Poile, 3 ans plus tard…

Faisant figure de divinité au panthéon des détracteurs du Canadien, David Poile a bénéficié d’une immense dévotion après avoir échangé son capitaine en retour de PK Subban. 3 ans plus tard, Subban est déjà reparti. Mais cet article n’a pas pour vocation de traiter ce sujet. Zut, c’est un peu raté…

Je désire plutôt prendre un peu de temps pour aborder le reste du travail du DG des Preds. Certes, on le sait, il a profité de la bêtise de McPhee pour commettre un vol et obtenir l’excellent Filip Forsberg. Acquérir un talentueux marqueur de 30 buts pour à peu près rien, personne ne pourra lui enlever ça. Mais c’est aussi le DG qui a perdu Ryan Sutter pour absolument rien sur le marché des joueurs autonomes en 2012. Mais bon, laissons le passé derrière nous…

Plus récemment, Poile semble avoir conclu un autre bon coup en parvenant à soutirer Mikael Granlund au Wild. N’eut été de ses difficultés à s’adapter à sa nouvelle équipe, Granlund aurait possiblement terminé l’année avec une troisième campagne consécutive de 60+ points. À seulement 27 ans, il a encore le temps d’atteindre le plateau des 70 points pour la première fois de sa carrière. Dans les bonnes circonstances, le Finlandais devrait également être en mesure d’inscrire de 20 à 25 buts. Bien sûr, il y a toujours le spectre de voir Kevin Fiala, un joueur plus talentueux qu’on le croit, exploser au Minnesota. Mais, pour l’heure, ça ne semble pas près de se concrétiser. Le nouveau joueur du Wild ayant lui-même éprouvé moult difficultés à s’adapter à son nouvel environnement…

Bref, loin de moi l’idée d’avancer que David Poile n’est pas un bon DG, mais j’ai toujours cru que sa réputation était un brin exagérée. Bon, il n’est pas demeuré en poste aussi longtemps sans avoir fait preuve d’un minimum d’efficacité. Après des années couci-couça, ne pouvant plus se cacher derrière l’excuse d’une jeune équipe (expansion en 1998), Poile a effectué un gros virage et décidé de passer à l’action.

Outre le congédiement du légendaire Barry Trotz, remplacé par le non moins excellent Peter Laviolette, Poile a fait parler de lui en procédant à l’acquisition d’un vrai premier centre en Ryan Johansen. Du moins, c’est ce qu’on croyait. Pour ma part, loin de dénigrer le joueur, je trouve qu’il s’agit plutôt d’un 2e centre deluxe. À mon humble avis, Seth Jones est voué à une plus grande carrière. Mais bon, il faut donner pour recevoir…

Cela dit, Poile a également consenti un contrat de 8M par saison à Johansen. Pour être juste, il faut dire qu’il n’avait pas vraiment le choix. Par contre, ça reste un peu cher pour un centre qui produit, grosso-modo, des saisons de 60 points. Je reconnais néanmoins qu’il a des bonnes chances de reproduire au moins une autre campagne de 70 points au cours des prochaines années. D’autant plus qu’il est encore jeune, lui qui aura 27 ans le 31 juillet.

Tout de même, après avoir transigé Subban pour des clopinettes, Poile nous a plus ou moins dévoilé son jeu. De toute évidence, les rumeurs témoignant de son fort intérêt pour Matt Duchene semblent fondées. Auquel cas, on pourrait avoir tendance à croire qu’il reconnait que son tandem Johansen-Turris ne suffit pas.

Forcément, l’un d’entre eux devra quitter, si d’aventure Duchene devait débarquer à Nashville. Parce que le tandem en question compte pour 14M sur la masse salariale. Il n’y aura pas de place pour ces trois-là. Surtout pas au salaire que Duchene commandera. Parlant de ça, Nick Bonino devrait également être disponible, lui qui empochera 4.1M pour encore deux autres saisons… Cependant, rien n’est fait. Si ça se trouve, les Predators vont se tourner vers une ou plusieurs autres cibles, et j’aurai écrit tout ceci pour absolument rien. Sauf qu’il qu’il manquera encore quelque chose à sa ligne de centre. Ce sera encore plus vrai, si Turris ne parvient pas à rebondir après une campagne fort décevante…

Mais ce n’est pas tout. Poussé par l’extraordinaire parcours de son équipe au printemps 2017, Poile a choisi d’y aller all-in au cours de chacune des deux dernières campagnes. Ceci, malheureusement, dans des transactions qui n’ont rien rapporté, si ce n’est que de le priver de plusieurs éléments à l’encan 2018.

Dans l’ensemble, ça ne devrait pas laisser de traces. C’est ok, il ne pouvait pas se contenter de regarder passer la parade. Et puis, un peu comme ce fut le cas pour les pertes de Jones et Girard, les Preds misent encore sur suffisamment d’éléments pour dominer encore un bon bout de temps. Et c’est vrai, c’est assez rare de voir Poile se planter de la sorte. Il y a bien eu la fameuse année où il a voulu profiter du retour de Radu pour jouer le tout pour le tout, surpayant pour Paul Gaustad, et misant sur des joueurs marginaux comme Kostitsyn et le vieux Hall Gill. Mais ça aussi, ça appartient au passé.

À toutes fins utiles, il est assez logique de croire qu’ils feront à nouveau figure de prétendants le printemps prochain. Tout de même, au cours de la dernière année, l’équipe a semblé régresser. Elle n’a pas été en mesure de répéter ses exploits de la saison précédente, avec une chute de 17 points au classement, et s’est inclinée au premier tour… Ce n’est pas pour rien, après tout, si Poile semble déterminé à effectuer plusieurs changements. Certes, il y a un peu de Seattle derrière tout ça, mais ce n’est pas tout. Après 20 saisons à la tête des Preds, il sait pertinemment qu’il est temps de gagner.

C’est là, au cours des prochaines semaines, au cours des prochains jours, qu’on saura de quoi David Poile est réellement fait. Tandis qu’il fera face aux plus grosses décisions de sa carrière. Paniquera-t-il ? Parce que la participation de son équipe en Finale 2017 appartient elle-aussi déjà au passé. Détruira-t-il ce qu’il est parvenu à construire au bout de toutes ces années d’essais, succès et erreurs ? S’il devait accorder quelque chose comme 9, 10, ou même 11M à Matt Duchene, on pourra observer comment il se débrouille face à une situation à laquelle il n’avait jamais vraiment eu à faire face. Certes, il a longtemps composé avec une équipe à budget, mais il n’a encore jamais eu à payer pour larguer du lest. Il a déjà commencé en se voyant forcé de se départir de Subban pour des clopinettes. C’est face à cette dernière contrainte que plusieurs DG victorieux, jusqu’à plusieurs fois champions, se sont pétés les dents


En Prolongation
David Poile devra peut-être se tourner vers un plan B, advenant que le Canadien parvienne à séduire le clan Duchene :


Crédit image entête, YouTube

Tom L.D. MacAingeal
 

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