Si Danault était un pompiste…

Ça faisait longtemps que ce n’était qu’un secret de Polichinelle, un peu comme ce qui arrive à un joueur vedette qui tente de blesser un adversaire, c’est-à-dire 5000 dollars d’amende, mais Philippe Danault, l’attaquant défensif du Canadien de qui le talent a enfin été reconnu, au cours des plus récentes séries éliminatoires, a décidé de plier bagage vers une autre destination que Montréal.

Oui, je ne cache pas ma déception, car, comme je l’ai mentionné dans le cadre de mon texte où je trace l’histoire du trophée Selke, bien qu’il passe souvent sous le radar, le joueur aux aptitudes défensives est souvent aussi important que celui qui marque des buts, car tu as beau marquer 20 buts… Si l’équipe adverse en marque 22, tu perds au même titre que si ça ne se soldait pas par un pointage de partie de basketball.



Ce qui me sidère un peu, au même titre que lorsque je m’endors discrètement pendant un film et qu’à mon réveil, avec la bouche ouverte et les coutures du divan imprégnées sur mon visage, j’essaie de suivre l’intrigue comme si de rien n’était, ce sont toutes ces méchancetés dites à son sujet, lui qui à mon sens, jusqu’à ce que le vainqueur de la Coupe soit connu, a fait preuve d’un grand professionnalisme et d’une éthique de travail plus que respectable.

Si vous n’êtes pas d’accord, vous avez le droit. Si vous voulez m’en faire part, vous avez le droit aussi, tant que c’est fait de manière respectueuse. Comme je dis souvent à mes clients, lorsque avec mes oreilles qui d’après moi ont été achetées en liquidation et quand j’écoute un client qui parle à travers un masque qui garde prisonnier bien des syllabes qui m’étaient destinées… C’est en parlant qu’on se comprend!

Peut-être est-ce mon raisonnement qui, comme bien des véhicules ayant manqué d’amour, ne tient pas la route, mais je crois qu’une histoire est complexe à comprendre, lorsqu’elle est hors de proportion. Personnellement, ça me fait penser à quand une personne d’un certain âge me dit « Ce n’est pas chaud pour la pompe à l’eau : il fait juste 72! » Dans ma tête, moi qui sue à grosses gouttes, quand on dépasse le 25 degrés…

Hormis le hockey et les jeux de mots douteux, s’il y a une chose que je connais, ce sont les stations d’essence, car j’y travaille depuis 16 ans sans interruption… Et je m’y vois encore, dans un autre 16 ans. Ce sera moi le caissier malcommode qui dira à Charles Lafortune qu’on le voit beaucoup trop à la télévision.

Je vais donc essayer de transposer la situation du hockeyeur victoriavillois à un commis de dépanneur qui reproduirait la même chose. Si le « pompiste à Danault » prenait la même décision, est-ce que les clients seraient tout aussi virulents dans leurs propos?



Au final, une fois son contrat terminé, il a juste décidé d’aller jouer ailleurs où on lui offrait un long contrat lucratif. Aux dires d’un analyste que j’adore, Martin Lemay, l’animateur à l’antenne du 98.5 fm dans le cadre de l’émission « Bonsoir, les sportifs »: Je n’en reviens pas qu’un attaquant puisse commander un salaire de plus de cinq millions de dollars, sans ne jamais prendre part à l’avantage numérique. » Lors de cette même intervention, on mentionnait que le Québécois devait une bonne bouteille de vin à son agent.

Vous, oui, je m’adresse à vous, entre deux curieuses publicités de Wish, si on vous offrait un meilleur salaire et beaucoup moins de pression… Resteriez-vous où vous êtes, car vous êtes lié à votre travail à la vie à la mort?

Avez-vous dit « oui, je le veux », au moment de votre embauche?

Dans le milieu où je travaille, je vois défiler une quantité incalculable d’employés. Des tonnes de jeunes et moins jeunes viennent vendre de l’essence : en attendant (quoi, Godot?) pendant les études ou en pensant que c’était un emploi facile et limite quasi-ennuyeux J’ai vu certainement des centaines de collègues qui sont arrivés et repartis, au cours de cette décennie et demie. À travers tous ces visages qui m’ont marqué, positivement ou moins positivement, un modus operandi était très récurrent : l’employé qui savait qu’il s’en allait, généralement, son emploi n’était plus la chose la plus importante dans sa vie… Tout de suite après rapporter la cassette rembobinée chez Blockbuster! Tout est une question de priorités, dans la vie.

Lui, tout à l’opposé, à de nombreuses reprises pendant les séries éliminatoires, alors qu’il était encore lié par contrat au Canadien, on lui a demandé de commenter sa situation contractuelle. Chaque fois, il répondait qu’il ne voulait pas penser à ça, qu’il le ferait après la saison, car il voulait se concentrer sur les séries éliminatoires qui se déroulaient au même moment. Moi, je trouve que ça démontre beaucoup d’éthique. Est-ce qu’il le savait, à ce moment précis, qu’il ne reviendrait pas? Peut-être. Mais il a néanmoins décidé d’honorer son contrat jusqu’à la fin.

Plusieurs partisans ont l’idée préconçue que les Québécois se doivent de jouer avec les Canadiens, la seule équipe évoluant à l’intérieur de la belle province, mais le fait est que nous sommes souvent plus durs avec les joueurs venant de chez nous. C’est ironique, n’est-ce pas? Nous sommes scandalisés, lorsque les joueurs francophones décident de jouer ailleurs qu’à Montréal, mais lorsque c’est le cas… Nous n’accordons pas à ces derniers le droit à l’erreur? Le fait est que ça va dans les deux sens : le 10 mai 2021, pour la première fois de l’histoire de la sainte-flanelle, aucun joueur québécois ne faisait partie de l’alignement du Canadien. C’est donc probablement un signe que le Canadien a souvent levé le nez, lui aussi, sur des talents de chez nous. Un moment donné, contrairement à bien des rues à sens unique, ça va dans les deux sens!



Cependant, depuis ce triste jour pour plusieurs, dont moi, je tiens à saluer le travail du Canadien qui s’est fait un point d’honneur de faire le plein de talents locaux. Trop peu, trop tard? Je ne crois pas. Je crois juste… J’espère… Que le Canadien a appris de son erreur, dans la perspective où je peux décider de ce qui est une erreur.

J’imagine que ce n’est pas une si mauvaise chose, de miser sur le talent local, car l’équipe championne de la Coupe Stanley ne comptait pas moins de 12 artisans de chez nous, tant sur la glace qu’à l’extérieur de cette dernière. Évidemment, le maître d’œuvre de cette double conquête, le directeur général, Julien Brisebois, est un fier « produit » du hockey québécois.

Je ne sais pas si vous vous en souvenez, mais à l’intérieur du texte dédié à la date limite des transactions, je vous parlais de l’histoire de Vincent Damphousse qui, lui aussi, avait Montréal tatoué sur le cœur, donc qui a trouvé très dur d’être échangé, mais qui a finalement connu de très belles années sous le soleil de San Jose.

Sur Twitter, Martin Lemay soulevait le point que Danault gagnerait 500 000 dollars de plus, mais ne participerait probablement pas aux séries… Dois-je vous rappeler que, lors de la dernière saison régulière, le Canadien a été la dernière équipe à se qualifier pour les séries éliminatoires et que, à ce moment, on ne leur donnait qu’un seul petit pourcent de chances de remporter le précieux trophée. Certains panélistes croyaient même que le CH ne parviendrait jamais à gagner un seul match de la série l’opposant aux Maple Leafs. Et pourtant…

Toujours, si on trace le parallèle avec un jeune pompiste rempli de belles promesses. Au début de ma carrière, j’ai travaillé pour l’aigle doré, un peu comme le vieux logo des Capitals de Washington, puis, pendant près d’une décennie, j’ai travaillé pour la feuille d’érable, un peu comme les Maple Leafs. Puis, depuis peu, me voilà de retour sous la bannière de l’aigle doré. Peut-être que Danault, à la fin de son contrat, va revenir jouer à Montréal. Je ne le sais pas, car, comme je vous ai dit au cours de mon dernier texte « Jojo Savard a pris sa retraite… Il me semble » Ce ne serait pas le premier. Rappelez-vous de Francis Bouillon, ou « le p’tit Bouillon » comme l’appelaient les Grandes Gueules, qui après un séjour à Nashville est revenu finir sa carrière à Montréal.

On jase là… Supposons que ça se passe bien, à Los Angeles, pour Danault, car c’est sincèrement ce que je lui souhaite, est-ce que ça va annuler ou invalider tous les précieux services qu’il a rendus au CH?

Même si je suis de retour avec un uniforme semblable à celui que :Peter Bondra, Chris Simon, Olaf Kolzig et Adam Oates ont porté, ça n’enlève rien au solide travail que j’ai accompli, alors que j’arborais l’unifolié.

Surtout quand on pense que Bergevin l’a obtenu en retour de Tomas Fleischmann et Dale Weise… Où que le vent et les effluves de poche de hockey l’entraînent, je suis bien content d’avoir pu compter sur lui, dans une période où ça n’a toujours été facile, tant offensivement que défensivement.



Je me souviens de quand certains partisans attendaient désespérément l’arrivée de David Schlemko pour stabiliser et améliorer, voire sauver, la poreuse défensive. Je me souviens notamment de quand Jordan Weal pilotait l’avantage numérique. Ce sont deux signes plutôt éloquents que, par moments, les joueurs de concession ou élites étaient rares comme des bleuets locaux en février.

Je suis très satisfait de l’effort et du jeu offerts par l’ex numéro 24, bien qu’il ait été surtout salué lors de ses dernières semaines avec Montréal.

Mon cher Phillip, je vous souhaite du soleil, de la reconnaissance, des buts et des assistances, d’être bien entouré tant sur la glace qu’à l’extérieur. Je vous souhaite de parvenir à continuer à vous développer, car le travail sur soi est comme une route de Montréal… Elle est toujours en construction.

Oh, et j’oubliais… Je vous souhaite de l’excellente pizza, avec ou sans ananas… Mais préférablement sans.

Merci pour tout, et bonne route… Ou bon vent, car à la température qu’il doit faire en Californie, un bon vent ne doit pas être de refus, comme quand on dit : » Il y a un bon vent; on va bien dormir ce soir… »

Chose sûre, où qu’il dorme, il pourra le faire en sachant qu’il a honoré son contrat jusqu’à la fin. Ça dort vraiment bien, après ça…

Bonne nuit, mes chers.

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En Prolongation

Ce sont les propos qui ont été tenu par l’agent du Québécois :

L’argent n’aurait pas été un facteur dans la décision de Phillip Danault




Tirage !
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Crédit image entête, TSN.ca



Sources:

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Phillip_Danault

https://ici.radio-canada.ca/sports/1791437/canadien-montreal-sans-joueur-quebecois-premiere-fois-histoire

https://www.journaldemontreal.com/2021/07/08/lightning-de-tampa-bay-12-artisans-du-quebec

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Francis_Bouillon

https://ici.radio-canada.ca/amp/767611/canadien-echange-dale-weise-tomas-fleischmann-chicago-philip-danault



David Leboeuf
 

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