Montréal et ses gardiens #2, le nouveau mythe

Après le rappel de Charlie Lindgren, peu de temps après la dernière contre-performance d’Antti Niemi, Claude Julien a déclaré qu’il s’agissait tout simplement de pouvoir compter en tout temps sur 2 gardiens pour les entraînements afin que Carey Price puisse bénéficier d’un peu de repos.



Même si ça n’a pas été confirmé, on se doute que Lindgren s’est également amené dans l’optique de servir de solution de rechange pour relever Price en cas de besoin. Personnellement, il me semble assez clair qu’on ne peut plus se permettre le luxe de faire confiance à Niemi. Déjà, si on veut que Carey Price se repose durant certains entraînements, c’est qu’on envisage de lui offrir chaque départ d’ici la fin du calendrier régulier. Il en va du sort de l’équipe…

Toutefois, avec ces événements est venu un nouveau lot de critiques à l’endroit de Marc Bergevin. Évidemment… Certains intervenants ont en effet affirmé que le DG sous-estimait le rôle d’un gardien numéro 2 dans les succès d’une équipe.

Si tout comme vous j’ai très hâte de voir l’équipe miser sur un bon substitut, je ne suis pas prêt à lancer des pierres à Bergevin. En effet, s’il a indéniablement échoué dans cette tâche, ses nombreuses tentatives de trouver une solution tendent à prouver qu’il est pleinement conscient du problème. En 7 saisons à la tête de l’équipe, l’architecte du Tricolore a effectivement commis beaucoup d’essais et d’erreurs.

Au printemps 2014, lorsqu’il est devenu évident que Peter Budaj ne pourrait pas tenir la ligne, on n’a pas hésité à confier le filet à Dustin Tokarski, alors une recrue qui comptait seulement 7 matchs d’expérience dans la Ligue nationale. Suite aux succès de ce dernier, on lui a offert le poste de #2 pour la campagne subséquente. En 17 apparitions devant le filet durant cette saison-là, Tokarski s’est plutôt bien débrouillé au niveau des statistiques (2.75 et .910), bien que ce fut moins concluant au chapitre des résultats (6-6-4). Malheureusement, dès l’année suivante, avec la blessure qui est venue mettre un terme à la saison de Price, il est rapidement apparu que les performances de Tokarski relevaient du simple feu de paille.

Pour sa part, après avoir connu un certain succès dans la Ligue américaine, Mike Condon, mis sous contrat en mai 2013, a fait ce qu’il a pu pour maintenir la tête de l’équipe hors de l’eau. L’ajout de Ben Scrivens avait quant à lui une double-utilité. D’abord, on désirait incessamment – c’est-à-dire, au plus cr*** – se départir de Zack Kassian, pour des raisons bien connues et documentées. Ensuite, Scrivens avait connu trois assez bonnes campagnes entre 2012 et 2014, avec les Leafs, les Kings et les Oilers. Par contre, il n’avait jamais joué plus de 21 matchs dans la LNH avant de connaître des ratés à sa première saison comme gardien numéro 1 à Edmonton. Mais bon, on cherchait tout simplement une solution temporaire pour venir partager le filet avec Condon. Les deux gardiens ont d’ailleurs terminé le calendrier régulier avec des statistiques très semblables.

Puis, précisément parce qu’il était conscient du manque de profondeur à cette position, Marc Bergevin a mis le grappin sur le jeune Charlie Lindgren. Partie intégrante de l’entente, le nouveau-venu a obtenu un match dans la grande ligue avant le baisser du rideau. Le moins qu’on puisse dire, c’est que Lindgren a su épater la galerie durant cette courte audition, et déjà, il passait devant Condon dans la hiérarchie des gardiens.

Au cours de l’été, autre preuve que le DG avait bien connaissance de cette lacune, Bergevin a mis sous contrat le vétéran Al Montoya. Cet ancien choix de 1ere ronde, 6e au total, disposait alors d’une intéressante feuille de route. Jamais capable de s’établir en tant que #1, Montoya cumulait cependant quelques belles campagnes en tant que second gardien. À sa première saison à Montréal, il a bien fait (2.67 et .912), tandis que Lindgren bénéficiait de 2 nouveaux matchs pour nous impressionner. Il n’y avait alors pas de raisons de s’inquiéter pour la saison suivante, tandis qu’on pouvait miser sur un bon trio de gardiens en Carey Price, Al Montoya et Charlie Lindgren.



Les choses étant ce qu’elles sont, il faut parfois composer avec plusieurs impondérables. Personne n’aurait pu prédire que Carey Price allait éprouver sa large part d’ennuis. En plus de devoir effectuer quelques passages à l’infirmerie, la confiance du célèbre cerbère semblait être sérieusement entamée. Lui-même blessé (commotion), Montoya n’a pas été en mesure de reprendre la relève, surtout qu’il n’était alors plus l’ombre de lui-même après 4 matchs (3.77 et .863). Quant à Charlie Lindgren, après un bon départ, il a rapidement flanché en terminant plusieurs matchs avec des contre-performances de 4 buts ou plus. Ce qui a considérablement contribué à plomber – c’est-à-dire, chi** – ses statistiques. En clair, Lindgren a manqué de constance…  Lexique; En vert c’est bien, en rouge ce n’est pas bien : 

Saison 2017-18, NHL.com

Malgré une campagne difficile dans la Ligue américaine cette année, je n’ai pas encore perdu foi en Lindgren. Il a joué une bonne partie du calendrier en souffrant d’une blessure à la cheville, avant de devoir déclarer forfait en raison d’une blessure à la hanche.

Bref, avec les problèmes de Price et Montoya, Marc Bergevin a saisi l’occasion d’ajouter un gardien gratuitement, alors que le vétéran Antti Niemi était disponible au ballottage. À ce moment-là, peut-être qu’on espérait effectivement que Stéphane Waite serait en mesure de corriger les immenses lacunes de son ancien poulain, mais je crois qu’il s’agissait surtout de remplir un chandail sur le banc.

Toujours est-il que Niemi avait une autre idée en tête… Le temps de 19 matchs, l’ancien des Hawks, des Sharks et des Stars puis (très, très) très brièvement des Penguins et des Panthers est venu conclure la saison avec des statistiques dignes d’un gardien numéro 1. Évidemment, on se doutait qu’il ne pourrait pas maintenir de tels chiffres, mais il semblait à son aise dans le marché montréalais. Et pour être honnête, je fus le premier surpris par ses performances.

Après tout, les chiffres qu’il a obtenu l’année dernière représentaient carrément ses meilleures statistiques individuelles en carrière, et ce, alors qu’il était âgé de 34 ans. C’est rarement un bon signe… Certes, l’échantillon était mince, mais on n’avait alors pas l’intention de le faire jouer plus de 15 à 20 matchs. Et c’est précisément ce qui s’est produit. Malheureusement, aussitôt revenu à ses anciennes habitudes, le vétéran a participé à 17 rencontres cette saison. En regard des circonstances, il devrait cette fois-ci terminer le calendrier régulier avec ses pires chiffres en carrières. Cela dit, bien que n’ayant jamais été son plus grand fan, je suis forcé d’admettre que la décision de lui accorder une prolongation de contrat d’un an était tout à fait justifiable à ce moment-là.

Il ne faut pas se leurrer… les bonnes options ne sont pas légion. Par exemple, je ne suis pas si sûr que Keith Kinkaid se serait voulu la meilleure solution. Bien qu’il se soit très bien débrouillé au cours des 4 dernières campagnes, c’était excessivement difficile pour lui cette saison. Si j’avais à faire un Top-10 des meilleurs gardiens numéro 2 de l’heure, j’irais (à peu près) comme suit, si tant est qu’on puisse réellement tous les qualifier de la sorte :

Halak
Saros
Greiss
DeSmith
Brossoit
Campbell
Khudobin
Elliott
Miller
Reimer

Le truc, c’est que la plupart d’entre-eux n’étaient pas disponibles cette année. Par exemple, il aurait été très surprenant de voir les Penguins (DeSmith), les Jets (Brossoit), les Preds (Saros) ou les Kings (Campbell) accepter de s’en départir en pleine saison. Peut-être que les Ducks auraient pu envisager de laisser partir Miller, mais il n’aurait certainement pas été à donner. J’aurais bien aimé voir Elliott débarquer, mais il n’était vraisemblablement pas disponible. En ce qui concerne Reimer, je ne crois pas qu’il aurait bien cadré à Montréal, avec la pression qui accompagne ce marché. Enfin, même en admettant qu’on aurait pu signer Khudobin durant l’été… pourquoi faire, alors qu’on avait déjà Niemi dans notre cours ? Bon, l’idée de rapatrier Halak ne manquait certainement pas de charme, mais ce qui est fait est fait.



Et puis, si on veut être honnête, il faut reconnaître que le Canadien doit maintenant composer avec une contrainte supplémentaire. Tandis que son gardien numéro 1 encaisse en moyenne 10.5M par campagne, il est certain que Montréal ne peut pas vraiment se permettre d’aller se chercher un gardien numéro 2 qui commanderait un certain salaire. Par exemple, si le nouveau portier empochait 3.5 ou 4.5M par saison, les gardiens accapareraient, à eux seuls, entre 14 et 15M de la masse salariale. Remarque, ce n’est pas comme si l’espace manquait sous le plafond !

Dans le même ordre d’idée, on ne se le cachera pas, si on désire que Price garde le filet pendant environ 65 matchs, 4M pour garder les 17 matchs restants, ça commence à faire cher la livre le match ! Par contre, il est certain que de pouvoir miser sur une option de qualité serait un atout intéressant en cas de nouvelle blessure…

Une chose est sûre, Marc Bergevin est tout à fait conscient du problème, et cherche sans aucun doute activement une solution. Que ce soit à l’interne, par voie de transaction, ou encore sur le marché des joueurs autonomes, le DG continuera de travailler d’arrache-pied pour enfin dénicher la réponse à ses prières. Malheureusement, il ne s’agit pas de frotter la lampe et espérer qu’un Will Smith tout en bleu en sorte. Enfin, tâchons de ne pas oublier que le métier de gardien numéro 2 est très difficile. Il n’est certainement pas aisé de demeurer alerte et en pleine possession de ses moyens après deux semaines ou plus à sécher sur le bout du banc…


Le mot de la fin 
Avec les sélections de Fucale, Hawkey, McNiven, et surtout, Primeau, on peut voir que le Canadien tente de trouver de la relève à cette position depuis un certain temps déjà. Et c’est une bonne chose, puisque bien souvent les bons gardiens peuvent venir de l’interne. Je pense, entre autres, à Saros qui prendra la place de Rinne, et à Murray qui a pris celle de Fleury.


Ailleurs dans la LNH 
Si, ça, ce n’est pas le reflet de la beauté du bon esprit sportif, je ne sais pas ce que c’est :

Et Ovi est exactement le même genre d’homme. Un peu plus tôt cette saison, il n’a pas hésité à féliciter Price après que ce dernier l’eut privé d’un but certain. De la grande classe… chez des grands joueurs et des grands hommes.




Crédit image entête, Martin Chevalier via JournaldeQuébec.com

Tom L.D. MacAingeal
 

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