Habstérix | Zadorov et le manque de grit
Dans le temps où je jouais au hockey junior, les joueurs se rendaient des comptes entre eux, et c’était le cas pour les joueurs de la LNH aussi. Si les arbitres manquaient une punition, ou même s’ils en appelaient une sur un coup salaud, la victime était vengée par ses pairs. Si vous faisiez quelque chose de discutable, vous saviez que vous auriez à répondre de vos actes. Et c’est pourquoi les rats étaient alors moins nombreux, et de loin, mais aussi nettement moins braves. Ils savaient parfaitement qu’ils ne pourraient pas se cacher derrière un quelconque règlement visant à les protéger. Ils savaient que quelqu’un viendrait leur rendre visite, les gants en moins.
Hier soir, Nikita Zadorov, un défenseur de 6’6 et 235lb de l’Avalanche du Colorado, a violemment frappé le jeune Jesperi Kotkaniemi, 19 ans, dans le coin de la patinoire. Kotkaniemi a chuté sur la tête et son cou a plié dans un drôle d’angle, et il n’est jamais revenu au jeu. Les Canadiens ont annoncé que Kotkaniemi souffrait d’une blessure au “haut du corps”. Ce qui signifie, à toutes fins pratiques, une commotion. Bien entendu, il n’a pas accompagné ses coéquipiers à New York pour y affronter les Rangers. Les deux petites souris aveugles sur la glace – communément appelés des arbitres – ont raté l’infraction. Ce qui est triste là-dedans, c’est que certaines personnes supportent leur décision. Il semblerait que le besoin de paraître impartial l’emporte sur la reconnaissance et la compréhension des faits. Mon opinion sur le sujet, partagée par de nombreuses personnes, est que c’est une jambette qui a fait perdre son équilibre à Kotkaniemi avant qu’il ne soit jeté sur la glace par Zadorov. Mais qui a raison?
Commençons par jeter un regard sur le livre des règlements de la LNH:
Un joueur qui utilise sa jambe ou son pied pour frapper ou donner un coup de pied… Maintenant, regardons la séquence de plus près.
Observez bien la jambe droite de Zadorov. Son pied est soulevé de la glace par un mouvement vers l’avant, frappant la jambe de Kotkaniemi au passage. Zadorov utilise en même temps son corps pour violemment repousser son opposant sur la glace. Certes, ce n’était pas aussi clair en temps réel mais si, après avoir regardé ceci, vous ne croyez toujours pas qu’il s’agissait d’une jambette, vous devriez définitivement vous questionner sur ce qui vous motive, parce que l’acte est pourtant très clair.
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N’attendez pas que la malchance frappe en premier…
Absence de réaction chez les Canadiens
Après le coup salaud, j’ai immédiatement pensé que si Zadorov avait fait ceci à Mathew Barzal à Long Island, par exemple, il aurait eu affaire à Matt Martin. Malheureusement, les Canadiens avaient trop besoin de faire jouer Charles Hudon, Jordan Weal et Nick Cousins sur le jeu de puissance (sic) au lieu d’avoir des gars qui peuvent protéger leurs joueurs de talent. Pas plus loin que la semaine dernière, j’ai compilé une liste des joueurs que Marc Bergevin devrait cibler pour se constituer une quatrième ligne qui ressemblerait plus à celle des Islanders de New York. À mon avis, ça contribuerait beaucoup à souder ce groupe.
Néanmoins, même en tenant compte du fait que les Habs n’avaient personne pour s’occuper de Zadorov, le manque de réaction de la part de ses coéquipiers était extrêmement désappointant. Ok. N’allez pas vous frotter au monstre qu’est Zadorov. Mais qu’est-ce qui les empêchaient d’aller s’en prendre à Cale Makar, Nathan MacKinnon, Mikko Rantanen ou Samuel Girard? Rien. Rien sinon qu’un profond désintérêt de la part des coéquipiers de Kotkaniemi, qui préfèrent jouer pour leurs gros chèques au lieu des uns pour les autres. Le grave manque d’émotions démontré par les joueurs du Canadiens hier soir suffirait à faire retourner le grand John Ferguson dans sa tombe et à Chris Nilan de subir une commotion à force de secouer la tête de désappointement. Ces gars-là se souciaient de leurs coéquipiers. Plus que jamais, les Habs ont besoin du caractère de la part de gars qui s’en soucient réellement.
J’ai déjà abordé le sujet sur mon blog, mais le règlement de l’instigateur devrait être amendé pour le bien du jeu. Mais la LNH a fait ses choix et il n’y a plus moyen de revenir en arrière maintenant. Pas avec les complications légales qui pourraient venir avec. C’est peut-être la plus grosse gaffe du Commissaire Gary Bettman, son héritage à travers lequel il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour bousiller les joueurs, autant avec ses multiples lockouts (et par ricochet les fans) et sur la glace en les faisant jouer dans un environnement plus à risque que jamais. Go Habs Go
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Crédit image entête, Habsterix.com
