Lettre ouverte à toi, le parent gérant d’estrade
Il y a un peu moins d’un an, j’ai publié ce texte sur ma page. Je m’étais senti inspiré. Cependant, ce n’est pas le sujet cool que j’aurais aimé abordé. L’intimidation, la discrimination et les décisions douteuses sont monnaie courante dans le hockey mineur. Chaque année, un lot d’histoires d’horreur fait surface. Le sujet est donc toujours d’actualité.
Les prochaines lignes ont été écrites sur le pif par une froide soirée de janvier. Je voulais faire réfléchir les gens; principalement les parents de jeunes hockeyeurs. J’ai repris le même texte tel quel. Je n’ai rien modifié aux phrases qui vont suivre. Bref, j’espère que ce texte développera une petite réflexion et une prise de conscience de ces parents qui courent les arénas.
Message à toi, cher parent. Oui, toi. Celui qui joue le rôle du parent, de l’entraîneur, du préparateur physique et de l’agent en même temps. Celui qui voit son enfant plus gros qu’il est. Le parent qui souhaite voir son jeune joueur dans la LNH alors que l’enfant, lui, n’est là que pour avoir du plaisir. Celui qui écoute son rêve plutôt que d’écouter son fils ou sa fille.
Message à toi, cher parent, le gérant d’estrade. Celui qui critique constamment. Des décisions de l’entraîneur en passant par la performance de son ti-cul de 8 ans après une nuit difficile, il a toujours son mot à dire et il a toujours raison. Un peu comme Luke Goulet dans le film « Junior Majeur », le parent prêt à tout pour que son fils soit le meilleur sur la glace. Le parent qui pense que les performances de son protégé affecte le regard des autres. Le parent qui transforment le jeu en un travail en rémunérant son « kid » lorsqu’il marque. Celui qui veut s’attribuer du mérite dans le succès de son fils.
Message à toi, la personne qui se reconnaît en lisant ces mots. Réveille-toi ! Laisse tomber les rôles que tu t’attribues. Reste le parent que tu es et que tu dois être. C’est tellement plus simple. Et beaucoup plus plaisant également.
Message à toi, le parent qui se transforme en entraîneur dans les estrades. Au lieu d’analyser chaque fait et geste des « p’tits culs », profites dont de l’odeur typique des arénas, d’un bon café et du spectacle que vous avez. Sans juger, simplement apprécier. Apprécier que votre enfant, lorsqu’il est sur la glace, il est heureux. Il se concentre sur le hockey. Il a peut-être manqué un filet désert, mais il a du plaisir. C’est ce qui compte. Pas qu’il termine la saison avec la plus grande récolte de points. Et puis, pas besoin d’entraîneurs dans les estrades, il y en a déjà derrière le banc. Et oui ! C’est dur à croire que certains acceptent ce rôle, que ça soit bénévolement ou non, que leurs fils soient dans l’équipe ou pas. Il faut être fou pour sauter dans la gueule du loup comme les entraîneurs le font. On ne se le cachera pas, le plus gros de leur travail, c’est de gérer des parents comme vous, ceux qui critiquent le temps de jeu, les exercices lors des pratiques, etc. Tous ce qui revient à l’entraîneur de décider, et pas à vous.
Si votre enfant a à se rendre loin dans ce sport, ça se fera tout seul, grâce à sa passion. Pas grâce à la pression que vous lui avez mis. Cette pression ne fait qu’étouffer la passion. À ce stade, adieu la LNH. Adieu le rêve de jouer au hockey professionnel, peu importe la ligue, tout court. Vous n’êtes pas un agent. Réveillez-vous !
Message à toi, le parent gérant d’estrade. Fais attention. Tu es en train de mettre en péril ce sport. Il perd de plus en plus d’adeptes au fil du temps à cause de gens comme toi qui tue le plaisir de l’enfant. Prends un pas de recul, ça ne fera pas de mal à personne. N’oublie pas que tout le monde peut voir tes agissements dans les estrades. Montre l’exemple et encourage tous et chacun de l’équipe. C’est comme ça que tu sauveras notre sport national et que, peut-être, tu verras grandir le prochain prodige de la LNH. Qui sait !
Vos enfants vous remercient,
Pour vous abonner au Herald, suivez ces liens : Facebook et Twitter
Crédit image entête, Marc-Antoine Mageau / Radio-Canada