Toute ou rien pantoute
Depuis le lancement de ce site, je n’ai jamais caché que je n’étais pas le plus grand fan de Marc-André Fleury. Le joueur. Car j’ai tout de même toujours pris soin, à chaque fois, de louanger le coéquipier et l’homme derrière le masque.
C’est que, bien que Fleury ait un impressionnant historique de 5 (!) présences en Finale de la Coupe Stanley, se résultant par trois bagues, dans un rôle ou un autre, je l’ai toujours considéré comme étant un joueur quelque peu surestimé. Non pas en regard de ses aptitudes athlétiques, mais bien en ce qui concerne sa constance et sa concentration.
Évidemment, je dois admettre que j’ai été très impressionné par sa dernière campagne, séries incluses… Il a terminé avec une moyenne de buts alloués de 2.24 et un pourcentage d’arrêts de .927, autant pour le calendrier régulier que pour le parcours incroyable de son équipe en séries. Conséquemment, on pourrait être tenté de dire qu’on peut difficilement être plus régulier.
Pourtant, à mesure que la saison régulière avançait, son pourcentage chutait, en raison d’une alternance notable de bonnes et mauvaises performances.
J’ai identifié, à l’aide de petits points rouges, les moins bonnes performances de Fleury, au cours du dernier droit du calendrier régulier… Au nombre de 10, ces mauvaises performances sont encore plus frappantes lorsqu’on constate que le sorelois a terminé chacun des 10 autres matchs avec un pourcentage supérieur à .930, dont 2 blanchissages ! Toute ou rien pantoute ! De plus, ces 20 matchs représentent à peu près la moitié de sa saison, lui qui a été limité à 46 rencontres cette saison-là.
En séries, ce fut beaucoup plus concluant, malgré un effondrement en règle lors de la série Finale qui les opposa aux puissants Capitals. Cela dit, on ne saurait en tenir rigueur au seul gardien, puisque c’est toute l’équipe qui a laissé tomber la structure défensive du système de jeu qui faisait jusqu’alors leur succès. Tout à coup, les joueurs adverses n’avaient plus de difficulté à se faufiler dans la zone payante. En tout cas, nettement moins qu’au cours des rondes précédentes. Si les Caps n’ont pas particulièrement décoché beaucoup de lancers dans ce face-à-face, la qualité de ces tirs fut un facteur décisif.
Toujours est-il que Fleury, à l’image des Golden Knights au complet (ou presque), a su tirer son épingle du jeu, en terminant la saison avec ses meilleurs chiffres en carrière. Rien de moins ! Tant au niveau du pourcentage que celui de la moyenne de buts accordés. En séries, il s’agissait de sa 2e meilleure prestation, depuis son parcours éliminatoire du printemps 2008 (1.97 et .933 !!!). Fait à noter, durant ces deux meilleurs parcours en question, l’équipe n’a pas remporté la Coupe. En fait, lorsqu’il a remporté sa première bague, le printemps suivant, Fleury a terminé avec l’une de ses pires fiches à vie… 2.61 et .908, haussant toutefois son jeu d’un cran face aux Wings, pour la série ultime.
Bref, malgré une saison du tonnerre, en général, Fleury est un gardien d’environ 2.40 et .915 (2.56 et .913, en carrière). En conséquence, je crois qu’il a goalé au-dessus de sa tête et, à 33 ans (bientôt 34, 28 novembre), je doute que ses meilleures années soient devant lui. Bien sûr, il ne faut pas le compter pour vaincu. Les gardiens sont plus propices à contenir leur régression que les attaquants, par exemple. Mais, malgré une 2e bonne saison en 3 ans (.909, en 2016-17), et de bonnes séries pour une 2e année consécutive, je ne fais pas partie de ceux qui croyaient qu’il méritait une prolongation de contrat de l’ordre de 5 à 6 ans et de 9 à 10M par année.
Toute ou rien pantoute, vous dis-je !
Déjà, son nouveau contrat de 3 ans/21M (7M par saison), qui entrera en vigueur au terme de la prochaine campagne, pourrait finir par peser lourd… Bien sûr, 7M, en tenant compte de l’inflation du plafond salarial, ce n’est pas la mer à boire, mais tout de même, je serais très surpris que Fleury parvienne a maintenir ce niveau de jeu pour les 4 prochaines saisons. De toute façon, pour tout ce qu’il a trouvé le moyen d’apporter à Vegas, en une seule année, il mérite probablement ce contrat. Cela dit, je peux tout à fait me tromper. Après tout, au cours des 2 ou 3 dernières années, cet ancien 1er choix au total (2003) a tout de même trouvé le moyen d’hausser son niveau de jeu, par rapport au reste de sa carrière :
En tout cas, on ne pourra pas dire qu’il ne sait pas faire face à l’adversité. Après avoir perdu deux fois son poste de partant (Vokoun durant les séries 2013, puis Murray en 2016), ainsi qu’avoir été, grosso-modo, donné à une équipe d’expansion (pour s’assurer que McPhee arrête son choix sur le gardien, Rutherford a cédé le choix de 2e ronde 2020 de son équipe), Marc-André Fleury s’est relevé et répondu aux critiques en offrant sa meilleure saison en carrière. Tout ça, en plus d’avoir dû encaisser et répondre à la bêtise de Renaud Lavoie…
Enfin, croyez-le ou non, si Fleury trouve le moyen de me faire mentir et offre une ou plusieurs autres saisons (avec plus de « toute » que de « rien pantoute »), je serai heureux pour lui. J’adore voir des québécois, surtout ceux qui sont de bonnes personnes, performer ! Je te souhaiterais bien bonne chance, Fleury, mais en plus que je doute que tu me lise un jour, je ne crois pas que tu en aies besoin… tu es parfaitement en mesure de créer ta propre chance.
Crédit image entête, compte Twitter des Golden Knights