçois l’appel d’un homme qui me demande si les collèges américains m’intéressent. Ben oui !!! En plus, ce n’est pas comme si j’avais beaucoup de choix.
Je vais donc jouer l’année suivante pour le Cégep Dawson. Ça peut sembler étrange comme décision, mais ce fut extraordinaire. L’équipe était une équipe d’étoiles de plusieurs joueurs Midget AAA qui, eux aussi, voulaient aller dans la NCAA. Je me suis fait voir par plusieurs équipes dont Umass Lowell. Cette institution m’a donné ce qu’on appelle un « Full Scolarship » pour 4 saisons. 4 des plus belles années de ma vie. Durant ces années, tout a changé pour moi. Du joueur faible, lent et sans explosion, je suis devenu, presque du jour au lendemain, le plus rapide de mon équipe à un des plus rapides au pays à ma 3e et 4e année. On appelle cela un « Late bloomer »! Je m’entrainais tellement fort durant la saison et durant les étés. La différence avec quelques années auparavant était incroyable. Quand je revenais durant les étés et jouais avec d’amis, les gens n’en revenaient pas. J’ai eu une carrière Universitaire qui ne m’a apporté que du bon, en plus des nombreux honneurs : (Équipe d’étoiles des 25 dernières années, Hall of Fame, 2e marqueur de l’histoire du programme depuis 1982, Legends of Hockey, etc.). Mes souvenirs de Umass Lowell sont précieux.

Pour savoir ce qu’est un « Full Scholarship », vous pouvez relire mon article sur le sujet

Durant ces saisons, vous avez eu la chance de jouer avec Dwayne Roloson. À part Roloson, quels autres joueurs ont eu une carrière dans la LNH en passant par ce programme ?
Chris Drury, Jay Pandolfo, Shawn Bates, Paul Kariya, Mike Dunham, Jim Montgomery, Anson Carter, Marty Reasoner, Dan McGillis, Steve McKenna, Mike Grier et plusieurs autres…

Vous avez joué une petite saison dans la ECHL, le temps de quelques matchs avec les Rafales de Québec, avant de vous envoler la saison suivante pour l’Italie. Comment a été votre séjour en Italie ?
Magnifique! J’ai renoué avec mes ancêtres et j’ai pu apprendre encore mieux la langue de mon papa. Ce fut une expérience des plus magiques. L’année en Italie m’a permis de voyager avant, pendant et après la saison de hockey. Je suis allé à Rome vivre chez mon oncle pour quelques semaines après la saison et j’ai eu énormément de plaisir! J’ai même eu des contrats pour chanter dans des bars de Rome!

De retour au Québec, c’est la QSPHL qui prend toute la place. Elle est ensuite devenue la LNAH en cours de carrière. Comment avez-vous apprécié toutes ces années dans le semi-pro ?
J’ai beaucoup apprécié même si pendant 50% de mes années dans la LNAH, ma tête n’était pas du tout au hockey. Tout ce qui occupait mon cœur et mon cerveau était la musique. Cette nouvelle carrière qui avait justement fait en sorte de bousiller mes plans de hockeyeur professionnel. Car oui, si la musique n’avait pas pris autant de place dans ma vie, le hockey et moi aurions eu une tout autre relation. Mais, j’ai adoré jouer ici au hockey. J’ai été choyé. C’était de bonnes années. Les salaires étaient bons, les arénas étaient pleins, le calibre excellent et il n’y avait PRESQUE PAS de bagarres!

Quels souvenirs vous reste-t-il de cette expérience ?
Des amis, des coupes Futura, un nombre incalculable de matchs joués blessé. Mais VRAIMENT blessé ! Mais bon, je me voyais comme un gladiateur des temps modernes, je ne pouvais faire autrement!




Est-ce qu’il y a un ou des joueurs qui vont ont marqué durant votre carrière ?
Dans la LNAH, Denis Paul et Michel Mongeau ! Malheureusement, Mike est mort à seulement 44 ans d’un cancer fulgurant, mais c’est un des plus beaux joueurs de hockey que j’ai vu de ma vie. Pour Denis Paul, définitivement le plus bel exemple et la plus belle influence d’éthique de travail, de 2e, 3e et 4e efforts sur une glace. Quelle machine ! Plusieurs autres joueurs aussi dont Dominic Maltais qui m’a tant fait rire. Quel clown!

Dans d’autres ligues :
Dans la NCAA, de loin le meilleur joueur contre qui j’ai joué, Paul Kariya. Il est, entre autres, l’une des raisons pour laquelle j’ai joué au hockey professionnel. Un phénomène, rien de moins !
Plus tard, durant mon exil en Autriche, le joueur Todd Elik m’a tellement impressionné par son sens du jeu, la qualité de ses passes, réception de passes et son souffle interminable. Un des meilleurs hockeyeurs que j’ai vu jouer, mais avec la pire attitude. Oufff ! C’était tout un personnage.

Vous avez une carrière de chanteur en même temps. Comment est-ce de combiner deux carrières comme ça ?
Ça a été INCROYABLE, mais ô combien épuisant. Je ne crois pas que personne n’ait vécu ce que j’ai vécu jusqu’à présent à ce niveau. Malgré le fait que je me suis donné à 10000% dans tout, et ce, tout le temps, c’est certain que ces deux types de vies combinées m’ont fait brûler la chandelle par les deux bouts pendant longtemps. Mais sérieux, qui dirait non à la chance d’être le héros d’un but en prolongation devant 5000 personnes et le même soir, avoir un line up de 2 heures pour venir le voir chanter! Moi, j’ai dit oui!

En 2008, vous avez fait la musique pour une publicité pour Sports Rousseau avec Alex Kovalev. Comment est Alex Kovalev en dehors de la glace ?
J’ai été sur le plateau de tournage par simple plaisir. Alex était très sympathique. Je me suis fait discret, je lui ai parlé que très brièvement.

On a pu vous voir aussi dans la série Lance et Compte nouvelle génération, la reconquête et la revanche. Vous avez même eu le premier rôle dans le documentaire de l’émeute de Maurice Richard. Quel a été votre cheminement pour vous rendre là ?
En fait, lorsque j’avais pris ma première retraite du hockey en revenant de l’Italie en 1999, j’ai commencé à me faire demander en audition. Puisque je parle 3 langues, que je suis assez versatile dans tous les sports et que de plus, je suis multi-instrumentiste et chanteur, ça m’a ouvert des portes pour le côté cinéma, pub et télévision.

Comment a été votre expérience avec tous ces acteurs ?
J’ai adoré ! Je me suis fait tellement d’amis. Des amis que j’ai encore aujourd’hui. Dans Lance et Compte, La nouvelle génération, je suis devenu chum avec Peter Miller, Seb Roberts, Emmanuel Auger, Louis-Philippe Dandenault, Fayolle Jean… Tous des gars que je vois encore régulièrement aujourd’hui. Les tournages au Colisée de Québec rempli à bloc étaient quelque chose de spécial. Surtout quand, étant gamin, j’écoutais Lance & Compte religieusement et que je revisionnais sans cesse les épisodes que j’avais sur VHS.

Quel acteur vous a le plus impressionné côté hockey ?
Difficile à dire ! Les vrais acteurs qui savaient bien jouer au hockey étaient très rares. Sache que j’ai apporté avec moi sur le plateau de tournage, plusieurs joueurs de la LNAH pour aider à rehausser le calibre de jeu et ainsi aider à ce que les scènes sur la glace soient plus crédibles. Je ne pourrais te dire celui qui m’a le plus impressionné, mais je pourrais te dire que Pierre Lambert (Carl Marotte) n’était pas aussi habile que les stats que Réjean Tremblay lui a données dans le scénario du show!

Pensez-vous que le Canada devrait travailler sur son système universitaire pour s’approcher de la NCAA ?
Sans aucun doute ! Par contre, nous sommes à des années-lumière. Faut comprendre que tout le système, les traditions et les mœurs aux États-Unis concernant le système d’éducation reposent sur cette pensée. Les anciens (les ALUMNI) redonnent toujours des sommes importantes d’argent aux écoles où ils sont allés, ce qui génère des revenus hallucinants et permet ainsi un développement de A à Z de l’organigramme et de sa survie. Ça commence dans les High Schools, Prep Schools et ensuite les Universités. Tous les sports de compétition…. TOUS les sports passent par ce système. C’est IMPOSSIBLE de jouer un sport de haut niveau aux USA sans le système scolaire. Ça n’existe pas. La gymnastique, le golf, Le track & field, le field hockey, le baseball, le football, le lacrosse, le hockey sur glace, le basket… Tous ces sports sont sujets à des bourses d’études et des scholarship et encouragent le « Student-Athlete » de poursuivre ses études. En fait, il n’a pas le choix! De sorte qu’une fois sa carrière universitaire terminée, s’il n’a pas d’option professionnelle, il a un diplôme! Si on voulait imiter ce système, premièrement, ça prendrait des centaines d’années…et encore là, on n’arriverait pas à avoir des balises aussi solides. Par contre, rien n’empêche de s’en inspirer et de suivre ce modèle. Ici au Québec, certaines des écoles anglaises privées, comme le Lower Canada College ou Stanstead, ont un système semblable. Ce sont de solides programmes.


Merci beaucoup monsieur Sbrocca ! Nous vous souhaitons maintenant beaucoup de succès dans votre carrière musicale.

Vous pouvez écouter quelques chansons sur YouTube évidemment. On peut aussi se procurer les chansons sur ITunes en achetant la musique de nos artistes locaux et voici le site internet de Christian :

www.christiansbrocca.com

Pour les johannais, il fera la première partie de Jonas au Piko Parc le 4 septembre prochain. Vous pouvez consulter l’horaire complet sur le site des montgolfieres.com


Tirage !
Pour avoir une chance de remporter un superbe chandail autographié de Ryan Poehling, consultez le lien ci-dessous :

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Crédit image entête, courtoisie (Christian Sbrocca) 



 

Marc-André Breault
 

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