Tourner les coins ronds

Habituellement, je ne lis pas les chroniques de Michel Bergeron. La semaine dernière, cependant, je n’ai pas su résister, alors que les titres de deux articles sont venus me taper dans l’œil. Commençons par le plus récent papier de ce personnage : Où était Price à Buffalo?


Faisant écho aux plaintes de certains fans qui trouvent qu’on « repose » trop sur Carey Price, Bergeron a fait ce qu’il sait faire le mieux, en se plaignant de cette situation…

Le Canadien doit battre les équipes qui sont derrière lui pour participer aux séries. Je n’en reviens pas, je suis assommé. C’est à se demander qui prend ces décisions. L’entraîneur ? Price lui-même ? L’entraîneur des gardiens ? Je me mets dans la peau du directeur général et je ne serais pas content.

« Le Canadien doit battre les équipes qui sont derrière lui pour participer aux séries. » En ce moment, si on se basait sur ce seul facteur, Niemi ne verrait pas souvent d’action… Qui plus est, de façon générale, la plupart des intervenants s’entendent pour dire que les matchs contre des équipes moins dangereuses sont généralement les meilleures occasions pour reposer le numéro 1… Pire encore; invoquant le salaire du gardien, Bergeron reproche à Carey Price de ne pas avoir eu l’air fatigué (?!) après avoir passé la rencontre sur le banc…

Price devrait être exténué à chaque match. Or, jeudi, on le voyait attendre ses coéquipiers après la défaite comme si de rien n’était. Le CH affrontait un adversaire qu’il devait absolument battre et Price n’était pas devant le filet. 

Je suis bien d’accord qu’il est agréable, voire important, de constater qu’un joueur a tout laissé sur la glace après un match, dans la victoire comme dans la défaite. Mais de là à exiger qu’il ait l’air fatigué après deux jours de congé et un match où il a fait office de gardien substitut ? Il devrait disputer les 82 (ou 73) matchs du calendrier régulier et avoir l’air exténué tout le long de l’année, pour lui faire plaisir ?

À l’heure actuelle, le numéro 31 a disputé 7 des 10 matchs de son équipe. Ce qui donnerait près de 60 matchs (57), une fois la moyenne transposée sur un calendrier régulier. Alors, on se plaint de quoi, au juste ? D’autant plus qu’un, voire même deux, des ces fameux matchs « manqués » sont dus à un simple virus. Puisque Antti Niemi a bien fait à son premier match, contre les Penguins, on a tout simplement décidé de profiter de l’occasion pour laisser à Carey Price le temps de se remettre pleinement, tout en offrant un bonbon à son second. Il n’y a pas de quoi en faire tout un plat. En présumant que Niemi aurait tout de même obtenu l’un des deux départs, nonobstant la situation, Price aurait reçu 8 des 10 départs… pour une moyenne d’environ 65 matchs. N’est-ce pas raisonnable, après tout, de lui offrir 60 à 65 matchs durant la saison, afin de s’assurer qu’il soit en pleine forme au moment d’entrer en séries éliminatoires ? Si séries il y a, bien sûr…



Pas pour Bergeron. Lui, il n’en revient pas. On constate, grâce à ses comparaisons avec Martin Brodeur, qu’un gardien digne de ce nom devrait disputer minimum 70 matchs (le fameux 73 cité plus haut). Parce qu’on sait tous que la marche est vraiment immense entre jouer 65 et 70 matchs. Oui, il peut y avoir une immense différence entre 5 victoires et 5 défaites à la fin du calendrier. Mais, pour l’heure, je ne vois aucune raison de croire que Niemi s’inclinerait à chaque fois. Après trois matchs, il est tout de même parvenu à s’en tirer avec 2 victoires contre 1 seul revers. C’est ce qui arrive, quand tu n’as plus à te reposer uniquement sur le gardien… Ainsi, il se demande où était Carey Price à Buffalo. Moi, je me demande où était Bergeron alors que Niemi remportait ses deux premiers duels, le 13 et le 15 octobre ? Sûrement quelque part avec Théo ! 

T’étais où, Théo ?

Bref, je crois qu’il est un peu tôt pour commencer à se plaindre de l’utilisation des gardiens.

Mais bon, Bergeron aimerait également replacer Drouin au centre et Domi à l’aile, s’il était Claude Julien… Durant l’été, je n’ai jamais caché que j’étais favorable à l’idée de prolonger l’expérience de Jonathan Drouin au centre. Après tout, le talentueux attaquant y prenait de plus en plus ses aises, au point de clôturer le dernier droit de la saison avec une moyenne d’approximativement d’un point par match.

Cela dit, tel que le souligne Bergeron lui-même, Drouin semble avoir trouvé sa vitesse de croisière et on semble revoir le joueur habile et rapide qu’on voyait à Tampa Bay. Sauf que ce « réveil » coïncide précisément avec le moment où on a décidé de le réunir à Max Domi, avec qui il s’est brièvement éclaté avant que la saison commence… Alors pourquoi vouloir le replacer au centre dans ces conditions ? Certes, Michel Bergeron avance que Domi pourrait compléter un duo intéressant en patrouillant le flanc de Jesperi Kotkaniemi. Je suis d’accord. Mais pas tout de suite. Plus tard, peut-être, lorsque Poehling et Suzuki s’amèneront en renfort. En attendant, je ne sais pas trop ce qui lui faudrait de plus pour apprécier le travail de Domi au centre. Pendant qu’à peu près tout le monde est impressionné :

Extrait de l’article « Claude Julien a des nouvelles options » par Yvon Pedneault dans le JdM

Ce n’est pas assez étonnant pour Bergeron, qui affirme qu’il n’est pas convaincu… Pour ma part, je ne suis pas convaincu que son trio Byron-Drouin-Lehkonen serait aussi fabuleux que ce qu’il semble croire.



Ce qui est drôle aussi, c’est qu’il prétend vouloir féliciter Claude Julien alors qu’il met à nouveau en doute le pouvoir décisionnel de celui-ci. En effet, il avance la possibilité que ce soit d’autres personnes que Claude Julien qui décident de certaines choses. Entre autres, l’utilisation de Carey Price…

Bref, je n’ai rien contre la personne mais, comme analyste – que ce soit à la télé ou dans un journal -, je trouve que Michel Bergeron a tendance à tourner les coins ronds. Heureusement pour lui, les patinoires ont justement des coins arrondies. Je vais terminer en précisant que je suis fort heureux que Bergeron ne soit pas Claude Julien…

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En Prolongation 
Parlant de la fameuse utilisation de Max Domi au centre :

Visiblement, il y avait beaucoup plus à dire…




Crédit image entête, TVASports.ca



Tom L.D. MacAingeal
 

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