Plante ou Price ?

Jacques ou Carey ? 1959 ou 2019 ?



Attention, le but ici n’est pas de discréditer Plante. Pas du tout, il s’agit plutôt de remettre, au moins un peu, les choses en perspective… Après tout, le débat fait rage, depuis que Price a rejoint Plante au premier rang de l’histoire du Canadien avec une 314e victoire dans l’uniforme bleu, blanc, rouge. Depuis, on peut voir plusieurs commentaires

Plante était meilleur.

Plante, lui a gagné des coupes.

Dans le temps il y avait des matchs nuls

C’est honteux de seulement oser les comparer, dit-on… Une honte pour Plante, qui était bien meilleur. Ah oui, vraiment ?!

En 1959, il y avait 6 clubs, aujourd’hui il y en 31… bientôt 32. De plus, à l’époque de Plante, il y avait plusieurs autres choses qui étaient bien différentes d’aujourd’hui :

  • Pas de cap salarial
  • Pas de parité
  • Pas de repêchage (la 1ere édition de cet exercice a eu lieu en 1963)
  • Pas de club dans l’ouest
  • Pas de pouvoir aux joueurs

Dans ces années-là, le talent de la ligue était majoritairement d’origine canadienne, voire québécoise. Mais ça, c’est une autre histoire…



Aujourd’hui, il y a 5 fois plus d’équipes… Même si c’est impossible de vraiment réussir à comparer 2 époques aussi différentes, on peut tout de même prendre le temps de s’attarder sur certaines données, histoire d’élargir notre vision de la chose :

L’attaque

Durant les belles années de Plante, le CH a été premier en buts comptés de la LNH à chaque (!!!) occasion ! L’attaque comptait notamment en ses rangs des joueurs tels que Dickie Moore, Bernard Geoffrion, Maurice Richard, Henri Richard, Bert Olmstead et un certain Jean Béliveau ! Rien que ça… De nos jours, aucune équipe actuelle, surtout avec le plafond salarial, ne pourrait se permettre de se payer une aussi grande qualité et quantité de vedettes. Sauf, peut-être, le Lightning. Surtout que la défensive n’avait rien à envier à l’attaque. En effet, lorsqu’on regarde la ligne bleue, on peut constater qu’il faut ajouter Tom Johnson, Jean-Guy Talbot, Dollard St-Laurent et surtout Doug Harvey, qui est selon plusieurs le meilleur arrière de toute l’histoire du CH ! Et ça, ce n’est pas peu dire !

D’ailleurs durant les 11 années de Plante avec les Canadiens, l’équipe a compté pas moins de 2511 buts. Ça, c’est plus de 400 buts de plus que le deuxième meilleur club à ce chapitre, les Red Wings !

En ce qui concerne Price, en 12 ans, il a vu son attaque terminer 20e et pire à 7 reprises ! Une fois 2e, à sa première année en 2007, et une fois 4e lors de la demi-saison de 2012-13, sinon, il n’a jamais eu grand-chose à se mettre sous la dent. Et nul besoin de prendre le temps de revoir la liste des attaquants que Price a eu devant lui… Il n’y a rien de comparable avec l’époque de Plante, et ça, c’est sans parler de la défensive…

Price, lui, a vu son club lui donner, depuis le début de sa carrière, 2548 buts. Si on constate d’abord que c’est plus que Plante, il faut tenir compte de plusieurs facteurs.  Par exemple, du côté de Price, on tient compte d’une saison de plus. Et, ce total de buts marqués est bon pour la 16ème place, pas la 1ere… On parle de 350 buts de moins que les meneurs depuis 2007, les Penguins de Crosby. En fait, tel que mentionné plus haut, Carey a vu son club être Top-12 en buts comptés  seulement 2 fois dans sa carrière contre 7 fois 20e ou pire !!

Nombre de matchs et matchs nuls

Oui, Plante a eu plus de 100 matchs nuls à l’époque. C’est vrai. On peut se permettre d’estimer, en tenant compte de la puissance du club d’alors, qu’il aurait pu ajouter autour de 65 victoires de plus, s’il y avait déjà eu la prolongation (et la fusillade) à l’époque. Mais le fait d’avoir un club si puissant compense amplement, à mon avis, pour ce plus grand nombre de victoires. Oublions la parité, oublions le cap salarial aussi… on le répète, il n’y avait rien de tout ça !

Le Vezina

Oui, Plante fut 6 fois lauréat du trophée Vézina à Montréal. On ne dit pas qu’il n’était pas bon. Il l’était, c’est indéniable. Mais il y avait 6 gardiens numéro 1 à l’époque, pas 30 31 ! Carey, s’il finit dans cette catégorie cette année, aura tout de même été 5 fois dans le Top-5, dont une qui s’est soldée avec le fameux Vézina (plus un Jenning, un Lindsay et un Hart). À mon avis, toujours en considérant qu’il y a 5 fois plus de clubs, en utilisant un ratio, le Top-5 d’aujourd’hui peut être considéré comme aussi louable que le Top-1 de l’époque.

Les séries

Sur 6 clubs, 4 étaient qualifiées. On parle d’un taux de qualification de 67%. Aujourd’hui, avec l’ajout de Vegas, c’est tout juste en haut de 50% (51.6). Quand Seattle viendra se joindre à la partie, en 2021, ce taux tombera exactement à 50% (16/32). Pour s’équivaloir, en date d’aujourd’hui, il faudrait que 21 clubs se qualifient, pour arriver au même pourcentage qu’à l’époque. Avec 21 clubs en séries au lieu de 16, disons que bien des choses changeraient.

Après tout, dès lors qu’il y avait un club faible, ce qui arrivait à chaque année, il y avait 4 chances sur 5 d’être qualifié ! Autre facteur à ne pas oublier… un club qui gagnait 1 ronde, une seule, se retrouvait déjà en finale !!

Les coupes Stanley

Plante faisait partie de l’équipe pour 6 coupes Stanley, c’est vrai ! Mais, suite de son départ, le CH a gagné 6 autres coupes en 10 ans avec 4 gardiens différents, soit Worsley, Hodge, Vachon et Dryden. Les faits sont-là, cette équipe était un véritable rouleau compresseur !

En 2 ans avec les Rangers, Plante n’a pas fait les séries. Durant les 8 campagnes que le gardien a disputé après son départ de Montréal, il n’a jamais plus remporter la Coupe. Je crois qu’il s’agit d’une autre donnée qui tend à démontrer à quel point le CH était solide !

Posons-nous la question.. Si le CH a été capable de gagner 6 fois le gros trophée en 10 ans avec 4 gardiens différents, est-ce que Price aurait pu gagner avec ce club-là ? À mon avis, absolument… sans le moindre doute ! Dans le même ordre d’idée, si Price partait aujourd’hui et qu’on le remplaçait par un autre gardien, croyez-vous que les Canadiens gagneraient des coupes ? Selon moi, absolument pas. Je ne suis même pas convaincu qu’ils pourraient faire les séries. C’est déjà difficile avec Carey Price devant les buts, alors imaginez sans !



Mon opinion après tout ceci ? Je prends Price avant, lui qui doit se battre pour chaque victoire dans une époque beaucoup plus compétitive et avec un club tout à fait incomparable aux Glorieux des années 50-60 !

Ce n’est pas parce que Plante a été le deuxième gardien à porter le masque – oui, oui 2ème après Clint Benedict, 30 ans avant lui, mais le premier de façon permanente – qu’il est automatiquement le meilleur. Plante a été un très bon gardien, mais qui a amplement bénéficié de la glorieuse machine bien huilée qu’était le Tricolore des années 50 ! Il a aussi été un des premiers à sortir de son but pour contrôler les rondelles.

Clint Benedict, février 1930. HHOF Images via The Hockey News

Donc, pour toutes les raisons précédemment énumérées, pour moi, Price a plus de mérite que Plante. Mais ça, c’est mon avis. J’ai fait cet article, non pas pour vous en convaincre, mais pour vous permettre d’avoir une meilleure vue des faits à considérer avant de prendre votre propre décision.

Cela dit, Price est-il pour autant le meilleur gardien de l’histoire du CH ? À mon avis, non… Non, je propose Roy, qui a également eu de meilleurs clubs que Price, c’est vrai. Mais Roy était aussi une machine en séries. C’est ce qui a contribué à faire sa légende.

Cela dit, est-ce que Price a besoin d’être aussi bon que Roy pour avoir du mérite ? Non ! À son heure, il rejoindra sans aucun doute les autres grands gardiens, parmi les légendes qui ont marqué la riche histoire des Canadiens.

– Par Martin Raymond

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Crédit image entête, NHL.com

Invité Spécial
 

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