Toute bonne chose a une fin !
Vous avez assurément déjà entendu ce dicton voulant que toute chose agréable doit, à un moment ou l’autre, se conclure. Parfois, il arrive que les évènements tristes, frustrant, décevants… Parfois tout ça à la fois, comme c’est le cas avec la présente saison du Canadien… On une fin. Dans le cas présent, ce n’est pas une mauvaise nouvelle en soi.
Comme c’est la norme, lorsqu’un chapitre se termine, qu’il soit heureux ou non, il est légitime de dresser un bilan afin de tracer un juste portrait de la situation et surtout, surtout, de corriger les lacunes afin d’être fin prêt lors de l’ouverture du prochain tome.
Il va sans dire que, à priori, l’histoire de cette saison du Canadien n’en serait pas une humoristique. Je crois qu’on tendrait plus vers la tragédie grecque, mais, à l’image des fleurs… D’accord, des mauvaises herbes… Qui poussent au milieu d’une fissure dans le béton, il existe de la vie jusqu’à dans l’endroit le plus inhospitalier. La ligne est toutefois mince entre le positivisme et le déni, mais à l’image de quand on jouait à la marelle dans la cour d’école, cette ligne, c’est nous qui la traçons. Voici où je trace la mienne:
À l’heure où je vous écris, le Canadien a vaincu les puissants Rangers de New-York il y a quelques jours, ce qui met fin à une séquence de neuf défaites consécutive. C’est une bonne chose en soi, car une dixième défaite d’affilée aurait constitué un record de concession. Ce n’est pas un record enviable, mais ça reste un record. Ça me fait penser à la kyrielle de records… Originaux… dont on dresse la nomenclature dans le Livre des records Guiness. Néanmoins, au cours de cette séquence de misère comme à l’intérieur de cette saison qui l’est tout autant, nous avons pu assister à quelques révélations. Par exemple, la résurrection de Goal Caufield qui coïncide avec le changement d’entraineur et, tout à l’inverse, à certaines déceptions comme ce fut le cas avec les Québécois Mathieu Perreault et Cédric Paquette. Honnêtement, lorsque Perreault a marqué son tour du chapeau à domicile, une première en près de 30 ans pour un Québécois depuis Vincent Damphousse, j’étais à l’intérieur du Centre Bell. J’ai pu assister à ce moment historique qui, il me semble, était la première victoire à domicile… Sinon une des premières… À l’intérieur de cette saison de misère. Lorsque j’ai assisté à ce moment, du style où l’émotion est si palpable que même le plus volubile des orateurs peinera à le décrire, je croyais que Perreault était une aubaine, une pépite d’or québécoise de surcroît.
Malheureusement, cette soirée en fut une isolée et j’ai eu le privilège d’y assister. À l’heure où je vous écris, Perreault affiche au compteur trois buts… Les trois marqués le même soir… Et quatre mentions d’aide.
Si on fait allusion à cette saison qui ne fera vraisemblablement pas l’objet d’un film, ce serait criminel de ne pas aborder le grand ménage qui a été fait derrière le banc, mais aussi dans la tour à bureaux. Bien qu’on puisse questionner le moment où le coup de balai a été passé, c’est-à-dire pendant que Marc Bergevin était confiné, chez lui, en raison de ce damné virus qui a changé le visage du sport, on ne peut pas remettre en question les fruits portés par ce changement de cap. En effet, en novembre dernier, Bergevin, Timmins et Wilson, le vice-président principal aux communications ont été limogés. Du même souffle, Jeff Gorton, dernièrement chez les Rangers de New-York, a été confirmé comme président de l’équipe et on annonçait que le club était à la recherche d’un nouveau directeur général afin de doter l’équipe en chute libre d’un nouveau leadership. D’ores, nous avons pu voir à quel point le hockey est sacré, au Québec, car on ne parlait plus de rien d’autre… Ou presque. Tout autre sujet était dorénavant relégué en page F6 du cahier weekend… De l’édition virtuelle. Je n’oublierai jamais ce moment : tout le monde s’intéressait ou savait, car tout le monde en parlait partout, ce qu’il advenait du processus. Je me souviens où, comme lors de la finale de Star Académie, le Québec était polarisé autour de deux candidats : Patrick Roy ou Mathieu Darche ? … Puis, comme dans une bonne série télévisée, alors que toute l’attention était focalisée sur deux prétendants, c’est un troisième sorti de nulle part qui rafla les honneurs.
Connaissez-vous l’émission Catfish où des internautes rencontrent des personnes avec qui ils discutent depuis une période appréciable, mais n’ont jamais vu leur interlocuteur. Souvent, dans cette émission, l’internaute autour de qui l’émission est bâtie attend, dans un lieu public, accompagnée seulement de l’équipe de production. Chaque fois, tout ce beau monde se tient souvent dans un parc. Dès lors, chaque passant devient susceptible d’être la fameuse personne qui pourrait changer la vie d’un inconnu. La tension est à son comble. La musique angoissante accélère notre rythme cardiaque. Nous sommes au nord de la crise de nerfs. Puis, souvent, c’est une personne à laquelle nous n’aurions jamais pensé. Par exemple, un ami qui nourrit un béguin inavoué ou une ancienne flamme, aujourd’hui vindicative, qui retire son masque. C’est exactement ce que j’ai vécu à ce moment. Alors que toute l’attention était portée sur deux candidats, c’est un personnage complètement inconnu pour plusieurs, moi, le premier, qui est reparti avec les honneurs. Je l’avoue, je ne savais trop quoi en penser. Étant donné que plusieurs fausses rumeurs fusaient de toute part, j’ai tout d’abord cru au canular. Puis, la nouvelle a été confirmée par l’équipe même. Évidemment, j’étais resté en appétit et je ne savais quoi en penser, car je ne le connaissais pas du tout. Dans un cas pareil, qu’est-ce qu’on peut faire autre que lui laisser une chance ? En même temps, j’avoue que j’ai été rassuré quand j’ai appris que Pierre Lacroix, l’ancien directeur général de l’Avalanche du Colorado, était lui aussi un agent de joueur devenu D.G. Disons que ses Coupes de 1996 et 2001 ont rassuré les prochains à emprunter le même chemin que lui. De toute façon, au moment où le balai a été passé, le Canadien était en 29e position. Il n’y avait alors pas particulièrement d’urgence ou de pression. Je crois que, déjà à ce moment, l’infâme mot « reconstruction » résonnait déjà dans les couloirs de l’amphithéâtre montréalais. Je me souviens d’avoir partagé une photo de Réjean Houle et Mario Tremblay avec la mention « un directeur général francophone et ancien membre de l’équipe n’est pas toujours un gage de succès. » Voilà où nous étions. Autant que j’ai toujours réclamé un entraîneur ou un directeur général francophone, j’en suis venu à la conclusion que, tant que l’équipe gagne, je me moque bien en quelle langue la victoire est acquise. Si c’était pour participer à une dictée, il est indéniable que le candidat devrait maîtriser la langue française. Dans le cas présent, on cherchait simplement quelqu’un qui sache diriger une équipe de hockey. Disons que les exigences relatives à l’embauche ne sont pas les mêmes dans les deux cas. Qui-plus-est, sur les 24 triomphes du Canadien de Montréal, savez-vous pour combien de titres le club comptait un francophone pour directeur général? Cinq! Il s’agit des conquêtes de :1924, 1930, 1931 qui sont des legs du directeur Léo Dandurand. Par la suite, il faut se rendre jusqu’aux Coupes de 1986 et 1993 survenues lors du règne du grand Serge Savard. Je crois que parmi les grands artisans de la Sainte-Flanelle, on ne peut passer sous le silence l’apport colossal de Frank J. Selke (sept conquêtes) et Sam Pollock (neuf titres) . Sam Pollock, de qui on parle beaucoup depuis le décès de Guy Lafleur, car c’est grâce à son stratagème si le Démon Blond a pu être repêché par Montréal. Lui qui a transigé avec les Golden Seals de la Californie qui ont tellement dû s’en mordre les doigts, lorsqu’ils ont constaté l’ampleur du joyau qu’ils venaient de laisser filer.
Je ne fais nullement allusion à la chaîne de pizzerias, mais s’est alors amorcé une prodigieuse réaction à chaîne… Un véritable effet domino. Du premier bloc qui fut l’embauche de Jeff Gorton, le deuxième à chuter fut cristallisé par l’embauche de Kent Hughes. Le troisième domino, et ce dernier est probablement le plus important, est l’embauche de Martin St-Louis qui succéda à Dominique Ducharme. Dès lors, avec seulement ces trois pièces tombées, toute la culture et la mentalité de l’équipe venait de changer. Bien sûr, il était trop tard pour se qualifier en séries éliminatoires, surtout quand on sait que dans l’association Est, les huit formations participant aux séries éliminatoires ont amassé plus de 100 points au classement. De son côté, le Canadien affiche présentement 51 points au compteur. Néanmoins, malgré que la magie ne s’est pas opérée suffisamment tôt, on a immédiatement assisté à un changement de mentalité. Ce n’était plus la même équipe. De facto, les Canadiens se sont mis à gagner de façon plus régulière. C’est d’ailleurs sous la férule de St-Louis que le Canadien parvint à aligner deux victoires… Une première en près d’un an !
S’il y a un autre point positif que je tiens à souligner, c’est l’embauche de Chantal Machabée à titre de vice-présidente aux communications hockey. Cette embauche à été officialisée peu de temps après le congédiement de Wilson, même si cette dernière n’occupe pas le même poste que lui. Cette embauche historique, qui je crois a fait l’unanimité, est même survenue avant l’embauche du directeur général. C’est donc vous dire à quel point cette annonce était importante pour l’état-major de l’équipe. Souvent, on nous dit dans la vie de se fier aux actions et non aux paroles. Quand on me dit que le Canadien est arrivé en 2022, je ne veux pas de grands discours ou des vidéos tape-à-l’oeil. Je veux des preuves. Quand Bergevin a déclaré qu’il voulait accorder une plus grande place aux joueurs québécois, je ne l’ai pas cru… Jusqu’à ce qu’il signe: Paquette, Perreault, Montembeault, Savard, etc. L’embauche d’une femme, non pas parce qu’elle est une femme, mais pour sa compétence, tout ce que son embauche implique, entre autre que le Canadien veut s’entourer des meilleurs, peu importe qu’ils soient hommes ou femmes. Tel que mentionné antérieurement, cette annonce a véritablement fait consensus. Ceux qui s’y sont opposés sont les mêmes qui se plaignent qu’il fait trop tiède.
C’est donc dans cet esprit que l’équipe a connu un nouveau souffle, tant sur la glace que dans les coulisses. C’est dans cet environnement en pleine effervescence que Caufield a connu un second souffle, lui qui n’affichait qu’un seul but en 45 matchs. En cette fin de saison, le même Caufield a franchi le plateau des 20. C’est vous dire comme certains changements portent des fruits insoupçonnés. La résurrection du joueur électrisant en est le meilleur exemple.
Dès qu’une participation à la « danse du printemps » fut hors de portée, on commença à laisser du temps de jeu aux jeunes joueurs, au futur de cette équipe, ce futur qui me semble beaucoup plus ensoleillé, d’autant plus que Trevor Timmins qui affichait une maigre proportion de sélections de l’équipe qui évoluaient toujours à Montréal. En même temps, je ne m’en cache pas, je ne ferais pas son métier. Je n’ai pas les compétences pour exercer un tel poste. Il est notamment indubitable que, parmi les joueurs évoluant pour le Canadien, une grande majorité, n’a pas été repêché par le club. Ils ont alors été acquis par le biais d’une transaction ou par le ballottage. Le problème, quand tu ne peux repêcher adéquatement, est que généralement pour obtenir un joueur d’impact, tu dois sacrifier un choix au repêchage. Tu te retrouves alors avec moins de choix au repêchage et comme plusieurs choix sont gaspillés, le problème ne fait que prendre de l’ampleur et se répéter. Mine de rien, Timmins est resté en poste de 2002 jusqu’en 2021. Mais, but (pas où il faut marquer, je parle du mot anglais) semblerait-il que le recruteur mal-aimé jouirait d’une réputation enviable dans le milieu, alors comme pour tous les autres qui traversent une tempête, je ne peux que lui souhaiter du succès et du bonheur, à l’image de : Phillip Danault, Ben Chiarot et Artturi Lekhonen.
S’il y a un autre point dont je m’en voudrais de ne pas vous entretenir est la puissance phénoménale des équipes de la formation de l’Est. Pour la première fois de l’histoire de la Ligue, les huit équipes d’une seule association participant aux séries éliminatoires cumulent chacune plus de 100 points. Effectivement, la huitième équipe qualifiée, les Capitals, affichent 100 points au compteur. Ça me fascinait de voir que, depuis le 14 avril, les participants des séries éliminatoires dans l’Est sont connus, mais dans l’association Ouest, le dernier participant, les Stars de Dallas, ont obtenu leur laissez-passer, le 27 avri, près de deux semaines plus tard.
Dans le cas des Penguins, il s’agit notamment d’un record du Circuit, avec une 16e participation consécutive à l’après-saison. Je parle de la puissance des clubs de l’est comme un fait saillant, car ça n’a pas toujours été ainsi. Depuis quelques années, grâce notamment au triomphe : du Lightning, bis, des Capitals, des Penguins… Bis… Nous assistons à un revirement de situation, mais, entre 2005 et 2015 (il serait plus à propos de parler de 2006 à 2015, car la saison 2004-2005 a été complètement annulée en raison du lock-out), seulement trois Coupes ont été remportées par une équipe de l’Est. Il s’agit des Bruins, en 2011, les Penguins, en 2009 et les Hurricanes, en 2006. À ceux qui me parleront de la Coupe Stanley remportée par les Red Wings, en 2009, je leur rappellerai que les Wings ont intégré l’association Est à l’occasion de la saison 2012-2013. Jadis, l’équipe membre des « Original six » évoluait dans l’Ouest. Je me souviens de ces finales de la Coupe Stanley où on avait l’impression que la finale de l’Ouest était plus relevée que la grande finale. Force est d’admettre que, comme dans la saga Star Wars… L’empire de l’Est a contre-attaqué avec fougue.
Si plusieurs parlent d’une saison de hockey à oublier, c’est qu’ils se concentrent uniquement sur le Canadien de Montréal, ce même club qui, en moins de 300 jours, est passé de vice-champion de la Coupe Stanley à détenteur du 32e échelon à la fin de la saison suivante. Il n’existe officiellement pas de marche plus haute, hormis s’il avait remporté le précieux trophée. C’est uniquement la quatrième fois de l’histoire de la Ligue qu’un vice-champion termine au fond du classement, au cours de la campagne subséquente. C’est toutefois la première fois que celui qui ferme la marche siège au 32e échelon.
Sur une note plus positive, je ne peux qu’être heureux pour un vrai bon gars de chez nous, Jonathan Huberdeau. À l’image de David Perron qui n’a pas toujours joué dans le AAA… Ou même le AA, car Huberdeau a joué dans le Bantam BB avant de jouer pour le Midget AAA. On parlait d’une haute marche, celle-ci en est une considérable aussi! Mine de rien, celui qui se fait appeler « Hubidoobidoo » compte 115 points et une fiche de +35. Il vit assurément la meilleure saison de sa vie, et qui sait ce que l’avenir lui réserve? Honnêtement, je lui souhaite tout le bonheur qu’il mérite. À l’image d’un autre athlète québécois, Marc-André Fleury, je ne connais personne qui ait du mal à dire à propos de Huberdeau. Dès qu’on parle de lui, il y a toujours quelqu’un pour relater un évènement où il a fait preuve de gentillesse, de classe, de générosité et d’esprit sportif. Il y a de ces saisons, surtout quand le Canadien est déjà éliminé… Et c’est un euphémisme de le dire ainsi… Où on ne peut que saluer l’adversaire, surtout quand celui-ci est un « ti-gars » de chez nous de qui on ne parle pas assez, car il évolue en Floride et n’a pas toujours eu une équipe redoutable autour de lui. Malgré tout, il a toujours réussi à tirer son épingle du jeu et n’a jamais perdu espoir ou fait des crises… Comme Jack Eichel. Non, il a préféré travailler dur et garder une éthique de travail irréprochable.
Honnêtement, cette saison est à l’image du reste du monde. Dépendamment de comment on regarde cette saison 2021-2022, certains y verront une saison pleine de promesses, comme les amateurs de Auston Mathews. Il en est un autre à qui je souhaite du bonheur, lui qui cumule 60 buts, 46 mentions d’aide, pour un total de 106 points jumelé à une fiche de +20. Malheureusement, Ovechkin l’a vécu jusqu’en 2018: ce qui démarque les bons joueurs des grands joueurs, c’est une conquête de la Coupe. Rares sont ceux comme Marcel Dionne qui sont reconnus parmi les grands du Circuit, mais n’ont jamais soulevé la Coupe Stanley.
Du positif comme ce qui arrive à Marc-André Fleury, je pourrais en trouver pendant des heures, mais j’ai bien assez parlé. Vous, que retenez-vous de la saison 2021-2022?
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En Prolongation
Crédit image entête, NHL.com
Sources :
https://www.nhl.com/fr/player/mathieu-perreault-8473618
https://ici.radio-canada.ca/sports/1843352/hockey-lnh-canadien-montreal-congediement-bergevin-timmins
https://www.ledevoir.com/sports/661257/kent-hughes-est-le-nouveau-directeur-general-du-canadien
https://www.tvasports.ca/2022/01/05/ch-chantal-machabee-nommee-vice-presidente-des-communications
https://www.lapresse.ca/sports/hockey/2021-11-30/bilan-du-regne-de-trevor-timmins/une-analyse-en-trois-temps.php
https://www.britannica.com/topic/Detroit-Red-Wings
https://www.journaldequebec.com/2022/04/27/la-vedette-quon-navait-pas-vue-venir
https://www.nhl.com/fr/player/auston-matthews-8479318
https://en.m.wikipedia.org/wiki/Marcel_Dionne
https://www.rds.ca/hockey/canadiens/guy-lafleur-le-plus-grand-coup-de-sam-pollock-1.15687214