Des fleurs pour Flower
Partout où se porte votre regard, vous y trouverez du texte: qu’il soit long ou court, positif ou négatif, direct ou subtil ou, très souvent, un habile mélange de toutes ces caractéristiques. Il y a des messages, peu importe où nous sommes. Que ce soit sur un chandail, à l’intérieur d’une publication Facebook ou dans le bas de l’écran, lorsque vous syntonisez LCN pour avoir un bruit de fond pendant que vous passez l’aspirateur. D’ailleurs, si ça peut vous éviter quelques heures à écouter les dernières nouvelles, je peux déjà vous les résumer d’avance : ça va mal. Voilà. Ça fait plaisir !
Les auteurs et autrices, d’où qu’ils écrivent et peu importe à qui est destinée leurs proses, ne sont pas différents du reste du monde d’où ils émergent, la nuit tombée, un peu comme des superhéros… Ou des constats d’infraction pour un stationnement illégal… Tous ceux qui cherchent à communiquer avec vous restent eux-mêmes jusqu’au bout de leur texte: les positifs garderont leur philosophie de vie, lorsqu’ils écriront. Les plus colériques vous écriront en lettres MAJUSCULES. Les écrivains plus mystérieux se serviront de la ponctuation pour…
Enfin, vous voyez le topo. Pour ma part, je me perçois, à tort ou à raison, comme quelqu’un de résolument positif. Il y a tellement de gens qui se chargeront de vous pointer le négatif même si, comme une personne chevelue à la tignasse prise dans sa fermeture éclair, s’est tiré par les cheveux. Moi, j’ai pris le pari d’être comme une fenêtre ouverte donnant une belle vue sur le positif, sur le beau… Oui, comme la fenêtre du service au volant du McDonald’s.
En ce sens, je veux vous parler d’un athlète québécois qui, je crois, on ne peut détester à moins d’en être jaloux de manière maladive. J’ai nommé, Marc-André Fleury. Non, mais entre vous, moi et la boîte à bois, qu’avez-vous à lui reprocher ? Je ne me souviens plus quel humoriste tenait ce discours, ni à propos de qui, mais même si je disais qu’il n’est pas fin, qu’il a déjà jeté au lieu de recycler, qu’il ne laisse pas de pourboire au resto ou qu’il arrose son asphalte l’été… Est-ce que ça fera de moi une meilleure personne ? Non. Je suis désolé. À l’image de ceux qui étaient excités à l’idée de savoir ce qui allait en ressortir du bulletin de nouvelles, je suis désolé de vendre le punch, mais non, ce n’est absolument pas vrai cette idée que si vous calez quelqu’un, vous vous retrouverez au-dessus de cette personne. Si vous avez cette impression, c’est fort probablement parce que vous avez changé l’angle de la caméra à l’occasion de votre selfie.
Sérieusement, cet homme a remporté trois coupes Stanley, un trophée Vézina avec Lehner, son homologue à Las Vegas, un trophée William M. Jennings et plusieurs trophées remis à l’interne chez les Penguins de Pittsburgh. Mine de rien, il y a peu de temps face aux Canadiens, il est devenu seulement le troisième gardien de but de l’histoire à afficher plus de 500 victoires au compteur. Les deux cerbères à l’avoir précédé ne sont nul autre que Martin Brodeur et Patrick Roy… Qui ne sont pas des gardiens rappelés, car il y a plus de 20 joueurs placés sur le protocole COVID. Malgré tout ce qu’il a accompli, et il en a accompli beaucoup (pour les plus sceptiques et les plus cyniques, veuillez vous référer à ses statistiques). Il est toujours resté bon prince, humble, un véritable gentleman. D’après moi, quand il se cogne le petit orteil sur le coin d’un meuble, il ne se fâche même pas. Il est à ce point élégant. On ne parle pas encore de Ned Flanders, mais on n’est pas loin ! Mon Dieu, moi qui dis souvent à la blague: « Moi, je change une ampoule et je me vante sur Facebook. » Vous savez, le problème avec la modestie est qu’on ne peut pas s’en vanter…
On s’entend qu’il aurait raison de se vanter… Juste un peu au moins… Ou au moins d’être fier ! Jamais. Bon, fort probablement qu’il est fier, du moins, j’ose l’espérer, mais ce n’est pas lui qui va se péter les bretelles. D’aussi loin que je me souvienne, il a toujours été ainsi. Probablement que, s’il avait joué à Montréal, on aurait été au fait de s’il jette des matières compostables dans le bac à rebuts, mais je n’ai pas souvenir qu’il ait été impliqué dans un scandale ou qu’il se soit enflammé publiquement. Son agent, oui, mais pas lui.
Ce gars-là a déjà son billet pour le temple de la renommée du hockey même si, par deux équipes, il s’est fait poignarder dans le dos. Dans le dernier cas, il a même appris sur Twitter qu’il venait d’être échangé… Contre rien… Littéralement !
Et, en guise de rappel, retournons à l’été 2017 où les Golden Knights ont été créés. Bien que Fleury venait tout juste d’aider les Penguins à remporter une deuxième Coupe Stanley consécutive, une première depuis les Red Wings de Détroit en 1997 et 1988, il était clair qu’il ne figurait plus parmi les plans de l’équipe. Il avait clairement perdu son poste de gardien numéro un au profit d’un certain Matt Murray. Le problème était que, dans son contrat, il y avait une clause de non-échange qui le rendait inaccessible pour la nouvelle formation du Nevada. Chaque équipe ne pouvant protéger qu’un seul gardien, ça aurait pu signifier le départ de Murray, le nouveau gardien de confiance de l’équipe… Mais non, en bon prince, Flower a levé cette clause pour se rendre disponible et, du même coup, protéger celui qui venait de lui faire perdre son filet. En même temps, comme l’avouera par lui-même Murray, il se sentait comme s’il était la cause du départ de Fleury. En revanche, son seul but n’est que d’être le meilleur joueur de hockey qu’il est capable de devenir. Je ne connais personne de qui le rêve est d’être le meilleur gardien substitut de la Ligue. Tout un chacun vise le poste de numéro un et c’est normal. Aucune équipe ne veut de quelqu’un qui vise le 60 pour cent. Aucun enfant ne s’identifie à un athlète qui aspire à devenir « pas pire » ou « correct ». En même temps, comme dans la lutte qui a mis aux prises Fleury et Lehner, Fleury et Murray ou Huet et Aebischer, aucun belligérant ne veut le mal de son coéquipier/adversaire, mais tout le monde veut le poste de numéro un et, comme son nom l’indique, il ne peut y en avoir qu’un. Donc, forcément, un seul numéro deux également. Ce n’est pas personnel, mais c’est ainsi que ça fonctionne et c’est parfait ainsi, car c’est dans l’adversité qu’on sépare les hommes des enfants, des gagnants et des perdants, des professionnels et des amateurs. Bref.
C’est sûr que, s’il avait refusé de lever sa clause, car c’était possible. Le vétéran défenseur Dion Phaneuf, jadis des Sénateurs d’Ottawa, a pris ce pari, ce qui a causé le départ de Mark Méthot, un défenseur très prometteur. Par la suite, la relation entre Phaneuf et l’organisation n’était clairement plus la même. Ça, Fleury l’avait deviné et il a accepté de partir. Il a bien fait, car à sa première saison à Las Vegas, il s’est rendu jusqu’en finale de la Coupe Stanley où son équipe s’est inclinée devant les Capitals de Washington. Que j’aurais aimé qu’il la remporte, cette Coupe !
Ce gars là, originaire de Sorel-Tracy, malgré tout ce qui lui arrive, est toujours resté d’une classe et d’une gentillesse innommables, tant en entrevue que dans les médias sociaux, même quand il aurait eu raison de se révolter. Non. Même qu’il a dû calmer son agent, Allan Walsh, à quelques reprises. Ce n’est pas d’hier que l’entraîneur des Knights, Peter DeBoer, joue avec la chaise de gardien numéro un avec la même logique que s’il jouait à la chaise musicale. Chaque fois, l’illustre sportif québécois gardait son calme et sa classe. En même temps, si on part du principe que le travail d’un agent de joueur consiste à protéger son athlète/gagne-pain, peut-on en vouloir à Walsh? Bon… Peut-être que l’image de Fleury avec une épée dans le dos sur laquelle il est écrit « DeBoer » est forte, mais on ne peut lui en vouloir d’être dans tous ses états. Le contraire, par contre, aurait été fort inquiétant. Comme lorsque je vous parlais des différents types d’auteurs, il en va de même pour les types d’agents de joueur. Walsh en est visiblement un flamboyant, extraverti, qui assume chacune de ses paroles et chacune de ses prises de position, et ce, qu’il s’en prenne à Bettman, Tippett, DeBoer, Roenick, Waite ou tous ceux qui ont manifesté une opinion contraire à la sienne. Avec lui, pas de surprises. Si vous voulez un agent discret, veuillez appeler le prochain sur la liste. Cependant, si vous voulez un agent qui vous défendra avec passion et émotion, je crois qu’il saura vous plaire.
Il y a de ces événements où on se moque de l’équipe pour laquelle joue un athlète, et aujourd’hui en fait partie. Dans ce domaine, je ne peux m’empêcher de penser aux séries éliminatoires de 2014, mais plus précisément celle mettant aux prises les Canadiens et les Rangers, en finale de l’est de surcroît. Oui, oui. Celle où Chris Kreider a blessé Carey Price en lui fonçant dedans et, lorsqu’il fut interrogé à propos de l’incident, il répondit : » Mon seul regret est de ne pas avoir marqué sur la séquence. » C’était, en quelque sorte, le Kucherov ou le Scheiffele de 2014. Cette blessure fut si grave que Price ne put revenir avant la saison suivante. Je ne sais pas si vous vous en souvenez, mais, au cours de cette série éliminatoire, son substitut était un jeune cerbère du nom de Dustin Tokarski. Ce n’est pas qu’il était mauvais, mais il n’était pas Price. Les Canadiens baissèrent pavillon devant les Blueshirts qui, à leur tour, perdirent en finale contre les Kings de Los Angeles qui remportèrent du même coup une deuxième Coupe en trois ans. Malgré tout ce qui s’est passé, au cours de cette valse du printemps de 2014, du côté des New-Yorkais, se trouvait un autre athlète québécois qu’on ne peut juste pas détester, Martin St-Louis qui plus est, au cours des séries éliminatoires, avait perdu sa mère, mais comme cette dernière l’aurait souhaité, il avait continué à jouer avec toute l’ardeur, toute l’énergie, tout le cœur, toute la passion et toute la fougue qu’on lui connaît. Rendu-là, comme dans une lutte entre deux gardiens visant le poste de cerbère titulaire, on ne peut pas lui vouloir de mal… Mais il ne peut y avoir qu’un seul club qui représente l’est en grande finale… Que le meilleur gagne.
En terminant, encore une fois : chapeau, Flower, pour absolument tout ce que tu as accompli et pour l’homme que tu as su rester à travers tout ce que tu as traversé. Je vous laisse donc, chers lecteurs, sur un proverbe de mon crû : » Dans un monde rempli d’Evander Kane, soyez un Marc-André Fleury. »
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En Prolongation
Crédit image entête, NHL.com
Sources :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Troph%C3%A9e_William_M._Jennings
https://fr.wikipedia.org/wiki/Marc-Andr%C3%A9_Fleury
https://www.tvasports.ca/2021/07/27/marc-andre-fleury-fait-ses-valises
https://www.rds.ca/hockey/lnh/les-golden-knights-devoilent-l-identite-des-30-joueurs-qu-ils-ont-choisis-au-repechage-d-expansion-1.4551733
https://www.nhl.com/news/matt-murray-says-he-isnt-trying-to-fill-fleurys-shoes/c-290639412
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1039306/hockey-lnh-expansion-marc-andre-fleury-non-mouvement-echange-vegas-golden-knights-penguins-senateurs-dion-phaneuf
https://www.tsn.ca/dion-phaneuf-s-complicated-legacy-in-ottawa-1.998987
https://www.tvasports.ca/2020/08/22/lagent-de-fleury-sen-prend-directement-a-deboer
https://www.tvasports.ca/2021/11/02/allan-walsh-veut-la-tete-de-gary-bettman
https://www.danslescoulisses.com/allan-walsh-sen-est-pris-publiquement-a-stephane-waite/
https://www.journaldemontreal.com/2019/09/19/contrats-dans-la-lnh–allan-walsh-replique-a-jeremy-roenick
https://www.tvasports.ca/2014/05/19/serie-terminee-pour-price
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/669494/lnh-canadien-rangers
https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9ries_%C3%A9liminatoires_de_la_Coupe_Stanley_2014
https://www.lapresse.ca/sports/hockey/201405/09/01-4765242-martin-st-louis-en-deuil-de-sa-mere.php