La lucidité de Geoff Molson
Si vous l’avez manqué, notre ami Habstérix du site du même nom a publié un très bon texte il y a quelques jours où il nous expliquait ce qu’est la Théorie Buffalo. En gros, la vitesse d’un troupeau – ou en l’occurrence la force d’une équipe – peut être jaugée selon son maillon le plus lent/faible.
Je pense qu’on peut, dans une certaine mesure, appliquer cette philosophie à la hiérarchie qui compose la direction d’une formation. S’il est évidemment crucial de pouvoir miser sur de bons recruteurs, un solide personnel d’entraîneurs et un bon DG, il est sans aucun doute tout aussi important d’avoir un bon propriétaire au-dessus de tout ce beau monde.
Un propriétaire qui est capable de faire la part des choses et d’affronter la meute de journalistes et fans en colère lorsque les choses vont moins bien. Un propriétaire qui n’envoie pas ses subordonnés au bûcher à la moindre embûche. Un propriétaire qui ne sombre pas dans l’ingérence en forçant son DG à conclure une quelconque transaction nocive pour l’équipe.
À mon avis, après la débandade de la saison 2017-18, il est clair que Molson a pris le temps de rencontrer Bergevin et de discuter longuement avec lui. Qu’elle était sa vision des choses, quel était son plan… il avait sans doute besoin de savoir comment son argent allait travailler. Visiblement, ce dernier a su le convaincre qu’il était toujours l’homme de la situation et depuis, il n’a pas déçu. Plusieurs changements sont probablement issus de cette rencontre. Entre autres, les changements au niveau du développement.
Bien que plusieurs s’en donnent à cœur joie avec l’échec – in extremis – de l’équipe à se qualifier aux dernières séries éliminatoires et à l’échec des dossiers Duchene et Aho, Molson semble être tout à fait capable de prendre du recul et de constater le travail qui a réellement été accompli. C’est-à-dire l’ajout de joueurs comme Domi et Tatar, et le fait que son club peut se targuer de miser sur l’une, sinon la meilleure banque d’espoirs de la LNH. Tout ceci, en un temps excessivement restreint… Face à un tel constat, les péripéties de Karl Alzner et Charles Hudon ne doivent définitivement pas peser bien lourd dans la balance. Quand on regarde les dividendes qui sont sur le point d’être récoltées, on comprend Molson de ne pas trop s’en faire avec les dollars perdus par l’absence répétée de son club aux éliminatoires des 4 dernières années.
Bien sûr, comme tout le monde, Molson veut gagner. Mais il a appris qu’il ne pourrait pas acheter une coupe Stanley. Il a compris qu’il fallait impérativement faire preuve de patience et bien construire. À l’en croire, suite à son entretien avec NHL.com, on a toutes les raisons d’être optimiste pour les 3 à 8 prochaines années. Et je suis définitivement d’accord avec lui. Si Bergevin et son équipe peuvent poursuivre l’excellent travail qu’ils ont mis en branle depuis 2 ou 3 ans, entre autres par le biais d’un repêchage amélioré, les succès ne tarderont pas à venir. Comme le propriétaire du Tricolore l’a dit, à partir de là, tout peut arriver.
S’il est aussi optimiste, c’est qu’il y croit vraiment. Parce qu’il s’agit de tout un contraste avec l’une de ses sorties précédentes, dans une entrevue avec la bande du The Athletic :
«C’est difficile à accepter à Montréal, ça ne devrait pas arriver. En même temps, pour réussir, il faut souffrir de temps en temps. Et j’espère que ma période de souffrance, notre période de souffrance, est terminée pour de nombreuses années.»
Peut-être que la façon dont se comportent ses jeunes joueurs (Domi, Kotkaniemi…) et espoirs (Romanov, Caufield, Ylonen et cie) a aidé à lui prouver que l’équipe était sur la bonne voie. Qu’il avait fait le bon choix en ne sacrifiant pas Bergevin sans autre forme de procès.
Geoff Molson est probablement actuellement très heureux de ne pas avoir un DG qui sacrifie ses meilleurs espoirs pour de l’aide temporaire ou qui distribue de gros contrats comme des bonbons le 1er juillet pour s’acheter un peu de temps et de faveurs auprès de ses détracteurs. Un DG qui fait passer les besoins de l’équipe avant les siens.
Ainsi, Molson a profité de la tribune que NHL.com lui offrait pour ajouter son appui – le plus important d’entre tous – à celui de Serge Savard, dont Marc Bergevin semble être récemment retourné dans les bonnes grâces.
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Crédit image entête, Getty Images via Athletique.com