Un duo douteux en Ohio
Parmi les gros noms qui ont tourné casaque le 1er juillet dernier, la perte de Sergei Bobrovsky est peut-être celle qui fait le plus mal aux Tuniques Bleues. C’est que la relève à la position de gardien est pratiquement inexistante à Columbus, et on n’est pas parvenu à dénicher une solution de secours à l’externe depuis.
Pourtant, Jarmo Kekalainen, l’architecte de la concession depuis 2013, semble confiant. Bien sûr, il serait difficile pour lui de tout bonnement se permettre de dire « P*****, c’est la merde !« . Néanmoins, le DG des Blue Jackets y est allé d’une sortie intéressante lorsqu’il a insinué que Joonas Korpisalo était prêt à endosser le rôle de gardien numéro 1 et qu’il était à l’aise avec le duo, complété par Elvis Merzlikins, qu’il avait sous la main.
Si les deux gardiens ont 25 ans, ils ont eu des parcours bien différents. Pendant que Merzlikins évoluait en Europe, Korpisalo jouait les seconds violons en Amérique. Vous aurez compris qu’il est le seul à détenir de l’expérience dans la Ligue nationale. Une expérience qui se limite toutefois à 90 matchs, dont 27 la saison dernière. Parlant de ça, après une belle entrée en matière en 2015-16 (31 matchs, 16-11-4, 2.60 et .920), le Finlandais n’a jamais été en mesure de prouver qu’il pouvait dominer dans la LNH :
2016-17 : 14 matchs, 7-5-1, 2.88 et .905
2017-18 : 18 matchs, 8-8-1, 3.32 et .897
2018-19 : 27 matchs, 10-7-3, 2.95 et .897
Pour Kekalainen, ces chiffres pourraient s’expliquer par son utilisation sporadique au cours des 3 dernières années. Pour un jeune en plein processus de développement, il est vrai que cela peut venir quelque peu compliquer la donne. Mais n’étant pas Carey Carter Hart qui veut, il est normal pour un jeune gardien de traverser ce processus. Néanmoins, il est difficile de se sentir optimiste pour la saison à venir. Certes, il est vrai que l’ancien choix de 3e tour de l’organisation en 2012 dispose de plusieurs atouts; il est grand, athlétique, vif et on dit de lui qu’il est passionné…
Mais est-ce que ça suffira pour qu’il parvienne à relever le défi qui l’attend ? Bien sûr, je peux me tromper, mais je ne vois pas comment, ni de près ni de loin, Korpisalo pourrait logiquement venir chausser les patins laissés vacants par Bobrovsky, double lauréat du trophée Vézina… Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si on lui a accordé un contrat d’une seule saison le 1er juillet dernier… Kekalainen a bien beau affirmer qu’il a confiance de voir son gardien saisir sa chance en 2019-20, il sait probablement qu’il joue aux dés.
Quant à Merzlikins, un Letton, il a connu beaucoup de succès avec le Lugano, en Suisse. Mais le calendrier y est beaucoup moins exigeant, alors qu’on y dispute 50 matchs par saison. Outre le fait qu’il devra affronter un niveau de jeu beaucoup plus élevé en Amérique du Nord – Maxime Lapierre était l’un des meilleurs attaquants de son équipe la saison passée – il faut se demander comment on l’utilisera. Un système à deux gardiens numéro 1 ? C’est rarement bon signe. En tant que numéro 2 ? Kekalainen lui-même a dit que c’était difficile pour un jeune gardien…
C’est bien beau le potentiel, mais avec deux gros points d’interrogations devant le filet, les autres équipes risquent de s’en donner à cœur joie. On pourrait toujours arguer que Korpisalo (1.15M) et Merzlikkins (874k) se battront pour se mériter une jolie petite augmentation au terme de la prochaine saison, mais c’est encore un simple « peut-être ».
Encore une chance que les Jackets aient eu la main heureuse en préférant Pierre-Luc Dubois à Puljujarvi, sans quoi ils se retrouveraient dans une position nettement plus fâcheuse après avoir distribué leurs choix de repêchage comme des bonbons il y a quelques mois.
En Prolongation
Avec deux gardiens qui empochent aussi peu, et tous ces gros joueurs qui ont fait défection, il ne faut pas se surprendre de voir les Jackets avec un peu plus 15.75M de disponibles sous le plafond. Toutefois, il faut mentionner que Zach Werenski, actuellement toujours sans contrat, devrait très bientôt en accaparer à peu près la moitié. Également, ce sera au tour de Pierre-Luc Dubois de passer à la caisse l’été prochain. S’il poursuit sur sa progression de la dernière année, il risque de coûter cher, très cher…
Malgré la lourde perte de Panarin, je ne pense pas qu’il y ait lieu de s’en faire pour lui. Dubois sera bon, peu importe les ailiers qu’on lui attribuera.
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Crédit image entête, NHL.com