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Analyse des choix de 1ere ronde du Canadien, sous l’ère Bergevin

Alors que le rang de sélection du Canadien est connu depuis un bon moment déjà – à moins d’une transaction, d’ici-là -, et même avant, une réplique revient tout le temps (sous une panoplie de variantes, dont la plupart sont moins polies) :

De toute façon, le Canadien va encore sélectionner un chaudron.



D’entrée de jeu, citer n’importe quel exemple remontant à une période antérieure à celle de l’arrivée de Bergevin, est de mauvaise foi. Et ce, malgré le fait que Timmins était déjà en poste. Pour la simple raison que s’il était déjà en charge du recrutement, c’est tout de même le DG alors en poste qui prenait la décision finale. Ne l’oublions pas…

Alors, qu’en est-il réellement lorsqu’on observe le bulletin de recrutement du Canadien depuis, lors du premier tour des repêchages ? Pour cet exercice, nous allons uniquement nous attabler aux sélections de 1ere ronde, puisqu’une fois parvenu au 2e tour (et aux rondes subséquentes), chaque équipe a déjà – sauf transaction – effectué son choix… Conséquemment, il faut se montrer juste et préciser que X joueur – dont un que je nomme en exemple plus bas – qui aurait finalement été mieux avisé, aura vu chaque DG lever le nez sur lui au moins une fois. Bien sûr, on pourrait toujours arguer qu’un haut choix de 2e ronde est l’équivalent d’une sélection de fin de 1er tour, mais l’inverse est également vrai… et il faut tracer des limites. C’est-à-dire les 30 – maintenant 31, bientôt 32 – premiers choix.

D’abord, à son arrivée en poste, en 2012, Marc Bergevin – de son propre aveux, puisqu’il avait Morgan Rielly à l’œil – se plie à l’avis de son chef du recrutement et sélectionne Alex Galchenyuk, avec le 3e choix au total. Alors considéré comme un joueur de centre, cette décision semblait indubitablement logique. Le Top5 de ce fameux repêchage fut complété comme suit :

1- Nail Yakupov
2- Ryan Murray
3- Alex Galchenyuk
4- Griffin Reinhart
5- Morgan Rielly

De ces joueurs qui formaient ce groupe convoité, outre Galchenyuk, seul Rielly s’est riellyment montré à la hauteur des attentes placées envers lui. Cependant, à ce moment-là, le Canadien misait sur un quatuor respectable à la ligne bleue avec Markov, Subban, Emelin et Gorges, alors qu’il manquait cruellement de talent à l’attaque. Pour cette raison, malgré d’autres arrières qui ont rendu de fiers services à leur équipe respective – on peut penser à Lindholm (6) et Dumba (7), ou encore Trouba (9) par exemple -, je pense que de se tourner vers un attaquant était le choix logique. Étant un centre de surcroît, le Canadien le voyait alors comme étant le meilleur joueur disponible, de toute façon. Et pour peu, il n’aurait pas tout à fait eu tort… en effet, il a fallut sortir du Top10 – quand même – pour voir le seul attaquant de cette cuvée à ultérieurement parvenir à surpasser Galchenyuk, lorsque les Caps ont arrêté leur choix sur Filip Forsberg au 11e échelon. Actuellement, en excluant les séries éliminatoires, les deux ailiers – parce que c’est à l’aile qu’on utilise le numéro 27 – affichent exactement le même nombre de points, soit 255. Pour Forsberg, toutefois, il a eu besoin de 87 matchs de moins pour atteindre cette marque. Considérant que l’expérience Galchenyuk au centre ne s’est pas révélée concluante pour le Tricolore – malgré une campagne de 30 buts -, je pense que si le repêchage était à refaire, Marc Bergevin sélectionnerait Filip Forsberg. Cela dit, probablement qu’il ne serait pas disponible, puisque si c’était à refaire, les Oilers ne failleraient probablement alors pas for Nail

Dans les circonstances, compte tenu des éléments mentionnés plus haut, je pense que le Canadien a fait bon usage de son haut choix de première ronde. M-à-j : Transigé aux Coyotes, Galchenyuk aura au moins permis d’amener Max Domi à Montréal :

Max Domi n’est pas un plombier… Loin s’en faut !

L’année suivante, en 2013, malgré une sortie hâtive en séries, après une campagne écourtée par un lock-out, le Tricolore a parlé pour la première fois au 25e échelon, arrêtant son choix sur le gros Michael McCarron. Qualifié depuis toujours comme étant un projet, il faut bien admettre que McCarron déçoit. Si, au moment de sa sélection, il y avait quelque chose d’intéressant à l’idée de mettre la main sur un gros centre droitier d’environ 6’06 et fessant osciller la balance autour de 230lb, force est de constater qu’il n’utilise pas beaucoup son physique. Son manque flagrant de vitesse lui nuit également, puisqu’il est à peu près toujours en retard sur le jeu. En 69 parties dans le show, jusqu’à maintenant, l’américain n’a obtenu que 8 points, dont seulement 2 buts, tout en cumulant un différentiel de -15. Si McCarron appréciait beaucoup la trempe d’un joueur comme Milan Lucic, il risque plus de finir par ressembler à un Tom Wilson… et encore !

Évidemment, on ne va pas reprocher à l’état-major de ne pas avoir sélectionné un joueur parti avant son tour… Cela dit, malgré le rang éloigné du Canadien, dès le choix suivant, un joueur intéressant fut sélectionné, alors que les Ducks utilisaient le 26e échelon pour repêcher l’arrière Shea Theodore. S’alignant actuellement avec les Knights, le gaucher a terminé la dernière campagne avec 29 points en seulement 61 matchs (un rythme de 39 points sur une saison complète) ! Bien sûr, c’est toujours plus facile à dire, après coup… Quand même, il faut également souligner que ce n’était pas la mer à boire, parmi les choix suivants : Dano (27e), Klimchuk (28e), Dickinson (29e) et Hartman (30e).

Mention spéciale à Valentin Zykov, qui a chuté jusqu’au début de la 2e ronde (37e au total), qui aurait pu être un beau pari au 25e rang. S’alignant actuellement avec les Canes, le russe a terminé la dernière campagne dans la AHL avec 54 points, dont un impressionnant total de 33 buts (!!) en 63 parties, avant de terminer la saison avec le gros club, avec qui il a cumulé 7 points (3 buts, différentiel de +4) en seulement 10 joutes… Cependant, tel que mentionné dans l’introduction de cet article, nous allons concentrer le présent exercice uniquement sur les joueurs choisis au premier tour. Toutefois, dans ce cas-ci, le Canadien possédait deux choix de 2e ronde, préférant sélectionner Jacob De la Rose (34e) et Zachary Fucale (36e)… En conséquence des points soulignés ci-haut, je pense que si le repêchage était à refaire, Bergevin sélectionnerait probablement Shea Théodore. En regard de la progression actuelle de McCarron – ou régression, plutôt -, nous sommes en droit de nous sentir déçu. La prochaine campagne sera peut-être celle qui sera la plus déterminante pour cet attaquant format géant.



En 2014, on s’avance sur l’estrade et on annonce la sélection, au 26e rang, du talentueux russe Nikita Scherbak. Une chose est sûre, ce n’est pas le talent qui manquait chez les choix tardifs de ce repêchage… En plus de David Pastrnak qui a quitté un seul rang avant (f********, insérez le mot débutant par « f » de votre choix), les Islanders ont appelé Josh Ho-Sang au 28e échelon. Après le russe, il y avait également Nikolay Goldobin (27e) et Adrian Kempe (29e) d’intéressants. John Quenneville a fermé la marche, en étant réclamé au 30e et dernier rang par les Devils. Au cours de la dernière saison, on a pu observer ce qui semble être un changement d’attitude (oui, oui) chez cette lointaine sélection du Tricolore. Auparavant, en effet, l’ailier n’était pas exactement reconnu pour son éthique de travail… Frileux jusqu’à tout récemment, alors qu’il avait le réflexe de se débarrasser de la rondelle aussitôt qu’il entendait un coup de patin se rapprocher de lui, on le sent plus calme, plus en confiance. Bien sûr, on ne devrait jamais en venir à le confondre avec un Gallagher pour son ardeur, mais il semble avoir eu une réelle prise de conscience. Si ses 6 points en 26 matchs dans la LNH cette saison ne seront pas inscrits dans les anales, il n’en demeure pas moins que nous avons eu droit à quelques beaux flashs. Dont ce joli filet, où il a su faire preuve d’une belle patience :

https://www.youtube.com/watch?v=6KKeYWN-cIw

Envers nos jeunes espoirs talentueux, c’est un peu ce dont nous devons apprendre à faire preuve nous-mêmes : un peu de patience. Je vous rassure, une fois qu’ils ont passé leurs 30 ans, ce n’est plus le temps de faire preuve de patience…

Dans le cas de Scherbak, je m’attends à ce qu’il débute l’année à Montréal – sauf échange, bien sûr, comme toujours… -, et qu’il bénéficie d’un rôle propice à le laisser se faire valoir. Un peu comme lorsque nous avons pu le voir patrouiller le flanc droit du trio complété par Galchenyuk et Drouin. Avec le club-école, on a même pu voir de façon nettement plus tangible le changement qui s’opérait en lui; après des productions de 0,48 et 0.62 point par match, à ses deux premières campagnes, il a en effet maintenu un rythme impressionnant de 1.15 PpM lors des 26 joutes auxquelles il a pris part avec le Rocket cette saison. Suite à ceci, mon constat est le suivant : il s’agit apparemment d’une bonne sélection… On en saura plus au terme de la prochaine campagne. S’il parvient à se tenir à l’écart des blessures, il pourrait réellement prendre son envol.

Après avoir ajouté 3 attaquants en autant d’occasions en 1ere ronde, le Canadien décide alors de mettre la main sur un arrière, à l’encan 2015, en arrêtant leur choix sur Noah Juulsen. Après avoir complété son parcours junior avec les Silvertips dans la WHL, ce défenseur droitier a enfin fait le saut chez les pros, cette année. Sous l’égide de Sylvain Lefebvre, et au sein d’un groupe qui n’allait nulle part, Juulsen a cumulé 6 points (1 but), accompagné d’un différentiel de -9, en 31 rencontres. Au-delà des chiffres, il impressionnait par son calme et sa prise de décision qui faisait rarement défaut… en plus d’être en mesure de distribuer de percutantes mises en échec. Promu à Montréal, malgré des moments plus difficiles (chose à peu près normale, pour une recrue qui fait le saut dans la meilleure ligue au monde...), il a complété une paire fiable dans sa zone, avec le vieux Karl Alzner, terminant sa saison avec 3 points et un différentiel de +1 en 23 parties, tout en écopant seulement de deux pénalités mineures… toujours au sein d’un groupe qui n’allait nulle part…


Si Juulsen ne sera jamais d’abord reconnu pour ses aptitudes offensives, il aura tout de même clôturé son premier (court) passage dans la LNH avec 33 tirs. En ce qui concerne Alzner, malgré un début de saison très difficile, et peu importe ce qu’on dira de lui, il s’est bien repris et a terminé la 2e moitié de la saison, récoltant son seul filet et 7 de ses 12 points, avec un différentiel de +3, en 41 parties. Considérant la situation alors très difficile du Canadien, c’est loin d’être mauvais. Évidemment, s’il a fait beaucoup mieux défensivement que ce qu’on laisse entendre, Alzner n’est pas vraiment équipé pour relancer l’attaque…  C’est pour cette raison que son bon ami John Carlson doit venir le rejoindre cet été, hehe. Pour en revenir à Juulsen, appelé au 26e rang, il constitue à mon avis un bon choix, bien qu’on ait pu voir les Islanders réclamer Anthony Beauvillier, 2 rangs plus tard. S’il est encore tôt pour savoir le genre de carrière que connaîtra Juulsen – jusqu’à ce qu’on l’échange… je blague… ou peut-être pas, allez savoir -, il a su se démarquer et profiter de sa courte audience pour démontrer qu’il méritait sa chance pour la saison à venir.

Ensuite, après une année de misère, et une première exclusion des séries sous l’ère Bergevin, le Canadien bénéficie de son 2e choix Top10, depuis l’arrivée en poste de l’actuel DG. Avec le 9e choix au total, l’état-major du Tricolore sélectionne le gros Mikhail Sergachev. La présentation de Micha n’étant plus à faire, et bien qu’il y ait eu plusieurs noms intéressants à sortir après (on pourrait penser à Jost (10) ou encore  Chychrun (16), sans oublier l’excellent Charlie McAvoy (14), je pense qu’on sera à peu près tous d’accord pour dire qu’il s’agissait de la bonne décision. En tout cas, à ce moment-là, et pour l’instant encore. Je qualifierais donc cette 1ere ronde de succès, pour l’organisation montréalaise… sans Sergachev, point de Drouin (3e au total, 2013, Tampa Bay). Bien que Drouin ne soit pas une sélection du Canadien, je suis absolument convaincu qu’on n’a encore rien vu de ce que peut apporter toute l’étendue de son talent. Avant longtemps, il nous fera lever de notre siège – ou divan -, tandis que Sergachev bénéficiera d’année en année d’un rôle accru avec sa nouvelle équipe. En conséquence, je pense que la décision de choisir Sergachev était la bonne.


Enfin, lors du dernier repêchage, le Canadien bénéficiant du 25e droit de parole au total, Marc Bergevin et son équipe mettent la main sur le centre Ryan Poehling. Pendant que certains sites se moquaient des goûts musicaux de ce dernier, d’autres s’affichaient ouvertement – raisonnablement – enthousiaste face à cette sélection. Les rapports entourant l’évolution de ce jeune joueur étant pratiquement tous de bon augure pour la suite de son développement. Comme de fait, à sa deuxième année à l’Université d’État de Saint Cloud, toujours le plus jeune de sa formation (18 ans, avant le 3 janvier 2018), Poehling a doublé sa production de buts (14 contre 7) et pratiquement triplé son total de points (31 contre 13), tout en voyant son différentiel passer de -8 à +4. Ce qui lui a valut le 4e rang des pointeurs chez son équipe, derrière Robby Jackson (42 points, 20 ans, jamais repêché), Mikey Eyssimont (39 points, 20 ans, 5e ronde 2015 des Kings) et le populaire arrière de 22 ans, Jimmy Schuldt (38 points, jamais repêché, joueur autonome actuellement très convoité…). Dans l’ensemble, le futur de Poehling semble très prometteur, bien qu’il ne faille probablement pas s’attendre à le voir piloter une première ligne un jour. Trois autres joueurs de centre ont entendu leurs noms être prononcés après Poehling, il s’agit de Morgan Frost (27e), Shane Bowers (28e) et de Klim Kostin (31e).

À mon avis, considérant qu’on parle de sélections tardives, il s’agit de 4 bons paris pour un jour percer la Ligue nationale. On arguera, de toute façon, que le plus talentueux de tous ces choix disponibles en fin de première ronde demeure sans conteste l’ailier Eeli Tovlvanen (30). Assurément, mais il n’aura quand même pas chuté jusqu’au 30e rang sans raison… Bien que s’alignant actuellement avec les Predators, il n’a toujours pas disputé la moindre joute éliminatoire, après une courte audition de 3 parties, au cours desquelles il a maintenu des zéros partout, à la fin du calendrier régulier. Cela dit, comme tous les autres noms mentionnés plus haut, il est encore jeune… il est nettement trop tôt pour juger mais, pour l’instant, la sélection de Poehling semble être un choix qui se défend.

Maintenant, alors que l’encan 2018 approche et que le Canadien a profité de la loterie pour grimper d’un rang, après une 2e saison de misère en 3 ans – mais également une 2e seulement en 5 ans -,  il parlera au 3e rang au total, et aura l’occasion d’ajouter une pièce de talent… vraisemblablement Filip Zadina (ou Andrei Svechnikov, s’il est toujours disponible) . Bien sûr, on pourrait être surpris de plusieurs façons : le Tricolore pourrait ajouter un choix de premier tour – et non, Bergevin ne s’est pas fait mettre de la pression par « un ancien recruteur de la LNH » (Alain Chainey) -, descendre ou même monter… ou encore, il pourrait sortir du champ gauche et arrêter son choix sur l’arrière qu’il jugerait apte à venir aider l’équipe maintenant (pour l’échanger la saison suivante… même blague que tantôt, ou pas…). Mais, quoi qu’il en soit, suite à ma présente évaluation de tous ces choix sélectionnés en 1ere ronde jusqu’à maintenant, j’ai totalement confiance en ce que sera sa décision. Disons que le bulletin de repêchage – encore une fois, je précise que l’exercice s’attarde uniquement au premier tour -, du Tricolore s’est nettement amélioré depuis l’arrivée en poste du controversé DG. N’oublions surtout pas que, hormis pour les sélections de Galchenyuk et Sergachev, le Canadien ne parlait qu’aux 25e (2x) et 26e (2x) rangs, jusqu’à maintenant… Une fois parvenu aussi bas dans le fond de la 1ere ronde, il n’y a pas toujours un David Pastrnak de disponible et, quand ça arrive, les Bruins s’assurent de ne pas le laisser filer.



En Prolongation
On peut déjà ajouter Jesperi Kotkaniemi, la plus récente sélection de 1er tour du Canadien, à la liste des choix qui pourraient s’avérer judicieux ! En tout cas, elle s’explique facilement :

Pourquoi pleurer Zadina, quand on a Kotkaniemi ?




Crédit image entête, Lastwordonhockey.com


Tom L.D. MacAingeal
 

Stéphan - 9 mai 2018

Superbe texte ,chose est sûr beaucoup de mouvements peut survenir d ici au moment que le Ch ne se rendre sur l estrade.

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