Habstérix et la difficulté d’attirer les joueurs autonomes à Montréal

Benjamin Franklin a dit un jour qu’il y avait deux certitudes dans la vie: la mort et les impôts. Mais si vous posez la question a quiconque a déjà été DG des Canadiens de Montréal, il vous répondra qu’il y en a une troisième: plusieurs joueurs de la LNH ne veulent rien savoir de venir jouer à Montréal.



Depuis qu’il a accepté ce job à l’été 2012, Marc Bergevin a eu à faire face à cette triste réalité à quelques occasions. Chaque été, des insiders de hockey réputés rapportent que Bergevin est dans la course pour signer un Joueur autonome sans restriction, puis il semble qu’ils signent tous ailleurs. Juste l’été dernier, le DG des Canadiens disposait d’une tonne de billets verts à allonger au UFA John Tavares , mais l’ancien capitaine des Islanders n’a même pas daigné venir à Montréal pour rencontrer l’équipe. Si ce n’est pas suffisant pour décourager n’importe quel DG, je ne sais pas ce que c’est. Mais en dépit de ces revers, Bergevin continue de tenter sa chance. Éventuellement, quelqu’un dira oui, n’est-ce pas ? Pas vrai ?

Encore une fois cet été, les insiders ont dit que Bergevin et les Canadiens était l’une des quatre équipes finalistes prises en considération par le centre hautement convoité Matt Duchene, et nous savons ce qui est arrivé: il a signé avec les Prédateurs de Nashville. Bergevin a dû recourir à signer Sebastian Aho via une offre hostile, un sujet qui a été abordé récemment avec Marc Denis sur RDS.

Mais pourquoi donc? Nous parlons de l’une des plus vieilles et plus décorées franchises de l’histoire. Il n’y a pas moins de 24 capitaines des Canadiens qui ont soulevé la Coupe Stanley au-dessus de leur tête au terme des séries. Pourtant, dans le sondage annuel effectué par l’AJLNH avec les joueurs, le Centre Bell figure toujours parmi les meilleurs en tant que lieu où les joueurs aiment jouer et pour la qualité de la glace. Eh bien, les amis, il semble y avoir plusieurs facteurs.


LES IMPÔTS

Voici ce qui est probablement l’un des plus gros facteurs: les impôts. Dans l’optique de compenser pour l’aspect d’imposition du contrat, l’équipe doit souvent offrir plus pour que les joueurs écoutent et il n’y a aucune garantie que ça ira plus loin. Pourtant, ils disposent tous du même plafond salarial, ce qui contribue à créer des conditions de jeu inégales.

Alexander Radulov a choisi l’argent.

Par exemple, Alexander Radulov s’est fait offrir exactement le même contrat par Bergevin et les Canadiens que celui offert par les Stars. Ceci, parce qu’ils espéraient alors que le controversé joueur Russe reconnaîtrait qu’ils lui avaient donné la chance de revenir dans la LNH l’année précédente… en vain. En se basant sur la calculatrice de Capfriendly.com, les Habs auraient dû verser à Radulov autour de 8 millions au lieu des 6.24 millions que Dallas lui paient, dans l’optique d’arriver au même montant. C’est pratiquement 2 millions que l’équipe n’aurait pas pu dépenser sur d’autres joueurs, et pourquoi? Juste pour compenser les impôts! Oui, il y a des façons pour les joueurs d’éviter certaines impositions, mais on peut dire la même chose de chaque autres villes de la LNH.

Jusqu’à ce que la LNH décide d’offrir une sorte d’égaliseur, ça ne changera pas. Selon certains experts et analystes, il s’agit d’un des facteurs majeurs qui expliquent pourquoi aucune équipe Canadienne n’a remporté la Coupe Stanley depuis les Habs en 1993.

LE CLIMAT

Combien de fois avons-nous entendu des joueurs de la Floride ou de la Californie dire combien ils aimaient pouvoir se rendre à la patinoire en short et en t-shirt, ou aller à la plage après un entraînement? Vous ne ferez certainement pas ça à Montréal durant la saison de hockey! Dans les faits, se déplacer à Montréal constitue déjà un défi à n’importe quelle saison, mais les hivers sont particulièrement difficiles. Des villes Canadiennes, même Vancouver est plus avantageuse que Montréal à cet égard.

FISHBOWL EFFECT

Bien qu’il y ait plusieurs médias dans toutes les villes Canadiennes, Montréal est réputée pour en avoir plus. Il y a souvent plus de représentants des médias à une simple pratique du Tricolore que dans beaucoup d’autres villes les soirs de match. Déjà que le simple nombre suffit à en effrayer certains, c’est la dramatisation et la négativité constantes de certains d’entre eux qui retient l’attention des joueurs. Les Réjean TremblayMichel Villeneuve et Brendan Kelly de ce monde forment la TMZ de Montréal, et les joueurs en prennent bonne note.

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Qui ne se souvient pas quand la femme de Carey Price, Angela, a été forcée de nier les rumeurs à propos de sa relation avec son mari et faire une sortie sur Instagram pour faire cesser ces stupides spéculations? Nous avons abordé d’autres exemples sur ce blog, ce qui nous a poussé à décrire certains d’entre eux comme étant Les MisérHABS… Ne pensez pas une seule seconde que, lorsque la femme d’un joueur fait une sortie publique comme Angela l’a fait, ça n’a pas d’effet sur les joueurs. C’est certain qu’il y en a. Ils iront ailleurs, s’ils n’ont pas à composer avec ces problèmes. Ou, au moins, ce sera un facteur important dans leur décision.

Puis, viennent les fans… auto-proclamés les plus avertis et les plus savants de la LNH, les partisans des Habs peuvent se montrer implacables. C’est le moins qu’on puisse dire. Par exemple, il suffit de regarder les critiques constantes que Bergevin reçoit de ceux qui n’acceptent toujours pas son audace d’avoir transigé P.K. Subban. Plusieurs d’entre eux ne sont même pas conscients que Shea Weber est un meilleur joueur, et certainement meilleur dans le vestiaire aussi. Les joueurs le remarque aussi, les amis. Ce n’est pas du savoir, c’est de l’entêtement, à la limite du harcèlement. Pour certains, c’est plus important d’essayer de se sauver la face que d’admettre qu’ils ont tort, un comportement terrible pour des personnes qui prétendent être fans de L’ÉQUIPE.

LA VIE PRIVÉE

À Montréal, il n’y a pour ainsi dire aucun endroit où les joueurs peuvent aller sans se faire reconnaître. En tant que fans, nous avons tendance à croire que ça vient avec l’endroit, mais si les joueurs peuvent trouver ça cool au début, ça ne prend pas longtemps avant qu’ils changent d’idée. Ils ne peuvent sortir leurs enfants nulle part, ils ne peuvent pas aller au restaurant, au cinéma ou à n’importe quelle autre activité “normale” sans avoir une foule qui s’amasse autour d’eux pour demander des autographes.

Qui ne se souvient pas quand, en Mai 2013, Bergevin a offert tout son soutien à un Carey Price en difficulté après l’élimination de l’équipe aux mains des Sénateurs d’Ottawa en première ronde? Le gardien des Canadiens a été cité disant qu’il ressentait toute la pression sur lui. Il a dit qu’il ne sortait même plus pour faire l’épicerie afin d’éviter de voir les gens critiquer ses performances, et que ça le faisait parfois sentir comme “hobbit dans son trou”. Ce à quoi le DG des Habs a répondu à la blague: “Peut-être que je peux faire son épicerie pour lui”.

LA LANGUE

Et nous y voici… un sujet toujours sensible, le problème linguistique à Montréal refait surface de temps à autres, et il s’agit de l’une de ces fois. Récurent mais délicat sujet, que ce soit pour le choix d’un entraîneur ou d’un Dg, le pseudo manque de joueurs de la LHJMQ sélectionnés par le Tricolore au repêchage, la langue du capitaine de l’équipe…  Qui parmi vous a déjà oublié le scandale provoqué par la nomination par intérim de Randy Cunneyworth, en remplacement de Jacques Martin, de retour en 2011?

Que nous soyons d’accord ou pas, des manifestations comme celle mentionnée ci-haut font le tour de la ligue et les joueurs, en tant que spectateurs, secouent la tête et ça contribue dans leur processus pour prendre une décision quant à savoir s’ils viendront jouer à Montréal où ailleurs une fois qu’ils atteindront l’autonomie.

Plusieurs d’entre eux ont une femme et des enfants et quand un joueur devient UFA, il consulte son épouse et veut faire ce qu’il y a de mieux pour sa famille. L’éducation des enfant est vraiment importante et avoir le choix de la meilleure école (en Anglais) est un facteur.  Certes, quelques-unes de leurs croyances sont erronées, mais pour eux, c’est légitime. Le problème est que, souvent, les joueurs ne prennent même pas le temps d’écouter Bergevin et son équipe, les privant ainsi d’une chance de pouvoir répondre à leurs préoccupations. C’est un fait, cette réalité existe,  sans regard du fait que NOUS pensions que c’est important ou pas, que c’est légitime ou non. Ça leur appartient et, ultimement, ce sont eux qui prennent la décision.


SOLUTION

Certains des facteurs susmentionnés sont plus proéminents que d’autres et comme nous le savons, certains sont de simples idées préconçues. Mais on ne peut nier qu’il faut un genre de caractère particulier pour venir jouer à Montréal. Si certains tendent à succomber à la pression, croulant rapidement à celle-ci dans l’uniforme des Canadiens, d’autres prospèrent sous cette même pression.

Il semblerait que le seul moyen pour le Canadien de convaincre les joueurs que Montréal n’est pas une si mauvaise place pour jouer au hockey tel que certains le croient, c’est en transigeant pour mettre la main sur eux et leur donner un avant-goût de la ville. Jeff Petry, après avoir été acquis à la date limite des transaction 2015, a signé une prolongation de contrat de six ans avec l’équipe et semble réellement apprécier jouer à Montréal. Peut-être que l’idée de payer un plus gros prix à la date limite des transactions pourrait être la solution? Je veux dire, regardez ce que Max Domi a à dire à propos des Habs, leurs fans et l’atmosphère qui découle du fait de jouer dans l’un des plus grands marchés de la LNH:

Ce qui m’amène à cette conclusion: la fameuse remarque “c’est le travail du DG de convaincre les joueurs autonomes de venir à Montréal”. Très peu de remarques ont été aussi farfelues. Il s’agit d’une vaine tentative de simplifier une situation pourtant très complexe. C’est surtout l’outil de ceux qui ont une dent contre le DG, et qui utiliseront tous les moyens à leur disposition pour le rabaisser, pour prouver leur point de vue. Ils ne se rendent vraisemblablement même pas compte à quel point ces déclarations sont ridicules. Mais nous savons qui ils sont, n’est ce pas?

Appréciez le camp des recrues, le tournoi de golf, le camp d’entraînement et les matchs de pré-saison, les amis,  alors que pour la première fois depuis longtemps les Canadiens et leurs partisans ont plusieurs raisons d’être excités. Go Habs Go!

 

Par Habsterix, The Instigator


En Prolongation
Pour faire suite à l’excellent papier de notre ami Habstérix, voici quelques informations qui tendent à démontrer que le taux d’imposition n’est pas le facteur déterminant dans la non-venue de certains joueurs à Montréal :

En finir avec les Impôts…

Par exemple, personne n’est jamais capable de nommer un seul joueur qui bénéficie ou a bénéficié d’une quelconque prime-impôt à Montréal…

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Crédit image entête, Habsterix.com



Invité Spécial
 

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