Raphaël Lavoie, le « flop » de la cuvée 2019 ?

Chaque année, le repêchage de la Ligue nationale de hockey est LE moment le plus attendu par plusieurs jeunes joueurs éligibles. C’est un pas de plus vers la réalisation de leur rêve. Malheureusement, à tous les ans, certains de ces jeunes hockeyeurs en qui on plaçait énormément d’espoir nous déçoivent lorsque vient le temps de jouer dans la cour des grands. Dans le jargon du hockey, ce type de joueur est aussi appelé un « flop ».

Les partisans des Canadiens de Montréal commencent à connaître ce sentiment de déception. Ils sont quelques jeunes à avoir été sélectionnés par l’état-major de la Sainte-Flanelle et à n’avoir jamais réussi à percer la formation du Tricolore.

Il y a 10 ans, le repêchage se déroulait dans la grande métropole. Avec la 18e sélection au total, Bob Gainey a jeté son dévolu sur un Québécois, Louis Leblanc. Ce dernier était voué à un bel avenir dans le monde du hockey, un avenir qui ne se sera malheureusement jamais concrétisé. Leblanc enfilant le chandail Bleu, blanc, rouge que pour 50 rencontres seulement.

L’année suivante ne fut pas plus fructueuse pour Pierre Gauthier, fraîchement embauché à titre de directeur-général. Suivant les conseils de son groupe d’éclaireurs, Gauthier sélectionne le défenseur format géant, Jarred Tinordi. Encore une fois, Montréal a été déçu. Tinordi n’a disputé que 53 matchs dans la LNH. Maintenant âgé de 27 ans, il n’a jamais été en mesure d’imposer son jeu dans la grande ligue. Jarred roule toutefois sa bosse dans la Ligue américaine et s’avère être tout de même un bon petit AHLer.

En 2013, les Canadiens choisissent encore une fois un joueur format géant. Du haut de ses 6 pieds et 6 pouces, l’Américain Michael McCarron a passé plusieurs séjours à Montréal, mais il n’a jamais réussi à se faire valoir assez pour se tailler un poste régulier. Depuis son arrivée chez les professionnels, il a principalement fait la navette entre le club-école et le grand club. Son imposant gabarit le ralenti et l’empêche de s’adapter à la vitesse de la LNH. Dans son cas, tout n’est pas encore perdu. Par contre, la prochaine saison sera fort probablement sa dernière chance de prouver qu’il peut jouer parmi les grands, tandis qu’il devrait être remis d’une blessure qui l’ennuyait depuis plusieurs années.

Le choix de première ronde de 2014 n’a pas mieux réussi que les trois autres. Effectivement, Nikita Scherbak a déjà terminé son séjour en Amérique du Nord, du moins, pour l’instant. Après avoir été réclamé par les Kings de Los Angeles plus tôt cette saison, ces derniers n’ont pas aimé le travail du Russe. 8 matchs plus tard, ils l’ont rétrogradé dans la Ligue américaine. À la fin de la saison, on nous apprenait que Nikita poursuivrait sa carrière dans la KHL.

Je ne m’acharnerai pas plus sur les Canadiens puisqu’ils ne sont pas les seuls à être déçus plus souvent qu’autrement par leurs sélections de premier tour. Chaque organisation a leurs bons et moins bons coups.

En 2008, les Blue Jackets repêchent Nikita Filatov, un ailier gauche qui ne jouera pas plus de 53 matchs dans la LNH. Quelques rangs plus loin, soit au 11e échelon, les Blackhawks de Chicago choisissent Kyle Beach. Ce dernier ne disputera aucun match chez les grands. L’année suivante, lors du repêchage qui a eu lieu au Québec, tous les joueurs du top 16 ont sauté sur la glace pour un minimum de 200 parties, à l’exception d’un. Repêché 8e au total par l’organisation du Texas, l’attaquant Scott Glennie n’enfilera qu’une seule et unique fois un chandail d’une équipe de la LNH pour un match de saison régulière.

Bref, tout ça pour dire que le repêchage est loin d’être une science exacte. Malgré tous les tests, les statistiques et les ressources à la disposition des différentes organisations, il est pratiquement impossible de prédire avec exactitude ce qu’un jeune joueur de 17-18 ans deviendra d’ici une dizaine d’années. Et on va se le dire, c’est ce qui fait la beauté de cet événement.

Le 21 juin prochain, parmi les organisations qui monteront sur la scène du Rogers Arena, certaines sélectionneront des joueurs qui n’auront malheureusement pas l’impact attendu. Le hockey est une game. Oui, il y a le talent et le travail. Par contre, il y a une tonne d’éléments qui peuvent entrer en ligne de compte et influencer le développement d’un joueur. C’est pour cela que je n’aime pas vraiment qualifier un joueur de flop. Qu’on l’aime ou non, qu’on croit qu’il sera bon ou pas, il reste que le gars sera tout de même parvenu à se faire repêcher dans la ligue avec le niveau de jeu le plus élevé de la planète. Le pourcentage de gens qui peuvent se vanter de cela est quasi inexistant. Toi, celui qui se contente de critiquer, la seule chose que tu fais, c’est d’être assis sur ton divan à juger des p’tits gars.

Selon plusieurs experts, la cuvée d’espoirs de cette année s’annonce l’une des plus intéressantes depuis quelques années en terme de joueurs talentueux. Par contre, l’histoire veut que malheureusement certains ne perceront pas la LNH malgré tout. Parmi les jeunes classés en première ronde, j’ai l’impression que l’un d’eux pourrait bien être l’attaquant des Mooseheads d’Halifax, Raphaël Lavoie.

Voyez l’entrevue qu’il a accordé à John Moore lors du dernier droit de la saison dans la LHJMQ ainsi que les commentaires de son entraîneur-chef Éric Veilleux.

Né le 25 septembre 2000 à Chambly, Raphaël Lavoie est présentement pressenti comme étant le meilleur espoir disponible provenant de la LHJMQ. Cette saison, il a récolté 32 buts et 41 mentions d’assistance pour un grand total de 73 points lors de la saison régulière. En séries éliminatoires, Lavoie a poursuivi sur sa lancée en inscrivant 32 points en 23 rencontres. L’an dernier, au championnat du monde des moins de 18 ans, le Québécois a mené la formation canadienne avec 5 buts en 4 joutes.

Il possède un imposant gabarit de 6’4 et fait osciller la balance à pratiquement 200 livres. Et ce gabarit, il sait s’en servir! On parle d’un joueur qui est très impliqué physiquement. De plus, il a une bonne tête de hockey. Lorsqu’il le veut, Raphaël est en mesure de réussir ses jeux dans les zones les plus restreintes. Dans certaines situations, il est capable d’exploiter sa vision du jeu pour alimenter ses coéquipiers. Les habiletés offensives de Lavoie sont indéniables ; il faut lui donner ce qu’il a.

Mais…Parce qu’il y a toujours un mais – l’éthique de travail du jeune attaquant n’est pas du tout assez développée pour qu’il puisse évoluer avec succès chez les professionnels dans l’immédiat. Également, il s’agit d’un joueur inconstant. Défensivement, ce n’est pas non plus facile pour le joueur des Mooseheads. Il semble peu déterminé à accomplir sa mission défensive et traîne parfois de la patte en repli. Cela joue évidemment contre lui. Ce n’est pas pour rien qu’il est maintenant classé 20e chez les patineurs nord-américains alors qu’il était au 13e échelon à la mi-saison. Sans oublier son coup de patin qui n’est pas du tout fameux à mes yeux malgré ce que disent certains experts.

Contrairement à d’autres, moi, ce n’est pas le « spin négatif autour de lui » qui me bogue. Il faut regarder le joueur lui-même, pas seulement ce que les autres pensent. Moi, ce qui me dérange, c’est justement son coup de patin, son éthique de travail et son attitude. Offensivement, je lui accorde, il est exceptionnel. Il sait comment mettre la rondelle dans le filet, cela ne fait aucun doute.

Cependant, dans une ligue rapide comme la Ligue nationale d’aujourd’hui, j’ai peur qu’il ne soit pas assez rapide pour utiliser ses atouts offensifs correctement. Un coup de patin est quelque chose d’assez difficile à améliorer, surtout avec un gros gabarit. Je vois assez difficilement comment il pourrait s’adapter à la LNH présentement. C’est dommage, mais je crois que sa vitesse et son éthique de travail lui coûtera sa carrière parmi les meilleurs. ATTENTION ! Je ne dis pas qu’il ne jouera jamais dans la ligue, simplement qu’il ne sera pas celui que tout le monde croît. Même si je n’aime pas ce terme, peut-on qualifier Lavoie de « flop » ? Il est certainement encore trop tôt pour affirmer cela, mais c’est la direction qu’il semble prendre actuellement.

Dernièrement, je vois beaucoup d’articles et de commentaires de partisans qui aimeraient que Marc Bergevin mette la main sur l’attaquant originaire de Chambly. Par contre, Lavoie est un piège. Tout comme l’a été Louis Leblanc en 2009. J’espère sincèrement que les Canadiens ne tomberont pas dans le panneau. Pourquoi prendre encore un risque alors qu’il y aura encore des joueurs tout aussi intéressants de disponible lorsque viendra le temps pour Marc Bergevin et son équipe de parler ?

En conclusion, je ne crois pas vraiment au potentiel énorme dont tout le monde parle. Sincèrement, je sais que je risque de me faire fortement critiquer pour mes propos sur ce jeune espoir, en majeure partie parce qu’il est Québécois. Peut-être que je me trompe, je l’espère. Alors, la meilleure solution pour l’instant est de laisser au temps le temps de faire son temps en attendant attendons en visionnant quelques moments forts de sa saison et espérons que notre p’tit gars du Québec ne « flop » pas.

https://youtu.be/n4dGcSe1ZHs

 

 


Crédit image entête, DeWith Photography

Félix Gosselin
 

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