Habstérix et la pêche aux gros poissons
Vous êtes tannés des vieux clichés du hockey ? C’est l’été, après tout, alors pourquoi ne pas changer un peu et utiliser l’analogie de la pêche pour décrire les tentatives répétées du DG des Canadiens de Montréal, Marc Bergevin, de pêcher un gros poisson ? Ne manquez pas le bateau; les conditions sont parfaites. Les rumeurs vogues à contre-courants, et il y a plusieurs bons poissons qui attendent d’être pêchés. Gros, petits, rapides, certains puants et d’autres plus alléchants que nous aimerions avoir dans notre assiette. Si vous n’avez pas encore mordu à l’hameçon, poursuivez votre lecture.
Leçon numéro 1 : Vous ne pouvez pas attraper de poisson si vous n’avez pas de ligne à l’eau.
Sauf pour ces vidéos folles que vous pouvez trouver sur YouTube, les poissons ne sautent pas tout simplement dans votre bateau. Soyez rassurés, Bergevin semble avoir lancé des lignes un peu partout à travers la ligue. Jusqu’à tout récemment, il avait un gros poisson accroché à sa ligne en Sebastian Aho. Mais les prévisions météos ont annoncé qu’un ouragan pourrait passer et décrocher le poisson, ce qui a été confirmé depuis. Sachant que l’offre a été égalée, Bergevin a lancé de nouvelles lignes à l’eau.
Leçon numéro 2 : C’est le poisson qui décide quand mordre, vous ne pouvez pas le forcer.
Les Habs voulaient pêcher John Tavares l’année dernière. Ce poisson n’a même pas daigné leur accorder une journée pour les rencontrer ou leur parler. Vous pouvez avoir le meilleur leurre, le meilleur équipement, mais si le poisson ne mord pas ou s’il n’a pas faim de l’appât que vous lui tendez, il n’y a tout simplement rien que vous pussiez faire pour l’attirer dans votre bateau. Montréal a beaucoup à offrir, mais ce n’est pas pour tout le monde. Ironiquement, il semblerait que plusieurs des joueurs qui se laissent tenter à l’expérience de joueur pour les Canadiens ne veulent plus quitter. Encore la semaine dernière, Brian Gionta a déclaré aux médias combien Montréal lui manquait et combien il a aimé y jouer. Gionta était alors à Kelowna au Tournois de charité de Josh Gorges, un autre joueur qui n’a jamais voulu quitter l’organisation des Canadiens. Avant d’être échangé aux Sabres de Buffalo, Gorges a même une transaction qui allait l’envoyer avec les Maple Leafs de Toronto.
Leçon numéro 3 : Si c’était facile, ça ne s’appellerait pas de la pêche.
« Fais-le » ne signifie pas que vous aurez du succès. Vous devez travailler fort, intelligemment, avec acharnement et conserver les besoins du marché à l’avant-plan. Alors, votre « Fais-le » paiera. Encore une fois, certains fans et médias critiquent les Habs à chaque fois qu’un joueur autonome de renom signe ailleurs ou est inclus dans une transaction avec une autre équipe que le Canadien. Plusieurs d’entre eux, installés derrière leur clavier dans leurs sous-vêtements souillés, protégés par l’anonymat et leurs quelques abonnés sur Twitter ou leurs « amis » Facebook/Instagram, se moquent du fait qu’il est devenu difficile de transiger dans la LNH d’aujourd’hui. Ils prétendent en savoir plus. Ils oublient qu’à chaque fois qu’un joueur est signé, c’est qu’il y a 30 équipes (bientôt 31) qui ne l’ont pas eu. Oh, mais c’est le travail d’un DG, disent-ils. Mais le travail d’un fan, c’est d’encourager et soutenir notre équipe…. et ils y échouent lamentablement aussi! Encore une fois, c’est beaucoup plus facile d’être un fan que de faire des échanges impliquant du vrai argent, des vrais contrats et des vrais joueurs.
Leçon numéro 4 : Plus grand l’appât, plus grand le poisson.
Tu ne peux pas pêcher Moby Dick avec un simple ver de terre. Si vous voulez attraper un gros poisson, faites-le nécessaire pour l’attirer et le pêcher. Malheureusement pour Bergevin, tandis qu’il dispose peut-être du meilleur appât avec son espace salarial et une volonté affirmée de le dépenser, il y a plusieurs autres facteurs qui jouent contre lui. L’eau est boueuse, dû aux impôts d’un gouvernement qui prend un malin plaisir à effrayer les gros poissons. Pire, il y a tout un tas de médias et de pseudo-fans qui jettent leurs vidanges directement dans la rivière du St-Laurent.
Leçon numéro 5 : Les poissons sont toujours meilleurs sur l’autre rive.
Parfois, c’est comme si, peu importe où vous lancez votre ligne, les poissons ne mordent pas. Encore une fois, vous voyez les autres pêcheurs les attraper… de l’autre côté de la rivière. L’équipe A a bougé pour échanger le joueur B. Pourquoi Bergevin n’a pas donné le joueur C pour l’avoir ? C’est pourtant simple : L’équipe A ne voulait pas ou n’avait pas besoin du joueur C, ou elle ne pensait pas que ce dernier était meilleur que le joueur B… en dépit de ce que vous pouvez penser. Et devinez-quoi ? And guess what? Ils sont dans leurs droits. C’est leur équipe, leur travail. Et non, ce n’est pas la faute de Bergevin quand ça se produit. Actuellement, ça arrive continuellement à chacune des 31 équipes de la LNH.
Est-ce que quelque chose en train de se tramer ?
On dirait bien que cet été Bergevin est devenu beaucoup plus agressif que par le passé. De l’extérieur, ça ressemble certainement à un DG qui a un plan et qui le suit à la lettre. Il veut un gros nom, et il a déjà pris plusieurs mesures pour redresser les besoins de son équipe.
Le plan A semble avoir été Matt Duchene, mais il a choisi Nashville, un endroit où il possédait déjà une maison et y passait les entre-saisons. Avide joueur de guitare, il aime la musique country et si jamais vous n’êtes jamais allé à Smashville, sachez que c’est une ville magnifique. Une que je placerais loin devant Montréal, New York et Las Vegas.
Matt Duchene tells @DavidAmber he was close to signing in Montreal. Has tremendous respect for that franchise.#signingseason
— John Shannon (@JSportsnet) July 1, 2019
Le plan B était vraisemblablement Anders Lee, malgré qu’il semble y avoir plusieurs contradictions dans ce dossier. Le capitaine des Isles n’a jamais vraiment voulu quitter son équipe, c’était évident. Il l’a dit lui-même. Devenu agent libre, il a fait ses devoirs et vérifié combien il valait sur le marché. Cet exercice lui a offert le levier qui lui manquait pour convaincre Lou Lamoriello de lui dérouler le tapis rouge pour le ramener.
La nouvelle de la resignature de Lee avec les Islanders n’était pas encore faite, qu’on apprenait que le Canadien venait de déposer une offre hostile à Sebastian Aho. Une nouvelle qui a littéralement fait couler beaucoup d’encre dans les médias et entre les fans des deux équipes. Tom Dudon, le propriétaire des Hurricanes, a tôt fait d’effectuer une sortie pour dénoncer à grands coups de canon ce qu’il considérait comme un exercice futile, une pure perte de temps. Mais ne vous y trompez pas, Dundon ne voulait pas dépenser autant d’argent de cette façon, plus particulièrement en bonis à la signature qui représentent la moitié du montant total du contrat à verser dans les 12 premiers mois de l’entente! C’est le propriétaire qui, quelques mois plus tôt, ne voulait pas payer son DG plus de 600 000 quand les entraîneurs empochent des millions! Depuis, il a égalé ce qui devait être le plan C des Habs.
Interesting discussion here… I have a few followers who think that instead of an offer sheet, Bergevin and Cheveldayoff would be negotiating a Laine trade between the #NHLJets and the #Habs. What would it take though? What’s his value after a subpar season? #GoHabsGo
— J.D. Lagrange (@Habsterix) July 6, 2019
Maintenant les rumeurs sont persistantes autour des Habs, et à mon avis, l’une des plus intéressantes est celle voulant que les Jets et les Canadiens discutent d’une transaction entourant le finlandais de 21 ans Patrick Laine. Sortant d’une saison décevante avec les Jets (Par rapport à ses standards. Il a tout de même trouvé le moyen de produire 30 filets), le RFA ne parvient pas à s’entendre sur les termes d’un nouveau contrat avec les Jets. Ces dernier étant en quelque sorte coincé par la masse salariale. Ils ont déjà perdu 3 de leurs 5 meilleurs défenseurs en Tyler Myers (Canucks), Jacob Trouba (Rangers) et Ben Chiarot (Canadiens) et bien qu’ils aient acquis Neal Pionk de New York, il y a encore un vide à combler à cette position. Un jeune défenseur qui ne coûte pas cher et est déjà prêt pour la LNH aura vraisemblablement à quitter. On pourrait penser à l’un d’entre eux : Victor Mete, Josh Brook ou Noah Juulsen. Un choix de 1ere ronde des Canadiens devrait logiquement être impliqué, de même qu’un bon espoir.
Pour ce plan D, il y a beaucoup de fumée, et où il y a de la fumée, il a y du feu. Et Bergevin est encore assis dans sa barque au milieu du lac, concentré sur sa tâche, même avec la forêt qui prend feu autour de lui, à travers l’épaisse fumée… tentant d’attraper son propre gros poisson. Il, avec Trevor Timmins et Shane Churla, a déjà volé le dernier repêchage en pêchant Cole Caufield au 15e rang. Ils sont en train d’essayer de commettre un nouveau vol. Fans des Canadiens, restez à l’affût et n’oubliez pas : Good things come to those who wade. Rappelez-vous, Bergevin a pêché un gros poisson pas plus tard que l’été dernier. La saison ne débute pas avant le 3 octobre… ironiquement, en Caroline. Go Habs Go!
Crédit image entête, Habsterix.com