Habstérix et la santé mentale
Chaque jour débute avec un acte de courage et d’espoir: celui de se lever et de sortir du lit. La douleur est derrière, l’inquiétude tout autour, et l’espoir pointe devant. L’inquiétude devrait nous conduire à l’action et non à la dépression. Je vais bien. Non, je ne vais pas bien. Je suis, tout simplement. Y-a-t-il quelque chose de mal avec ceci? Absolument. C’est lors de nos moments les plus sombres que nous devons le plus nous concentrer sur la lumière.
Aujourd’hui, en ce jour du Bell Cause pour la cause. Des millions de Canadiens, incluant plusieurs personnalités publiques, discutent ouvertement des maladies mentales, offrant de nouvelles idées et de l’espoir à ceux qui souffrent, de plus en plus nombreux à chaque année. Les institutions et les organisations, grandes et petites, reçoivent de nouveaux fonds pour l’accès, les soins et les recherches de la part de Bell Cause pour la cause et des gouvernements et entreprises qui ont rejoint la cause. Les donations de Bell aux programmes de santé mentale s’élèvent à ce jour à tout près de 101 millions de dollars.
Comme certains d’entre vous le savent, j’ai souffert de ce qui a été diagnostiqué comme neuf commotions cérébrales graves dans ma vie. La première, alors que je vivais à Sherbrooke, au Québec. J’avais environ huit ans, en hiver, et j’ai sauté d’un balcon du deuxième étage pour atterrir dans un tas de neige. J’ai été assommé, alors que ma tête a frappé le ciment sous la neige. J’ai subi ma dernière commotion à Penticton, en Colombie-Britannique, et ça a mis fin à ma carrière de hockeyeur (si nous pouvons l’appeler ainsi). J’avais 45 ans.
La plupart de ces commotions sont survenues alors que je jouais au hockey. Quand je jouais Bantam, j’ai essayé de me faufiler entre la bande et un gros défenseur qui avait tendance à vous frapper haut et vous expédier dans les airs. J’ai patiné, et il m’a fait un hip check, coinçant ma tête entre ses hanches et les planches de la bande. Cela a fait sauter ma visière. Je me suis relevé, étourdi, et j’ai patiné jusqu’au banc… ce n’était pas le bon banc et mes adversaires m’ont poussé vers MON banc. J’ai raté quelques shifts, on a remis ma visière en place, et j’ai continué à jouer. À l’époque, on appelait cela “se faire sonner les cloches”.
Dépression
Il y a environ cinq ou six ans seulement, on m’a diagnostiqué une dépression sévère et une forte anxiété. Mais qu’est-ce que c’est que ça, aie-je demandé au médecin. Bien sûr, j’avais déjà entendu parler des personnes dépressives. Vous savez? Ils sont un peu zinzins dans le coco et doivent prendre des pilules pour ça. Ah, ce que j’avais tort! Quand les gens ne savent pas exactement ce qu’est la dépression, ils peuvent avoir tellement de préjugés.
Il s’avère que, comme on me l’a expliqué, la dépression est causée par un déséquilibre chimique du cerveau. Ce n’est pas psychologique comme la plupart des gens le pensent, mais physique. Les effets sont cependant très psychologiques et émotionnels. La dépression est la chose la plus désagréable que j’aie jamais connue. C’est cette impossibilité de pouvoir envisager que vous pourrez un jour être heureux à nouveau. L’absence d’espoir. Ce sentiment très insidieux, très différent de se sentir triste. La tristesse fait mal, mais il s’agit d’un sentiment normal. C’est une chose qu’il faut ressentir. La dépression est vraiment différente.
Plusieurs facteurs peuvent jouer un rôle dans la dépression:
- Biochimie: Un désordre chimique du cerveau peut provoquer des symptômes de dépression.
- Génétique: Chez les jumeaux identiques, par exemple, si l’un souffre de dépression, l’autre a 70% de chances d’en souffrir à un moment ou un autre de sa vie.
- Personnalité: Les personnes qui ont une pauvre estime de soi, qui sont facilement submergés par le stress, ou qui sont généralement pessimistes semblent plus susceptibles de souffrir de la dépression.
- Environnement: L’exposition continue à la violence, à la négligence, aux abus ou à la pauvreté peut rendre certaines personnes plus vulnérables à la dépression.
Trouble d’anxiété
Tout le monde se sent anxieux de temps en temps. C’est un état normal, une émotion. Par exemple, vous pouvez vous sentir nerveux face à un problème au travail, ou avant d’avoir à prendre une décision importante, ou même vous sentir nerveux avant le prochain match des Canadiens de Montréal. Le trouble d’anxiété est différent, cependant. Il fait partie du groupe des maladies mentales, et la détresse que ce trouble provoque chez ses victimes peut les empêcher de mener une vie normale. Chez ceux qui en souffrent, l’inquiétude et la peur constituent un état constant et accablant qui peut même être invalidant. Mais avec le bon traitement, plusieurs personnes peuvent gérer ce trouble et retrouver une vie épanouissante.
C’est cette peur de se lever le matin, d’être jugé par les autres, de se sentir inférieur et de craindre que quelque chose de mal puisse vous arriver. Chez les cas les plus extrêmes, ce trouble peut entraîner la paranoïa et d’autres maladies graves.
Robin Williams
Je fais partie de ceux qui aiment voir heureux les personnes qui m’entourent. J’aime mettre un sourire sur le visage des autres, parfois même à mes frais. En dépit de mes maladies, j’aime faire rire les gens. Pour vous donner une idée, la première chose que je fais à pratiquement chaque matin, c’est partager quelque chose de drôle; une citation ou quelque chose que j’ai créé. Je veux que ma famille, mes proches, débutent leur journée avec un sourire sur le visage.
Le suicide du grand gourou de la comédie, Robin Williams, en Août 2014, m’a ouvert les yeux. Comment un homme aussi amusant, un homme qui avait autant de succès, pouvait-il même penser à mettre fin à ses jours? Dépression? Cet homme semblait tout le temps si heureux. En plus de son état dépressif, une autopsie révélera plus tard qu’il souffrait de démence à corps de Lewy, un trouble cérébrale agressif et incurable auquel est associé un risque de suicide.
Contrairement à Robin, je ne suis pas célèbre. Je n’ai pas le succès qu’il a eu dans sa carrière. Je suis juste un gars normal qui aime le plein air, la chasse, la pêche, la paix et la tranquillité, qui fera toujours de gros efforts pour éviter les grandes foules. Mais j’ai un bon sens de l’humour. Je me cache aussi derrière l’humour pour masquer ce qui se passe vraiment dans ma tête. Je me suis vu en M.Williams… et ça m’a effrayé.
Aujourd’hui, je suis médicamenté et les choses vont beaucoup mieux. Oh, c’est toujours là, ne vous y trompez pas, et ça explique certains de mes actes, incluant mon intolérance périodique sur Twitter et dans la “vraie vie”. J’ai du support, des outils que j’utilise pour y faire face. Ce sera là pour le reste de ma vie. Mais j’ai maintenant un abris dans lequel me réfugier, et des gens pour m’aider à traverser ces tempêtes occasionnelles.
Quelqu’un près de vous souffre de dépression et/ou d’anxiété? Soyez là pour lui. Vous ne savez pas s’il y en a? Soyez simplement gentils, car nous sommes souvent des experts pour cacher notre maladie. Ne les surprotégez pas. Laissez-les venir vous chercher, vous faire confiance, mais soyez présents. Comment faire ça? En faisant preuve d’empathie au lieu de sympathie. Oui, il y a une énorme différence entre ces deux choses et voici justement une vidéo que j’aime, qui décrit ces deux types de comportements.
Souffrez-vous de dépression ou d’anxiété?
Un site Internet appelé eMentalHealth.ca a une liste de plusieurs outils différents qui aide à dépister – mais pas à diagnostiquer – si vous souffrez d’une maladie mentale ou non. En cas de doute, cherchez de l’aide. Parlez à quelqu’un de confiance. Plus important encore, parlez-en à votre médecin.
Et en ce jour de Bell Cause pour la cause, soyez présents pour votre entourage, soyez-là pour eux. Si vous souffrez en silence, parlez. Parlez-en à quelqu’un, un proche. N’ayez pas peur de demander de l’aide, car vous recevrez des outils qui vous seront très utiles pour vous aider à gérer la négativité et la souffrance. Laissez-le sortir, et vous aurez déjà fait la moitié du travail, faites-moi confiance.
Aujourd’hui, je suis heureux. Eh bien, je suis stressé, je suis anxieux à propos de plusieurs choses et ça me pèse un peu. Mais je suis capable de le gérer, de mieux gérer les situations et les défis qui se présentent à moi. Je dois dire que ces deux dernières années, je suis plus heureux que jamais auparavant. Robin Williams, pour moi, est devenu une sorte d’idole, une motivation pour continuer d’avancer et à profiter de chaque jouer comme si c’était le dernier. Et j’ai appris quelque chose…
Je n’ai pas le pouvoir de changer la direction du vent, mais je peux toujours ajuster mes voiles pour me rendre à destination. Aujourd’hui, je ne permettrai pas que le drame extérieur et la négativité m’affectent, moi et ma santé. D’une certaine façon, je suis plus intolérant que jamais. Mais ça pourrait tout aussi bien être l’âge qui parle. Ce n’est pas de l’impolitesse ou un manque d’amour ou de compassion: c’est de l’auto-préservation.
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Crédit image entête, Habsterix.com